Giovanni del Rossiglione a dit :
Fanny je compte sur toi pour nous éclairer suite à tes recherches. Merci !!!
Oulà le poid des responsabilités qui me tombe d'un coup sur les épaules...
Alors plusieurs choses pour ce post qui s'annonce fleuve, je vous préviens d'avance...
1. De l'étude des documents sus nommés par Pascal Waringo (oh la belle phrase..)
Bon inutile de vous dire que je n'avais pas à disposition immédiate les documents pour en faire un étude exhausitive en deux jours... Mais coup de bol, j'ai chez moi l'ouvrage de Pierre du COLOMBIER, que j'avais consciencieusement photocopillé à la médiathèque de Metz il y a deux lors d'un séjour noelesque chez mes parents.
a.L'ouvrage, l'auteur
Histoire de savoir de quoi on parle, j'ai fait quelques recherches sur l'auteur.
Historien de l'art, il a publié de nombreux ouvrages généralistes sur le sujet. Au travers de son ouvrage "Le chantier des Cathédrales", il présente d'un façon assez exhaustive les tenants et aboutissants d'une construction à l'époque médiévale.
Je n'ai pas trouvé l'année de première publication de ce livre mais il en existait déjà une en 1953. C'est donc pas de toute première fraicheur mais il a été réédité en 2000.
De mon point de vue, l'ouvrage offre de bonnes références, et s'appuie sur des sources interressantes, et pas que les sempiternels "Statuts de Ratisbonne", qui sont tardifs (fin XV) et locals (Zone germanique), mais qui ont le mérite de définir précisément le fonctionnement d'une "loge" de tailleur de pierre, la formation, les obligations, etc.
b. L'enluminure
Avant de donner mon avis je vous la livre brute de commentaire et de légende. J'ai fait une photo de la photocopie que j'avais faite, car je ne l'ai pas trouvé en ligne. Donc noir et blanc, dslé.
http://picasaweb.google.fr/lh/photo/zJX-NyJZBScdzRNHO34tDg?feat=directlink
Comme vous pouvez le voir on voit une femme au milieu d'un chantier, vétue d'une houppelande, et faisanat un vague signe de main vers un ouvrier. Pas d'attribut.
Là, sotie de tous contexte, pour moi cette enluminure ne représente pas une femme travaillant sur un chantier (quelque soit son poste, même un maitre d'oeuvre (= architecte avec quelques nuances), qui générallement est figuré avec au moins un de ses attributs. On voit souvent sur les enluminures de construction en groupe d'homme richement vétu faisant la visite du chantier de construction. Le plus souvent il s'agit du maitre d'ouvrage (= commanditaire du chantier), accompagné parfois du maitre d'oeuvre avec ses attributs (ou pas). D'où grosse confusion pour savoir qui est qui, et qui fait quoi. Fin de la parenthèse)
Maintenant reportons nous à la légende:
"Construction de la Madeleine de Vézelay sous la direction de Berthe, Femme de Girart de Rousillon". Miniature de l'Histoire de Charles Martel et de ses successeurs (Bruxelle, bibliothèque royale, Ms 6, F°554 V°), 1448-1465
Vaste sujet que voilà..plusieurs questions s'offrent à moi:
Qui est ce Gérart de Roussillon? Maitre d'oeuvre? Maitre d'ouvrage?
Miniature du XV qui représente un événement beaucoup plus ancien (je m'éttendrais sur les questions de chronologie dans le paragraphe suivant), quid de la véracité de cette image?
Pour bien faire il aurait fallu consulter le manuscrit original de Bruxelle et voir dans le texte si la légende ou le texte auour de l'image correspond bien à celà. Bon ben Bruxelle c'est loin et montemps et mes finances ont leurs limittes.
c. Analyse (en toute modestie et selon mes capacités..)
Bon c'est le moment ou je replonge dans mes cours d'histoire de l'art, et d'histoire, pour essyer de déméler le schmilbik de cette enluminure.
