05 Avr 2008, 23:56
Je n'ai pas votre regard et vos mots, senhors de Bardenac et Aznar, mais je m'éveille aussi ces jours, bien que je ne voulusse pas certainement. Et je ne parle pas de cette triste occasion, puisque ma voix devient faible, mes mots pâles, un bourdonnement de mouches remplit mes oreilles et l'âme me se brise, mais encore le coeur me fait bouillir quand je rappelle de si beaux et inutiles faits d'armes.
Combien de orgueilleux, combien de vaniteux, combien de vaillants! Mais combien de négligents nous sommes été!! Nous l'avons eu à la main, il suffisait seulement la fermer et tout aurait fini. Le renard était dans la trappe, seul il fallait la fermer, mais nous avons voulu être lions, le roi don Pierre, le premier entre tous, don Michel de Luesia, l´alferez du royaume, après lui et tous nous autres, derrière.
J´ai conservé, bien vifs encore, les souvenirs ingrats de celui-là. La rosée en se séchant au soleil tiède sur les prés, tandis que le ciel commençait à être plombé sur le matin. J'ai vu avancer à la bataille de Foix et la désorganisation joyeuse de la nôtre. Vous, don Aznar, si calmé comme dans Las Navas, en soutenant la bride d´un autre chevalier. Tout de suite j'ai su que c'était don Pierre avec les armes et les signaux d'un chevalier de votre propre maison.
Mon destrier a donné des forts coups de casque au sol avec nerf, et puis s´est tourné, avec un mauvais augure, vers le côté de mon écu, les noires corneilles. Tandis qui je lui bridait à nouveau, je vous ai perdus d'une vue à vous et au roi. Dans n'importe quel cas, je n'espérait pas que ce jour nous arrivions à lutter. La seule présence de l'Aragon et de Toulouse ferait que le renard fuyait en traînant la queue par les marais de la rivière.
Presque en même temps que j'ai entendu le croassement d'une corneille —la même que vous avez dit, don Aznar— un sergent de Foix est arrivé au galop tendí:
— Ad armas, senhors, ad armas!! Qu'En Simos de Montfort s'en fugi par le semtier de la ribeira! —et il nous a criés, en se levant sur les étriers, tandis qu'il marquait un nuage de poussière dans la direction de la ville de Muret.
J'ai fermé mon ventaille, ai assuré mon heaume, ai passé au bras fortement l'écu et ai pris la lance avec l'intention d'arriver, mais l'occitan se trompait, tous nous trompons ce jour. Simon ne fuyait pas, Simón s'abattait, se cernait sur nous, derrière ses deux premières batailles.
Sans l'attendre nous avons vu comme tout notre avant-garde nous revenait dessus, remués des amis et des ennemis, embrouillés, en tranchant et en incisant. Nous essayons de résister, mais c'était une vraie avalanche que même le plus dense de notre formation a pénétrée. Un blanc croisé est revenu dessus moi comme une rapace dans pleine chasse, la lance passée au bras vers ma tête. Avec mon cheval arrêté, j'ai pu faire peu sauf lever l'écu et dévier le coup sur mon épaule. Un griffon sanglant a passé à mon côté comme une exhalation de furie. La lance ne servait pas ainsi, j'ai dégainé et ai réparti à droite et à gauche, en sachant que je surement allait tomber, mais le croisé n´est pas tournée. Et tandis que je combattais ceux qui suivaient au griffon français, le bruit était énorme, immense. Ni les invocations au Dieu étaient entendues, ni les cris, ni la rage. Seulement les coups s'écoutaient. Il était comme si Dieu aurait décidé de tailler, tout à coup, tous les bois du monde!
Seulement la furie me nourrissait sur la chaise, mais les corneilles de mon écu avaient volé, mon heaume s'écroulait dans la boue sous les casques de mon bon cheval et mon perpunt était ouvert par le côté. Blessé, sanglant, exténué, j'ai cherché avec le regard le roi et à Vous, mon bon Aznar. Je vous ai vu débout sur votre cheval moribond, en protégeant le chevalier que, avec beaucoup d'autres -Alagón, Luesia, Lune et des autres–, votre ecú couvrie. J'ai voulu arriver lá, mais je n'ai pas pu. En Dalmau de Creixell, le bon chevalier catalan, a croisé devant nous en criant :
- En Pere es caigut! El rei d´Aragó es mort!
Instinctivement mon groupe l'a suivi jusqu'à la rive du fleuve tandis que mon destrier lançait une écume sanguinolente par la bouche et je défaillais.
Au fin, nous nous sommes réunis sous les bocages et avons essayé de défendre, avec les peu de forces qui nous enlevaient, le pas, la fuite terrible, de nos pietons et de nos chevaliers. Là nous avons vu les nôtres faire des prouesses de valeur, mais aussi vraie, des lâchetés. Cependant, au milieu du lit, un vaillant et ses hommes ont protégé avec le mur de leurs boucliers et la fermeté de leurs volontés, le croisement de plusieurs, en allant beaucoup plus loin de ce qui Notre Monsieur le Dieu jamais ne pourrait pas exiger de chevalier aucun.
Admiré, j'ai demandé qui etait si brave chevalier à un pieton toulousanne:
— Le bon sire de Bardenac est! —il m'a dit
— Si un homme de Paratge dans le monde il y a, cela est! —je me suis dit à moi même.
Alors, comme un orage froid d'hiver, nous est revenu dessus, la bataille du propre Simon. Vorágine de coups, d'épées, d'écus et de cris, ici est eté. Je ne rappelle rien de plus sauf mon visage sous l'eau et le goût de la vase dans la bouche. Je ne sais même pas comme j'ai survécu, je n´ai voulu pas que personne ne me le comptât.
Par tout cela,j´aurais préféré oublier ce jour et, au contraire, j´aurais désiré revenir avec don Sancho, le comte du Roussillon, pour prener de la vengeance, mais don Jaime, notre nouveau et petit roi, avait besoin de l'aide de mon vieux bras dans un règne, maintenant, en brûlant par les ambitions des uns et les autres. Mais encore vous me l'avez rappelé et vous dois à donner les grâces, puisque j'ai pu reconnaître que, en étant un très triste échec, les champs de Muret sont encore pleins d'honneur et de paratge pour tous nous qui là avons été.
Pour tant, je vous rend, senhors, paratge à tous! Paratge!!! ..Et que vive la mémoire, en Bertrand!
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Excusez-vous les erreurs, s'il vous plaît, la langue française n'est pas facile pour moi!
--Message edité par Ximeno Cornel le 2008-04-06 10:38:44--