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chariot à braises
brasero
Période création/exécution : 1ère moitié 14e siècle
alliage à base de cuivre pour la caisse du foyer ; à base de fer pour le reste
Findinier Benjamin : "le brasero de la cathédrale de Noyon, une pièce exceptionnelle des collections de la Ville". Vivre Noyon numéro 45, mai 2012, p.45.
Les alliages métalliques qui le constituent sont de deux types : à base de cuivre pour la tôle de caisse du foyer, à base de fer pour le reste. Si l'ensemble, par sa facture, évoque bien le 14e s., on note toutefois quelques ajouts postérieurs. Une caisse supplémentaire (19 ou 20e s.) était d'ailleurs venue doubler celle en cuivre : nous avons préféré la faire retirer lors de l'intervention de restauration, afin de rendre à l'objet sa lisibilité médiévale. En ce 14e s., le serrurier (nous employons ce terme génériquement, car l'on distingue encore mal pour cette époque les frontières attributives des travaux entre les métiers de la forge) travaille encore la plupart du temps le métal à chaud, chaque pièce étant encore façonnée quasi centimètre par centimètre. On n'usine pas encore (ou rarement : seulement pour les clés et serrures) le métal au burin ou à la lime, par coupe du métal à froid, travail rendu possible au 15e s. par la production de fer ou de tôle en plaque de diverses épaisseurs permettant des décors repercés. Le recours à une tôle de cuivre pour la caisse pourrait ainsi s'expliquer par l'indisponibilité de cette forme de fer. Enfin, on distingue sur ce brasero différents types de liaison ou d'assemblage : par soudure à chaude portée ou encollage du fer (le fer a la faculté sous l'action du feu de se souder lui-même, propriété qui ne laissa pas d'intriguer le monde médiéval de la forge), comme pour les branches des roues ; par rivetage (caisse, barreaux : on martèle jusqu'à former une tête plate qui va retenir de part et d'autre la pièce) ; par clavetage (avantage du démontage facile), avec ces clavettes à tête en boucle ; par filetage pour les cabochons tournés qui désignent au moins la fin du Moyen-âge (où commence à se répandre l'usage de vis et d'écrous pour l'assemblage), et dont on voit ici dépasser le filet extérieur mâle.
Les usages anciens de ce brasero que nous pouvons déceler vont de celui - primordial - de l'allumage du feu nouveau lors de la veillée de Pâques (ainsi que nous permettent de le dire un certain nombre d'exemples extérieurs, anciens comme modernes), à celui de dispositif de chauffage dans de petites pièces (dans le revestiaire ou la sacristie par exemple, où il fait encore très froid parfois aujourd'hui), en passant par ce qui fut donc son dernier usage connu, la manipulation des charbons d'encensement. La célébration de la Vigile pascale commence en effet par la bénédiction du feu nouveau : les lumières étant éteintes le soir du Jeudi saint, il faut allumer une flamme neuve pour la célébration de la nuit du Samedi saint au Dimanche de Pâques, qui marque la résurrection du Christ. Un grand feu est allumé à l'extérieur de l'église (comme sur le parvis, à Noyon) ou à l'intérieur. Le prêtre allume alors le(s) cierge(s) pascal(s) directement au feu nouveau ou avec une flamme en provenant, et les fidèles entrant dans l'église allument leur cierge au cierge pascal. Notre brasero était donc probablement utilisé directement, comme récipient de préparation du foyer, ou indirectement, en recevant une partie des braises d'un foyer plus grand. Nous ne sommes cependant pas en mesure de dire, aujourd'hui, quand cette utilisation pour la liturgie pascale a cessé.
Findinier Benjamin : "le brasero de la cathédrale de Noyon, une pièce exceptionnelle des collections de la Ville". Vivre Noyon numéro 45, mai 2012, p.45.
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© Noyon, musée du Noyonnais, © Service des musées de France, 2012
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