16 Oct 2008, 22:30
Ca y est Le Meneur,tour de recherche dans mes bouquins,je te livre le résultat...
Effectivement,Bouchard de MARLY est un "croisé" de la première heure.Même un des principaux "lieutenants" de Simon de MONTFORT.
Après le "sac" de BEZIERS et la prise de CARCASSONNE,le plus gros,pour ne pas dire la presque totalité,de l'armée croisée quitta le Sud pour rentrer chez elle...
Quarantaine terminée (les barons,seigneurs et leurs hosts se croisaient pour quarante jours),Simon se retrouva bien seul pour "tenir" un pays fraîchement conquis.
Bouchard fît partie de ceux qui restèrent...
Comme le dit justement Olivier de Termes,il fait partie des "fidèles" qui,jamais ne lacheront Simon.
En guise de reconnaissance,Simon lui donnera d'ailleurs le château de SAISSAC.
Les garnisons françaises,peu nombreuses en effectif,auront du mal à "tenir" le pays en cet automne 1209 où gronde la rebellion.
En Novembre 1209, Bouchard quitte SAISSAC avec Gaubert d'ESSIGNY
et une cinquantaine de croisés pour effectuer un "raid" du côté de CABARET...
Je laisse la place au récit du chroniqueur :
"Chemin faisant,la petite troupe tombe dans une embuscade tendue par les défenseurs de CABARET eux-mêmes.Commandés par Pierre MIR
et Pierre de Saint-Michel,les deux frères chevaliers de FANJEAUX,
une centaine de cavaliers et piétons soutenus par des archers attaquent par surprise la colonne française.Les croisés laissent sur le terrain de nombreux morts.Bouchard de Marly est fait prisonnier et ammené à CABARET.Gaubert d'ESSIGNY est tué dans ce combat " ...
Donc à partir de novembre 1209,Bouchard devient le prisonnier de
Pierre Roger de CABARET et le restera pendant 15 mois qu'il passera dans le château de CABARET.
Les 2 seigneurs de CABARET (Pierre-Roger et son frère Jourdain),guerriers fougueux et rusé,rompus à la pratique de la "guérilla" ne faisaient que rarement des prisonniers.Il est évident qu'il vîrent en Bouchard une "monnaie d'échange" en cas de "coup dur".
Tout les égards fûrent donc pris pour leur illustre prisonnier
Bouchard était un grand seigneur de "l'île de FRANCE" de la famille des MONTMORENCY.Aparenté d'ailleurs à celle des MONTFORT.
Si Jourdain n'aimait pas Bouchard,Pierre-Roger par contre pris le parti de se montrer "humain" envers lui.
Lui permettant de sortir,plusieurs heures par jour,sous surveillance,de la chambre dans laquelle il vivait enfermé.
Lui permettant aussi d'avoir avec sa mère une correspondance,sous contrôle.Lui donnant et recevant de ses nouvelles.
Ne manquant de rien,Bouchard pût ainsi vivre au beau milieu d'une "micro-société" occitane largement catharisante.Et ce pendant 15 mois...
Que se passa-t-il alors dans la tête de cet homme ???
Rien ne nous empêche de penser qu'il pût même assister à quelques prédications cathares.
Nous ne le saurons jamais.Et il est illusoire d'imaginer qu'il changeât profondément...
Cependant...
Le 22 juillet 1210 lors de la prise de MINERVE par Simon de MONTFORT (on connait les exactions dont il fût le commanditaite et l'auteur:BRAM,LAVAUR,etc,etc,etc) et où fûrent brûlé 140 cathares;Simon autorisa que la vie sauve soit accordée à trois femmes pourtant promises au bûcher.
Il accorda cette "grace" à la demande expresse de Mathilde de GARLANDE ,la mère de Bouchard de MARLY...
En février 1211,alors que seuls,les 4 châteaux de LASTOURS résistaient encore à MONTFORT dans tout le Carcasses;Pierre-Roger s'en vînt voir son prisonnier qu'il "visitait d'ailleurs souvent",discutant avec lui parfois de longues heures.
Je laisse à nouveau la parole au chroniqueur:
"Vous êtes un homme de grand caractère,dit Pierre-Roger au captif;vous ne ferez jamais chose qui ne soit à faire.Si je vous rend la liberté,je ne sais si cela me vaudra de la reconnaissance et des égards,mais j'en ferait l'épreuve.
-Je n'ai jamais commis ni machiné aucune trahison,dit Bouchard.
-Et bien,vous ne serez pas prisonnier plus longtemps;dès maintenant je vous livre et ma personne et mon château "
Bouchard fût libéré et c'est lui même qui négocia les termes de la réddition de CABARET,de toute sa garnison et des civils.
La bannière de MONTFORT fût hissée sur le donjon de CABARET qui depuis un an et demi n'avait cessé d'harceler les français et Simon(peu habitué à pardonner à ses ennemis)s'inclina devant les conditions de reddition demandées par Pierre-Roger et négociées par Bouchard...
Nul doute que les relations qu'avaient tissées les deux hommes permirent de telles conditions et Simon ne les discuta pas...
CABARET reste,dans l'histoire de la croisade,l'un des rares château pris par MONTFORT où le sang ne coula jamais.
Aucun soldat,aucun civil(on ne rechercha même pas si des "cathares" se cachaient parmis la faible population)ne fût inquiété.Tous eurent la vie sauve et la liberté...
Voila,tout simplement,ce que l'on peut en dire........
Si Pierre-Roger et Bouchard ne devînrent certainement jamais des "amis"...
Ils se pourrait quand même qu'ils parvînrent,au delà de leurs idées propres,de leurs différences,de leur incompréhension de l'autre.....A se rejoindre au moins pour ne pas se juger l'un/l'autre,se respecter,s'apprécier même et au bout du compte...............
Se comprendre.................................
Lorsqu'on ne juge pas quelqu'un
Qu'on le respecte
Qu'on l'apprécie
Et que même au bout du compte...On le comprend
On peut appeler ça................Comment ???????????
Un "ami" ???????????????
Sources :
L'épopée cathare de Michel ROQUEBERT
Citadelles du vertige de Michel ROQUEBERT et Christian SOULA
Histoire Générale du Languedoc de DOM VAISSETTE
La Canso de la croisade
--Message edité par Bertrand de Bardenac le 2008-10-16 23:41:51--