De la reconstitution d'un chevalier de 1300

section de recherche sur les équipements et costumes , civils et militaires, avec recherche et publication de sources
test
Emerys de Loverval
artisan/mercenaire
 
Messages: 32
Inscrit le: 12 Août 2013, 12:43

Message13 Août 2013, 00:31

Bonjour à tous!

Ceux qui ont déjà consulté ma présentation le savent, je me suis mis en tête de reconstituer un chevalier de petite noblesse des alentours de 1300. Pour son histoire, il serait le fils cadet d'un petit seigneur de la région de Charleroi en Belgique et serait originaire du comté de Namur, du duché de Brabant, ou de la principauté épiscopale de Liège ; tous les trois ayant des terres frontalières dans cette région-là. Donc, il serait plus d'influence germanique, étant donné que ce territoire relevait du Saint-Empire à l'époque.

Pour son existence passée, il y a deux possibilités que j'explore actuellement:

- Il intègre l'Ordre du Temple (plutôt que les ordres religieux traditionnels) via une commanderie proche et se retrouve éventuellement transféré dans une commanderie anglaise (si la chose est possible). En 1307-1308, lors des arrestations des Templiers en France et en Angleterre, il préfère prendre la fuite plutôt que de prier pour un miracle dans un cachot. Ou alors, il quitte l'Ordre un an avant les arrestations, mais j'ignore si c'est possible pour un chevalier (et je ne pense pas que ce soit le cas). Il s'en retourne alors à la principauté de Liège et met son épée au service d'un seigneur local pour gagner sa vie. La principauté est alors troublée par la guerre des Awans et des Waroux.

- Il "part à l'aventure" (un peu à la manière de Guillaume le Maréchal) et prend part (à la fin des?) aux guerres galloises d'Edward Ier comme chevalier mercenaire. Une fois qu'elles sont à peu près achevées, il retourne dans la principauté de Liège pour prendre part à la guerre des Awans et des Waroux et revient peut-être par intermittence en Angleterre pour se battre dans les guerres d'indépendances écossaises.

Dans les deux cas, il ne possède pas de fief (sauf à se marier avec une noble liégeoise), il a consacré l'essentiel de son existence à la vie militaire plutôt qu'à la vie civile, et il a des revenus financiers assez limités. (Pas seulement parce que moi-même j'ai des revenus limités actuellement, mais je n'ai pas envie de reconstituer un noble fortuné avec de larges fiefs.) Il y aurait-il des problèmes de cohérence, de crédibilité concernant cette première ébauche historique?

Sa tenue civile serait composée de:

- Braies en lin XIIIe

- D'une chemise en lin

- De chausses (séparées) en laine ou en lin, de couleur rouge ou noire

- D'une cotte longue (arrivant au moins au genou, sinon plus bas) en laine, de couleur bleue

- D'un surcot sans manches en laine, de couleur bleue (peut-être?) ou rouge

- D'une cape /d'un mantel en laine, de couleur verte

- Des chaussures ou des bottes XIIIe (choisies parmi les modèles repris dans l'étude de Carlson)

- D'une ceinture avec une bourse /aumonière

(Je ne suis pas certain de la composition des couleurs et j'accepte volontiers tous conseils en la matière!)


Sa tenue militaire comporterait (inspirée des illustrations de la Bible Macjekowski ou du Codex Manesse):

- Un surcot armorié

- Un grand heaume ou un chapel de fer (selon ce qui est mieux pour un chevalier favorisant le combat à pieds)

- Un gambison XIIIe

- Des cuisses gamboisées

- Un haubert de mailles /une lorica integra (mailles rondes, rivetées)

- Des poleyns XIIIe

- Une cotte de plates (uniquement si un chevalier peu fortuné saurait se l'offrir)

- Une lance, une épée de guerre (type XIIa ou XIIIa), et une dague à quillons

Normalement, l'armement "standard" d'un chevalier comporterait aussi un bouclier (incompatible avec une épée de guerre) et des chausses de mailles (non-inclues par choix personnel). Peut-être des schynbalds, mais elles ne sont pas encore très répandues alors, donc ce serait plutôt une protection "deluxe" j'ai l'impression.

A présent, passons à mes quelques questions (que je ne parviens pas vraiment à résoudre par moi-même):

- La laine (pour la cotte et le surcot) est-elle un textile adéquat pour un chevalier, fut-il "pauvre"? Le port d'un couvre-chef pour compléter la tenue est-il "obligatoire"?

