CERF ET SANGLIER AU MOYEN-ÂGE.DU DISCOURS LA PRATIQUE
de Corinne Beck, Isabelle Rodet-Belarbi et Marie-Christine Marinval
in La chasse. Pratiques sociales et symboliques, Colloques de la Maison René-Ginouvès, Nanterre, 9, 10 et 11 juin 2005
Collection dirigée par Pierre Rouillard 2006, p 235-243
Résumé
En croisant les regards disciplinaires, en confrontant les deux grandes séries de sources que sont les trai-tés de chasse, composés pour la plupart entre le
XIIe et le XIVe siècle, et les corpus faunistiques issus de sites d’habitat, plus particulièrement seigneuriaux, il s’est agi de rendre compte des similitudes et des disparités que ces sources livrent du traitement du corps des deux principaux gibiers médiévaux (cerf et sanglier).
Mots-clés : textes, archéozoologie, Moyen-Âge, cerf, sanglier, partage du corps.
Au cours du Moyen-Âge, en Europe occidentale, la pratique cynégétique est toujours plus réservée aux seuls représentants de la classe aristocratique et devient un monopole nobiliaire à partir du s. Il ne s’agit pas de revenir sur le débat relatif à l’importance de l’activité de chasse comme pourvoyeuse de viande, en raison de l’apparente divergence entre les sources mises en œuvre : données de l’écrit et données archéologiques. Les premières montrent souvent la chasse, activité par excellence du monde aristocrati-que, comme une source importante de viande. À l’inverse, les secondes indiquent le petit nombre de restes de gibier retrouvés sur les sites d’habitat, en particulier seigneuriaux, amenant alors à minimiser l’apport alimentaire des produits de la chasse. Aujourd’hui, l’on s’accorde à considérer que, bien qu’omniprésente, ce ne fut guère une activité nourricière et, à la fin du Moyen-Âge, sur les tables princières du moins, la tendance générale est à une forte diminution de la venaison au profit, semble-t-il, d’une augmentation de la présence des oiseaux. C’est que la viande de gibier a une autre fonction bien plus importante que sa valeur alimentaire, c’est d’abord un excellent marqueur social : non seulement par les espèces chassées mais aussi par les morceaux distribués et consommés.
Les médiévistes se sont peu intéressés au traitement du corps de l’animal sauvage. Les sources, écrites comme archéozoologiques, existent pourtant mais dispersées, ponctuelles ou encore peu explicites.Reprenant la question dans le cadre d’un programme de recherche sur la consommation carnée, nous avons cherché, tout d’abord, à revenir à une réflexion méthodologique. L’état de la documentation impose d’inscrire cette analyse dans une démarche où les « regards et donc les lectures se croisent ». Dans cette optique, s’interroger sur la fiabilité des sources mises en œuvre, en somme procéder à la fois à leur critique interne et pluridisciplinaire, est une première étape indispensable. Comment en effet conjuguer des sources qui, bien qu’émanant des mêmes sociétés humaines, ne sont pas de même essence : les unes sont le produit de discours, les secondes, des vestiges matériels.En confrontant les deux grandes séries de sources, quelques réponses ou débuts de réponse se dessinent, d’ores et déjà, concernant le traitement de la carcasse des deux principaux gibiers, le cerf et le sanglier, et du partage de leurs morceaux.
et aussi dans le même ouvrage
Holy and Exalted Prey. Hunters and Deer in High Medieval Seigneurial Culture
de Aleksander Pluskowski p 245-255
https://www.academia.edu/4559365/La_cha ... book_2007_