Historique général de la fauconnerie :
Les origines de la fauconnerie sont inconnues mais tout le monde s'accorde sur le fait que de la fauconneriecelle-ci est probablement l'un des plus anciens modes de chasse encore pratiqués de nos jours.
Nous sommes donc réduits aux hypothèses pour répondre à ces deux questions : sachant que les rapaces n'ont jamais été domestiqués, OÚ et COMMENT un homme a-t-il eu pour la première fois l'idée de s'associer à un rapace pour se nourrir d'un gibier sauvage ? L'homme qui ne se contentait plus de la cueillette devint très vite chasseur et il abandonnait aux rapaces les proies blessées qui lui avaient échappé : l'oiseau s'habituait à suivre le chasseur pour tirer avantage de ses efforts.
Réciproquement l'homme poursuivait parfois le
faucon qui charriait péniblement une proie trop grosse : l'idée naquit alors chez le chasseur de normaliser à son profit une association de fait. Il piégea alors un
faucon, attendit qu'il ait faim, le nourrit, attendit qu'il ait faim à nouveau et le lâcha sur la proie. La fauconnerie était née.
En ce qui concerne l’Europe et l’Asie, beaucoup d’auteurs pensent que c’est en Asie centrale qu’il faut chercher, dans ces contrées désertiques où les oiseaux de proie pullulent.
Les Kirghizes des hauts plateaux, nomades et chasseurs, ont eu de tout temps sous les yeux une concentration exceptionnelle et naturelle de rapaces utilisables (gerfauts, sacres, laniers, pèlerins et aigles). Si l'on ajoute que c'est dans cette région que les paléontologues situent la première domestication du cheval, il y a fort à parier que le berceau de la fauconnerie est là, entre l'Altaï, la mer d'Aral, les fleuves Oural et Yyrtich. Ce sont les grandes invasions qui ont véhiculé la fauconnerie, d'une part vers l'est en direction de la Chine et du Japon, d'autre part vers l'ouest en direction de l'Europe de l'Est, et les pays arabes et persans, enfin vers l’ouest dans tout le Mahgreb, l’Espagne et la France.
Dès le XIII°siècle avant J.C. les HITTITES pratiquent la chasse au vol. Les Assyriens nous ont également laissé des signes magnifiques de cette pratique par les peuples mésopotamiens
Au début de l'ère chrétienne, la fauconnerie parvient en Europe, par le Nord et par le Sud.
C'est au III° ou IV° siècle après J.C. que l'on y retrouve des signes irréfutables, telle cette boucle de ceinturon gallo-romaine trouvée dans l'Aveyron, représentant un fauconnier à cheval tenant un oiseau de vol sur le poing. Mérovée, chef franc monté sur le trône en 448 aurait dit "faisons venir nos chevaux, nos chiens et nos oiseaux et allons chasser dans la campagne". La fauconnerie est alors partout un privilège royal et seigneurial. Au Nord de l'Europe, le roi Gondrechaud édicte en 501 la loi dite "Gambette" : elle prévoit notamment que celui qui s'aviserait de dérober un autour aurait le choix entre deux punitions : soit se laisser prendre six onces de chair sur la poitrine pour nourrir l'oiseau, soit payer au seigneur propriétaire six écus et deux sols d'amende. Pépin le Bref en 760 décide d'encadrer la fauconnerie et nomme le Duc GILBERT Fauconnier-Mestre.
Les saints patrons de la fauconnerie datent de ces époques. Leurs légitimités ne sont pas incontestables, mais on notera Saint BAVON en France, Saint JULIEN en Espagne, Saint TRYPHON en Russie. Le grand Charlemagne entreprend de réglementer la chasse au vol…. qu'il interdit purement et simplement aux clercs et aux serfs. En ce qui concerne les clercs, différents conciles avaient déjà au VI° siècle déconseillé la fauconnerie aux prêtres et évêques!
Les conciles du XII° siècle rappelleront cette interdiction… qui aura un effet tout relatif. Cela n'empêchera pas en effet Denis Evêque de Senlis de publier un traité de fauconnerie, le Pape Léon X de passer plus de temps à la chasse au vol qu'à s'occuper des affaires de l'église.
Encore en 1640, le Curé d'Essy officiait à la cathédrale d'Evreux "chaussé, botté et éperonné, son
faucon posé sur le maître -autel".
En 818, une loi ordonne de laisser au chevalier défait en champ clos "son épée pour se défendre et son
faucon, tant pour chasser que comme emblème de sa noblesse".
Au XI° siècle, la tapisserie de Bayeux que tisse patiemment Mathilde de Flandres regorge de représentations de fauconnerie. Guillaume le Conquérant,
faucon au poing, reçoit Harold . Sur les bateaux, des chevaliers avec des faucons : on juge là de l'importance extrême de la fauconnerie à cette époque.
Au temps des croisades, les princes européens découvrent une civilisation inconnue, et avec elle, une pratique ancestrale de la fauconnerie : ils en rapporteront notamment le chaperon, "bonnet" de cuir destiné à couvrir la tête de l'oiseau pour qu'il reste calme.