- Pour un militaire qui voyage beaucoup (à pieds ou à cheval), l'emploi de bottes est-il justifiable? L'étude de Carlson (http://www.personal.utulsa.edu/~marc-carlson/shoe/SHOES/SHOE26.HTM) comporte plusieurs designs de bottes qui peuvent convenir pour mon personnage au vu de leur datation. Quelqu'un saurait-il m'en dire davantage sur l'emploi des bottes au Moyen âge?

- Concernant la protection des mains, existait-il vers 1300 des gantelets de mailles (ou les premiers prototypes de gantelets en plates peut-être) séparés du haubert? Ou étaient-ils obligatoirement intégrés au haubert? Auquel cas, a-t-on des attestations de chevaliers combattant en haubert, mais à mains nues ou avec de simples gants en cuir? (S'il devait exister un standard en quelques sortes, je suppose que les combattants avaient leurs préférences personnelles et adaptaient selon leur style)

- Quelqu'un connaîtrait-il la datation approximative des gantelets n°1 de Visby? (Dont voici un exemple de reconstruction: http://albrechts.se/the-reconstruction-of-a-14th-century-gauntlet/)

Et je crois que je vais en rester là pour le moment, c'est déjà pas mal! En vous remerciant pour vos réponses et vos commentaires,

Avatar de l’utilisateur
Adelard l Errant
duc
 
Messages: 2445
Inscrit le: 16 Fév 2008, 01:00
Localisation: Arvigna (09)

Message13 Août 2013, 08:43

http://www.historiavivens1300.at/

peut être y aura t-il des infos pour toi.

pour le reste , essayer d'adapter une histoire à un besoin , n'est pas la solution à mon avis pour faire de la "reconstitution".

" il serait le fils cadet d'un petit seigneur de la région de Charleroi en Belgique "


c'est une base de départ suffisante pour tes recherches, pas besoin d'aller plus loin......ça ce fera naturellement au fur et à mesure de l'avancement de ton projet qui évoluera probablement différemment au fur et à mesure de tes découvertes.
"Qui n'a pas fait l'expérience du mal, ne sait ce qu'est le bien."
Image
GESTA ALBIGENSIS
Libre en Barguillere
Les Milites de Dun--L' Esperit desliure

Avatar de l’utilisateur
Grand Inqui
Administrateur
 
Messages: 11162
Inscrit le: 11 Fév 2008, 01:00

Message13 Août 2013, 09:03

Ewald; privilégie la laine pour les vêtements du dessus; la dernière étude sérieuse de Tina Anderlini indique que le lin n'était utilisé qu'en couleur naturelle, souvent balanchie, et pour les sous-vêtements; remettant par là en cause toutes les certitudes que nous avions concernant l'utilisation du lin au 13ème.
Gantelets de maille; oui, j'en ai vu sur le codex Manesse, sur un cavalier; les deux sont représentés; moufles et gants, sur plusieurs illustrations..
Visby, on doit parler de la même, vers 1360? dans ce cas, on a retrouvé de nombreux types de protection, cuir et acier, de toutes formes, des plus "modernes" aux plus archaïques. Mais de là à savoir quand sont apparues ces protections? les plaques d'acier rivées sour le gant de cuir me paraissent quand-même très en avance pour 1300; à vérifier.... :D
la Rose d'Or, Montjoie! Saint Denis! Locus Indictus, le Prince d'Orange
Tu auras contre toi ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui font précisément le contraire et surtout ceux qui ne font rien du tout."..

Emerys de Loverval
artisan/mercenaire
 
Messages: 32
Inscrit le: 12 Août 2013, 12:43

Message13 Août 2013, 10:06

@ Adelard:

pour le reste , essayer d'adapter une histoire à un besoin , n'est pas la solution à mon avis pour faire de la "reconstitution".


Puis-je te demander par rapport à quel aspect en particulier de ma démarche actuelle tu fais cette remarque? Après, j'avoue, j'ai davantage l'esprit d'un écrivain (à mes heures perdues, j'envisage même de publier un roman) que d'un historien. Cependant, s'il n'existe pas d'alternative cohérente et crédible pour concrétiser certains de mes choix, je renonce et je retourne vers une interprétation plus "canonique" (pour ainsi dire). En histoire, comme en reconstitution médiévale (je suppose), la méthode scientifique est toujours influencée par un choix de départ (le sujet traité) et l'enjeu est de proposer une reconstruction, une interprétation historique qui soit étayée par des sources et argumentée. Après, ce n'est que mon avis du moment par rapport à un domaine, la reconstitution, que je connais encore fort peu.