Histoire de la construction de Sainte Marie Madeleine de Vézelay:
878: construction d'une première église carolingienne.
1096-1104: construction d'une nouvelle église. Maitre d'ouvrage: l'abbé Artaud.
1125-1130: sculptures du tympan du portail central.
1185: choeur et transept gothique
1347: tour occidentale gothique. dernier grand chantier.
Voilà pour les grandes étapes de construction. Nul mention d'un certain Girart de Roussillon
Recherche sur le net en quètes d'infos sur le sieur:
"En 858/859, Girart fonde l'abbaye de Vézelay. Il fait don de ce monastère au Saint-Siège. Cette donation est acceptée par le pape Nicolas Ier dès 863 et confirmée par Charles le Chauve en 868. En 882, il y sera instauré le culte de sainte Madeleine dont les reliques, après avoir été transférées de l'église de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume à l’Église Saint-Victor de Marseille, à la suite de troubles provoqués par les Sarrasins en Provence, seront amenées à Vézelay." source: Wikipédia
Donc a priori, ce cher Girart aurait été au mieux, le maitre d'ouvrage de cette construction, c'est à dire qu'il a commandité les travaux, à éventuellement donné son avis sur les grandes lignes de la construction (le style, la taille, ...), mais n'a pas été le maitre d'oeuvre, c'est à dire celui qui concoit les plans, les fait appliquer et gère tous les détails techniques de la construction. Il existe quelques cas de maitre d'ouvrage porté sur les questions d'architecture (ex: Suger, pour Saint Denis), mais le plus souvent c'est le maître d'oeuvre qui est chargé de ces aspects (en même temps il a reçu la formation pour).
En supposant que Madame Berthe ai repris le rôle de son mari dans la construction de Vezelay, ce n'est qu'un rôle de "surveillance" (et surement de financement) des travaux. Elle risuqe pas de mettre les mains dans le mortier et de tailler une pierre.
En regardant dans la partie "texte" de livre de COLOMBIER, j'ai trouvé dans le châpitre IV sur "L'architecte" une mention sur Girart. Je vous livre le texte brut:
"Au fond le bon conte Girart de Rousillon au XIIe siècle ne s'exprime pas autrement que n'eut fait Louis XIV au XVIIe, lorsqu'il dit à Guintrant, Badilon et Audicas:
Eu troverai l'avers e les compas
Et vos ferez mosters e tors e glas
ce que M. René Louis traduit: "Je fournirai l'argens et les plans, vous construirez les églises, les tours, les clochers". Certes Girart n'a pas la prétention de se poser en architecte."
Alors qu'est qu'on fait au XIIè siècle, est-ce le même Girart? Ca n'a pas vraimant d'importance, la question étant de connaitre le rôle de Girart sur le chantier (et par extansion celui de sa femme). La traduction pourrait laisser penser un éventuel rôle de maître d'oeuvre ("Je fournirais [..] et les plans"), ce que Colombier atténue par la phrase suivante ainsi qu'une note concernant la traduction:
"Cette traduction me parait préciser un peu trop le sens de compas, que je n'ai pas rencontré ailleurs dans le sens de plan. Je parlerais plutot vaguement de projet".
Bref, nul question de maitre d'oeuvre conc mais bien de maitre d'ouvrage, ce qui n'est pas pareil.
Conclusion: à la vue de ces données, pour moi cette enluminure ne représente pas une femme travaillant sur un chantier, mais bien la femme du maitre d'ouvrage faisant une visite du chantier en cours. Point de mortier ni de taille pour la dame (en même temps la houppellande pour bosser c'est pas top).
Pour la suite suite de mes "analyses" faudra attendre un peu que je trouve les documents et que je trouve le temps de bosser la dessus. Pour les réclamations s'adresser à un certain Gauvain qui me prend tout mon temps libre et qui me charge de transmettre à Giovanni une grosse bise sur la fesse gauche (ou droite je sais plus maintenant...)
