Grand Sud Médiéval

Au Marché de l'histoire d'Orange, j'ai été à la recherche, parmi les commerçants et aussi à la taille des médiévistes, d'un baudrier dont le laçage du fourreau aurait pu m'apporter beaucoup pour la suite de mes recherches.
Mon investigation n’a pas été concluante. J’ai vu une quantité de baudriers à la mode Viollet-le-Duc, dont on sait maintenant que le dessin de Cordier ne correspond en rien à la source qui est le baudrier de Bernard de Comminges sculpté sur son gisant.
J’ai honte de vous avouer que moi aussi je garde actuellement mon épée de réplique dans un baudrier VLD. Dans quelques semaines, je vous promets qu’il sera remplacé par un modèle sourcé qui ne choquera plus votre vue.

La pièce du délit.

Un reconstituteur du GMA affirme que : « Seule une typologie permettrait en effet une certaine validation stylistique. Mais justement, les reconstituteurs n'ont AUCUN rôle à jouer là dedans ».
J’ai l’impression que le reconstituteur « botte en touche ». Mais je dois me tromper.
Personnellement, je crois que les « reconstituteurs » ont un rôle à jouer comme consultants et c’est pourquoi depuis une dizaine d’année nous essayons de collaborer avec eux. Avec Louis Bonnamour ( ex-conservateur et archéologue), nous avions ouvert spécialement le Musée à une délégation de la Cie de Trencavel pour qu’ils puissent tenir en main quelques pièces de fouilles médiévales.
Depuis, la façon d’appréhender les armes de guerre médiévales de nos collègues médiévistes a bien changée et leur collaboration (en expérimentation) s’est avérée fort utile pour nous.

En revanche je rejoints celui qui dit que « démonter l'original ou du moins l'étudier sous tous les angles en manipulant autant que faire se peut, sans le détruire pour être sûr à 100 % ! ». Et c’est ce à quoi je me suis employé ces derniers jours.



Pour en revenir au Baudrier de Saunières, c’est la deuxième lanière en partant du haut qui me posait problème depuis le début de l’investigation. En effet, elle se trouve sur la face arrière du fourreau et elle n’est pas visible car elle est recouverte par la lanière 1.



J’ai donc effectué un « laçage » avec du cuir d’épaisseur 3,5 mm, alors que sur la pièce de fouille l’épaisseur est de 3mm, mais les 800 ans d’immersion ont durci le cuir.
Pour cette reconstitution, j’ai utilisé du cuir non mouillé et il s’avère que le système de laçage est très solide. Avec du cuir mouillé ma liaison devrait être indémontable.
Pour la partie basse du baudrier, dans un premier temps, je n’ai pas fait passer les deux lanières au travers de la peau qui recouvre le fourreau pour ne pas l’abîmer.



La lanière A qui dépasse, sera coupée après le laçage définitif.



Dans la vue arrière du baudrier, la lanière 2 doit être coupée et ajustée au premier tour de la lanière 1, pour être invisible, comme c'est le cas sur la pièce de fouille.
Je renouvelle mes sincères remerciements à tous ceux qui ont bien voulu collaborer à mon étude.

je tiens à te remercier de ton étude et de l'avoir avec gentillesse mis à notre disposition

Je crois qu'un forum c'est aussi fait pour le partage des connaissances.
En ce qui me concerne j'ai la chance d'avoir accès à des collections archéologiques. Pourquoi ne pas en faire profiter les passionnés d'armes médiévales ?
Le baudrier à reçu une teinture pour que la couleur de la ceinture s'harmonise avec celle du fourreau. La ceinture a été doté d'une arrache avec boucle (boucle avec chape) et d'un mordant ou pendant
Pour ceux qui seront à la médiévale de Durban les 22 et 23 juin, il vous sera possible de voir le baudrier et même de l'essayer.

Superbe travail!
Bel objet, certes, mais SUPERBE étude, argumentée, illustrée et tout et tout... Un grand merci.

Pour mettre un terme à ce sujet, je vous livre ma dernière reconstitution définitive ci-dessous.



Le baudrier pourra être vu et même essayé par ceux qui seront à Durban les 22 et 23 juin

Après cinq médiévales, dont la marches de 15 km dans les rochers du pays cathare, le baudrier reconstitué a tenu toutes ses promesses. Aucun relachement dans les sangles qui, rappelons le, ne sont pas cousues sur le fourreau.


Mon épée est une arme de moins de 900g, mais pour une épée de spectacle, d'un poids de 1500g, je ne peux pas affirmer que ce baudrier historique conviendrait.