@ Grand Inqui:

De la laine, ce sera donc! Il me restera à trouver de la laine de suffisamment bonne qualité pour un chevalier! ^^ Concernant l'étude de Tia Anderlini que je ne connais pas, remet-elle également en cause l'utilisation du lin pour doubler des vêtements en laine (cotte et surcot)? (A l'exemple de cette reconstruction d'un bliaud par Richard le Norman: http://www.grand-sud-medieval.fr/forum/viewtopic.php?f=31&t=6076)

Concernant les gantelets et moufles de mailles (intégrés), je savais qu'il existait. Ma question était surtout de savoir s'ils existaient séparément, donc non-rattachés au haubert. Peut-être as-tu répondu à cette question, mais comme tu n'as pas spécifié si tu parlais de gantelets et moufles intégrés ou séparés...^^

Enfin, concernant les gantelets type I de Visby, je ne serais pas surpris de les voir apparaître en fort petit nombre au début des années 1300. Les plates sont fort peu nombreuses et il semble être l'un des modèles les plus simples et les anciens retrouvés sur le site. La bataille eut bien lieu en 1361 et ils devaient certainement être désuets pour l'époque. Cependant, les armuriers (ou certains d'entre eux du moins) étaient visiblement capables, et ce avant 1300, de concevoir des cottes de plates, des poleyns, et des schynbalds (en usage limité). Dans sa conception, ce modèle de gantelet est assez similaire à une cotte de plates, si ce n'est que les plates sont beaucoup plus petites. Ce ne serait pas inconcevable qu'ils apparaissent dès le début des années 1300, je pense, mais en usage limité.

Pour ceux que ça intéresse, j'avais entendu parler sur My Armoury de gantelets pré-Visby en os de baleine (fin du XIIIe siècle) me semble-t-il, je tâcherai de creuser pour vous en faire profiter! Merci à tous les deux pour vos réponses, en tous cas!

yrwanel
duc
 
Messages: 3738
Inscrit le: 25 Nov 2010, 01:00

Message13 Août 2013, 11:40

Concernant les doublures, tu as les pistes dans le lien auquel tu fais référence, donc le lin est une piste, mais la soie type "taffetas" en est une aussi.

Si on se base sur les représentations (miniatures...), certaines montrent une doublure contrastée, laquelle n'est pas forcément "blanche".
=> cette doublure couleur serait en soie? (si on garde l'idée que le lin n'est jamais teint) => voir en fonction du statut de la personne représentée...doublure qui serait alors systématiquement de la soie?
(j'exclus bien sur les doublures fourrures...certaines sont attachées, en représentation à un statut, le vair, par ex.. Gros doute, quoique, quoique..., les fourrures fussent teintes en couleur)
=> cette doublure couleur serait une.. interprétation de l'artiste, pour un rendu visuel plus efficace niveau coloris?
(l'art n'a JAMAIS prétendu être la reproduction fidèle de la réalité. L'Hyper-réalisme est plus tardif)
=> L'art serait "réaliste"..l'ennui est que statues (qui était souvent polychromées), miniatures donnent assez peu d'indication sur les matières habillant les personnages (Idem pour les motifs des textiles...)

=> ou... les doublures de lin seraient teintes: techniquement, c'est possible. On retrouve des lins teints dans des contextes "religieux", comme pas mal de traces textiles, à quasi 90% des restes textiles du reste: les trésors d'église sont conservateurs!
Au sujet des "textiles religieux": ne pas oublier que les gens font des donations, textiles "spécifiques" mais aussi des textiles "profanes" lesquels sont recyclés (ex.: les bourses, pur profanes, recyclées en "bourse à reliques").