Louis IX, le saint Roi de France fit, en 1248, exécuter son portrait
faucon au poing. Sous le règne de Charles V commence la rédaction du célèbre Livre du Roy Modus et de la Reine Ratio qui inclut de nombreuses pages sur la fauconnerie.
Charles VI décrète que désormais seuls les nobles auraient droit de pratiquer la fauconnerie : ce qui laisse à penser qu'il y avait eu un certain relâchement de la réglementation. Il crée en 1406 la charge de Grand Fauconnier de France, l'une des trois charges les plus prestigieuses de la cour : tous les rois jusqu'à la révolution eurent leur grand fauconnier, lequel, même en campagne, ne quittait pas la proximité immédiate des tentes royales. Plus encore, en temps de guerre, certaines conventions entre souverains prévoyaient de se transmettre l'état des fauconniers de chaque camp, pour qu'ils puissent voler leurs oiseaux au-delà des lignes ennemies, au moyen d'un laisser-passer "à une lieue des grandes gardes de l'armée".
Philippe le Bon, passionné lui aussi, avait un Maître fauconnier qui régnait sur vingt-quatre fauconniers, douze aide-fauconniers, vingt-quatre valets de fauconnerie, douze aide-valets et six tendeurs d'oiseaux… soit soixante dix-huit personnes pour s'occuper, sans doute, de plusieurs centaines d’oiseaux de vol.
Louis XI fut un fauconnier enthousiaste. Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, épousa Maximilien d'Autriche, très grand fauconnier : Marie se passionna pour cette chasse. Elle mourut d'une chute de cheval au cours d'une chasse au vol.
François Ier entretenait équipage de vol avec cinquante gentilshommes, cinquante fauconniers et trois cents oiseaux de chasse.
Sully disait à propos d'Henri IV : "Sa majesté se levait de grand matin pour voler des perdreaux, qu'il ne trouvait jamais si bons que quand ils étaient pris à l'oiseau."
C'est sous Louis XIII que la fauconnerie connut son apogée en France : sous l'autorité du Grand Fauconnier de France étaient tenus six équipages de vol, chacun étant spécialisé sur une proie (milan, lièvre, perdrix, corneille…). Le futur Roi, âgé de six ou sept ans, chassait les moineaux dans le parc des Tuileries avec une pie-grièche qu'avait dressée pour lui Charles de Luynes : devenu Roi, Louis XIII le fit connétable et Duc de Luynes. Toute sa vie il demeura un passionné et entretint nombre d'oiseaux, en particulier des petits faucons émerillons qu'il emmenait partout avec lui.
Fuyant la cour qu'il n'aimait pas, il retrouvait sur le terrain des chasseurs passionnés : l'un d'entre eux au moins est resté célèbre : il s'agit de Charles d'Arcussia de Caprée, vicomte d'Esparron de Pallières, auteur d'un traité de Fauconnerie qui fait aujourd'hui encore référence.
Louis XIV fut plus veneur que fauconnier. Il continua d'entretenir la fauconnerie à grand train, mais en réduisant progressivement le nombre de fauconniers et d'oiseaux. Louis XV, son arrière petit-fils, fut également plus veneur que fauconnier. Il maintiendra la fauconnerie royale, mais supprimera petit à petit beaucoup de charges dans le personnel de la Grande Fauconnerie de France : ce sera le début du déclin. Louis XVI se passionnera pour les escopettes et autres mousquets et pour la chasse à tir. L'avènement des armes de chasse est certainement l'une des raisons du déclin de la fauconnerie. De plus, les occupations à la cour de Versailles s'orientent beaucoup plus vers les fêtes galantes, le théâtre et la musique que vers la poursuite du gibier par monts et par vaux.
Le 4 mai 1789, Monsieur de Vaudreuil, dernier grand fauconnier de France, défile en grand arroi, et pour la dernière fois, à Versailles. Un décret de la Convention en 1792 supprime toutes les charges royales de fauconnerie, puis interdit purement et simplement la chasse au vol.
Mais dans des provinces, loin de Paris, des passionnés, notamment en Flandres, évitent à la fauconnerie de tomber dans l'oubli. C’est de Flandres, et particulièrement d’un petit village nommé Arendonk, que du X° au XVIII° siècle viendront les oiseaux destinés aux cours européennes.
Ni Louis XVIII ni Charles X ne s'intéressèrent à la fauconnerie, alors qu'en Belgique apparaissait le CLUB DE LOO, sous la protection de Guillaume III, roi des Pays-Bas. Ce club perdura jusqu'en 1853.
La France redécouvre la fauconnerie lors de la conquête de l'Algérie, où, par exemple, le Dey d'Alger a son fauconnier en chef. Monsieur Amédée PICHOT, avec l'appui de Napoléon III et l'aide du fauconnier anglais John
Barr, fonde le Club de Fauconnerie de Champagne. Entre les deux guerres se recréent en France une douzaine d'équipages de haut et bas vol.
in :
http://www.culture.gouv.fr/mpe/ethno_sp ... nnerie.pdfavec une biblio incluant des ouvrages sur la fauconnerie au moyen-âge
sur le sujet cf aussi pour de l'icinographie le topic sur la chasse au moyen age :
viewtopic.php?f=15&t=8359