Atelier de peintre fin XVème- XVI ème, XVIIème, c'est un peu plus "dans mes cordes" (façon de parler)... vu que je suis une très grande fan des primitifs flamands...
Bilan, je ne peux parler de ce que je sais vaguement...
Bien entendu, un maître était tout à fait capable de préparer ses mélanges.
La famille Van Eyck en est un bel exemple avec leurs recherches en peinture à l'huile, la mise au point, tenue un certain temps "secrète" et jalousement gardée, de ce mélange qui a connu une très belle carrière!
Un "grand maître", qui déborde de commande et doit se consacrer au maximum à la "seule création", va prendre des apprentis qui préparent.. le support sur lequel on peint (préparation des panneaux de bois + enduit, ou toile: enduit...), mais aussi les mélanges. le patron n'a pluka saisir crayon et pinceaux.
Au passage, l'apprenti, outre la préparation des supports et des pigments, apprend (aussi) à tenir pinceaux et crayon...
Plus tardif, on a Rubens.. dont on sait qu'il avait une floppée d'apprentis. Rubens traçait le tableau, torchait le principal et laissait le reste "aux petites mains" (qui se faisaient du coup la main au passage).
Faut dire (aussi) que Rubens ne faisait pas QUE peindre et était également ambassadeur + autres bidules que c'est à se demander quand il peignait vraiment...
Certains apprentis de Rubens ont fini par percer et mener leur carrière personnelle.
Breughel: là, c'est une affaire de famille...qui n'exclut pas les apprentis, mais chaque fiston et petit-fiston ont eu leur carrière.. quitte à faire, comme d'autres, des "copies" de tableau du Pépé...
Là, c'est comme les enluminures: il existait un "original".. et il arrivait que une personne souhaite "la même chose" => copie (des fois avec quelques interprétations personnelles du copiste).
Dans certains cas, il n'y a que la copie (ou une des) qui est arrivée jusque à nous...
On a le cas aussi pour les enluminures!
=> Peut-on penser que, dans certains cas, les pigments puissent être une "rémunération en nature" de l'apprenti?
Possible!
Dans tous les cas, et cela entre dans la notion "apprentissage", il faut bien que l'apprenti aie un minimum de matière première pour s'exercer.. et, à terme, devenir à son tour "maître". (ou "copiste" ou peintre moins prestigieux mais ayant quand même une certaine clientèle...).
On peut être doué en dessin, si, à l'époque, on est pas fichu de préparer son support et ses pigments, on ne va pas loin! Idem pour les autres "détails techniques"!
Bosch: d'après ce que j'ai lu, il faisait "cavalier seul"...ou un domestique quelconque était préposé à faire ses mélanges préparatoires.
Là, j'avoue avoir plus dégusté et léché ses peintures que piocher tous les détails de sa vie.
N'empêche, il a eu des "disciples".... (certaines oeuvres de Breughel ont été fort inspirées de Bosch, il y a eu des disciples qui ont mené leur carrière...)
Enluminures:
- en monastère....avec sans doute une répartition du travail...les "doués" qui enluminent avec talent et originalité, les "photocopieuses humaines", et ceux qui préparent, assez minutieux pour respecter et faire les mélanges corrects et, pour certains, qui ont les qualités pour passer aux stades supérieurs. Vu le temps et la minutie que réclame un travail d'enlumineur, autant refiler les tâches de préparation à une main d'oeuvre moins "qualifiée" pour tenir plumes et pinceaux
- très possible que les enlumineurs "profanes" aient fonctionné sur le même système. (exemple les frères de Limbourg).