Les tours des Cigognes ou Ribeauvillé (Haut-Rhin) face à la menace bourguignonne (vers 1475)
de Maxime Werlé, Maurice Seiller et Willy Tegel
in RAE Tome 62 | 2013? p. 367-383
résumé
L’étude archéologique des deux tours des Cigognes à Ribeauvillé a été conçue comme une opportunité d’accroître nos connaissances sur l’une des dernières campagnes de renforcement du système défensif médiéval de cette ville et de résoudre la question de sa datation. L’analyse des murs, des planchers et de la charpente d’une des deux tours a ainsi permis de mieux appréhender ses caractéristiques architecturales (plan et structure, matériaux et techniques de construction) et son mode de fonctionnement initial (accès, distribution verticale, usage des espaces et des postes de tir). Par ailleurs, les INDICES de datation fournis par l’expertise dendrochronologique des bois d’œuvre suggèrent que le contexte historique régional de la construction des tours est celui de la guerre de Bourgogne (automne 1474-janvier 1477). Les données archéologiques et chronologiques ouvrent in fine la voie à une réflexion sur l’usage défensif et sur la valeur militaire des tours, par une restitution du plan de tir de l’ouvrage et par un essai d’identification des armes à feu correspondant aux types de meurtrières mises en œuvre.
l’emploi d’armes à feu portatives ou semi-portatives, épaulées ou emmanchées, et éventuellement dotées de crocs. Les poutres engagées dans les ébrasements, à proximité des ouvertures de tir, pouvaient dès lors fournir un appui et amortir le recul d’une arme à feu munie d’un croc. Les armes s’accordant avec ces caractéristiques pourraient être celles qui étaient appelées, à la fin du XVe et au début du XVIe s., des Handbüchsen et des Hakenbüchsen.
Si l’on se réfère à l’inventaire illustré de l’arsenal de l’empereur Maxmilien Ier, établi vers 1500, les Handbüchsen (arquebuses ?), apparentées à des petites couleuvrines dites « à main », sont des armes individuelles portatives, épaulées, pourvues ou non d’un croc de recul
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Les Hakenbüchsen (hacquebutes ou arquebuses à croc ?), apparentées à des couleuvrines moyennes, de calibre plus important que les précédentes, nécessitaient un support complémentaire, susceptible d’être fourni par la poutre d’appui, qui pouvait également amortir le recul de l’arme par le biais d’un croc.
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Ces Hakenbüchsen étaient manipulées par deux personnes, l’une procédant à la visée, l’autre à la mise à feu. Ces armes, de petit et de moyen calibre, se chargeaient par la gueule et tiraient des balles de plomb.
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