AUTOPSIE D’UN ARC BOURGUIGNON
Je possède plusieurs arcs anciens (qu’on peut dater des environs du XVIIe siècle) dont l’un est « Bourguignon ». Ces arcs m’avaient été donnés par un collectionneur, habitant à Ouroux-sur-Saône, en Saône et Loire (en Bourgogne du sud.).
L’arc bourguignon est en if, de type deflex reflex. Il est en très mauvais état. Le bois (bien que traité) est piqué des vers et l’arc, au cours des années, a perdu ses deux cornettes (coches en corne de chevreuil).
Il mesure aujourd’hui sans ses cornettes 1745 mm. De cornette à cornette, cet arc devait mesurer, par le passé : 1795mm à 1800mm.
Sur ce forum, certains ont affirmé que l’arc bourguignon n’a jamais existé. Que cet arc était beaucoup plus petit (1,60m) que l’arc droit et qu’on avait donné une contre courbure à cet arc pour satisfaire un besoin esthétique.
« Je ne pense pas que sur un grand arc le reflex soit un avantage mecanique mais plutot estetique ».
« je pense plus à de l'intox, ou à quelques cas isolés comme ce fut le cas en Angleterre vers le XIIème siècle. »
Les nombreuses études des armes du Moyen Âges (des collections du Musée Denon, à Chalon-sur-Saône) nous ont appris qu’il n’y avait rien d’innocent dans la forme d’une arme. La forme correspond à la réponse que les hommes ont donné à l’arme pour satisfaire une fonction et une performance.
Pour avoir aujourd’hui une réponse crédible, à notre questionnement, qui soit la plus proche de la réalité historique. Seuls des essais de tir avec un arc bourguignon pourrait nous donner les éléments de comparaison avec l’arc droit, que nous connaissons bien.
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Fabriquer un arc bourguignon passe déjà par l’étude complète de la pièce historique pour en connaître son dimensionnement précis et ses caractéristiques.
On peut donner à cette étude le nom « d’autopsie d’un arc bourguignon » ou même « d’analyse technique de constatation d’un arc bourguignon ». Je vous en laisse le choix.
La pièce historique :
Sur toute la longueur de l’arc, l’aubier (de l’if de bourgogne) a une épaisseur comprise entre 10 et 13 mm. Par comparaison avec des ifs abattus dans le château de Ruffey, on peut penser que cet arc a été débité dans une pièce de bois d’environ 20 cm de diamètre.
Le bout des branches de l’arc est terminé par un tourillon qui était collé dans une cornette faisant office de coche.
La lecture des branches indique que l’aubier est réparti à mi-épaisseur du bois (moitié aubier et moitié cœur) mais la forme de la section en « D » indique que la section d’aubier est bien supérieure à la section cœur.
La poignée de cet arc est constituée par un enroulement de fil de lin de 1mm d’épaisseur lui-même recouvert par un cuir collé, dont la plaque se raccorde bout à bout, sans couture, sur la face extérieure de l’arc.
La liaison aubier/cœur suit l’axe latéral des branches. La forme deflex reflex a probablement été obtenue par un cintrage des branches à la vapeur d’eau.
Pour pouvoir par la suite faire une copie de cet arc, nous avons relevé avec précision les sections de l’arc.
Comme les dimensions ne sont pas symétriquement les mêmes sur les deux branches, vous trouverez une cote mini associé à une cote maxi.
Il est à préciser que la section en « D » des branches se transforme en « O » entre 7 et 8.
N’étant pas nous même : facteur d’arcs, nous laissons les spécialistes évaluer la puissance que pouvait développer cet arc.