2. Du travail de la femme au Moyen Age
Bon promis le pavé sera moins long que la première partie, mais je voudrais ajouter mon point de vue sur le sujet.
Il serait bon de faire preuve de nuance sur la question. Entre une vision archaïsante de la femme médiévale coincée avec ses marmots et une vision 68arde de la femme médiévale égale à l'homme en tout (cf: la déjà très débatue question des femmes combatantes), je pense qu'un juste milieu existe.
Alors oui, la femme a quoiqu'on puisse dire/espérer/fantasmer, le rôle premier d'épouse et de mère. Ca veut pas dire esclave domestique mais bien épouse et mère. Donc s'assurer de la bonne tenue de la maison (soit par soit même, soit par un ou des domestiques selon ses moyens financiers, et ce n'est pas reservé aux nobles, une famille d'artisan aisé ou de paysan riche peuvent se le permettre)et s'assurer de la bonne éducation de ses enfants (éducation religieuse, parfois scolaire: lecture, compter, écriture, des bases nécessaires pour exercer une bonne partie des métiers artisanaux au Moyen Age).
Après ces aspects de la vie de la femme ne sont pas contradictoires avec ce que l'ont considère aujourd'hui comme de l'émmancipation. Rien ne l'empèche de tenir la boutique avec son mari (surtout lorsqu'on sait que le logement et souvent attenant avec la boutique, facile de faire le vas et vient). Les enfants dans la journée peuvent être selon leur âge à l'école, avec un précepteur, en apprentissage avec le père ou ailleurs. A la campagen c'est encore moins problématique, tout le monde aux champs, et les enfants avec (ils iront compter les fourmis en attendant..)
Je pense que nécessairement les femmes travaillaient, soit avec leur époux, père, soit de façon plus indépandante mais seulement si elles ne sont pas mariés ou veuves ou autres difficultés de la vie (panel de métiers variés: de la prostitué, à la domestiqe en passant par la marchande, "l'ouvrière agricole",...)
Les femmes formées à un métiers spécifique (généralement artisanal) le continueront en cas de difficultés, puisqu'elles sont intégrées à un atelier, et si le mari était le maitre, elles en reprennent la direction, mais sous la "couverture" du fiston eventuellement encore en apprentissage (finalement un peu comme une régence avec les rois).
Le problème des corporations de métier, c'est qu'elles fonctionnent souvent avec des systèmes de formations très initiatique, qui excluent (tacitement ou pas) les femmes. Donc elles peuvent très bien connaitre un métier, mais ne pas être reconnues par la corporation.
La question se pose d'autant plus pour la taille de pierre, métier fortement bercé par les questions de rites initiatiques et tout le tralala... Attention je ne parle que de la taille de pierre, pas des autres métiers de construction (quoique je pense que pour la charpente ou la forge ca doit etre similaire). Après certains métiers comme la sculpture, la peinture peuvent peut etre perçu avec plus de nuance quant au travail des femme. Mais cela ne reste que mon avis sur la question, et j'attend d'éplucher la doc sur les femmes et le bâtiment pour faire évoluer mon opinion.
Sinon certain métiers étaient réservés aux femmes: entre autre, la fabrication et la broderie d'aumonière, le travail aux étuves (et il y a pas que les étuves limittes au niveau de la réputation..),..
Et puis mais la c'est très personnel comme avis donc ne me jetez pas des cailloux svp, je trouve que gérer sa maison, éléver les enfants, faire deux trois bricoles en couture/ broderie / filage, aller à la messe, ça remplis vite (et bien) une journée...
Voià pour le pavé du jour, faite moi grâce des
fote d'ortografe, j'ai pas le courage de relire...
Enfin je pense comme il l'a été dit plus haut qu'il faudrait sortir ce topic des bains publics au profit d'une section un chouillat plus culturelle..
--Message edité par fanny le 2009-05-12 17:11:08--