! ! ! ! : en fouilles, on retrouve assez peu de textiles libériens (fibre végétale), que ce soit chanvre, lin, lin/coton (futaine), ortie.. Bilan, et même dans de bonnes conditions de conservations (ex. Groenland), on retrouve les pièces en laine.. mais les gens ne portent pas (archéologiquement parlant) de sous-vêtements! :D
Des fois, dans une série de tombes (toujours Groenland), on retrouve des "hauts" en laine, ou des chausses en laine, à côté de personnes dont on retrouve chausses et robe en laine.
Il arrive (fouilles de Londres) qu'on ne retrouve que une partie du textile: traces de poils de velours.. poils en soie dont le tissage de base a disparu = tissage en fibre végétale. :P
=> Prudence, prudence, svp, face au dogme "y a pas de traces, donc y a pas". Le "y a pas" peut dépendre d'un solide paquet de paramètre. :wink:
(sur ce dogme, on peut trouver des cimetières remplis de squelettes, tous "à poil" devant l'Eternel. En conclure que ces gens ont été enterrés nus est un raccourci un rien hâtif). :mrgreen:

Niveau textes, soit métiers/guildes/corporations: nous sommes un peu dans le flou. OU les chercheurs ne s'accordent à parler que les textiles de laine, leur tissage et leur teinture (voir D. Cardon, par ex.) et/ou les textes des métiers décrivent pas tellement "tout".
Ex.: Bruxelles: tout est repris sous le terme générique de "draperie" comportant AUSSI la "petite draperie" soit le travail du lin.
=> Il est (aussi) possible que au niveau des teinturiers, on teint les textiles sans qu'il soit nécessaire, à l'époque, de spécifier la matière qui est teinte.
SAUF... Gand et Bruges où on a de petites traces: au sein des teinturiers, les teinturiers à lin veulent se démarquer des "autres".
La question à 5 balles est de savoir "à quoi était utilisé le lin teint"!

On sait, en tout cas, que le lin était utilisé en "draperies ornementales" et même imprimé (preuve que cette matière peut être teinte et décorée).

Ceci ne remet pas en cause que les sous-vêtements se portaient "blanc", que cette matière servait de parure de lit (la blancheur permettant de repérer les parasites: voir le Ménagier de Paris), de nappe (l'amiante aussi, du reste..Charlemagne se la pétait en faisant jeter ses nappes salies après un banquet dans le feu.. et elles en ressortaient blanche sous l'oeil sidéré des gens).

Je n'ai toujours pas la réponse quant à l'utilisation des lins teints, idem pour les fouilles comportant des gens 1/2 vêtus.

Si on continue dans "le lin en doublure uniquement": il est attesté que on "retournait un vêtement usagé", procédé qui permettait de donner une "nouvelle vie" à un vêtement dont le tissu du dessus était usagé. (réf. Sophie Jolivet)
=> cela voudrait dire que le tissu "lin-doublure" se retrouvait porté en extérieur et le tissu laine à l'intérieur?
Là, intervient la fameuse question des "statuts", nettement plus subtiles qu'on imagine.

Plus tardif (plus de traces écrites + changement de mode "administratif"): les inventaires notariés.
A retenir...
- ces inventaires se passent APRES les diverses donations DONT les donations, majoritairement textiles, faites à l'église pour assurer le salut de son âme. Ce sont donc les textiles les plus "chics" (ou les moins esquintés) qui partent en donation.
Le "reste": cela dépendra de la fortune et statut de la personne...
- comme maintenant: il y a des notaires plus "bavards et descriptifs" et d'autres plus expéditifs. :mrgreen:

Comptes de dépenses: aussi précieux qu'ils puissent être, ils ne concernant plus que généralement des maisons qui ont un certain "train de vie" (ou un train de vie certain).
Entre la cour et les dépenses de: Blanche de Castille, St Louis et sa femme, Mahaut d'Artois, les ducs de Bourgogne (pas vraiment fauchés: le roi de France était quasi minable en regard de ces derniers) et le train de vie d'un "petit seigneur", la marge pouvait être très différente!
En outre, on se retrouve face à des "inconnues": le drap vert de Chalon, le "gris de Louviers", le drap ou la toile de Foufny les oies, évoque, dans l'inventaire comptable, une évidence pour le comptable mais aussi pour celui/celle qui le commande et l'achète.
On n'en a pas, forcément, ce à quoi ce tissu va servir(déjà)...Une Cour pouvait avoir ses équipes de tailleurs, brodeurs-brodeuses, couture, rafistolage, etc. qui ne figurent pas dans les listes d'achat. (d'aucun(e) en tire la conclusion de "pas de déco": en textile: il faut rester TRES prudent!).

NB et bienvenue dans les joies du vocabulaire textile...durant tout le Moyen Age, le terme "tissu" désigne une "sorte de galon étroit, servant à réaliser des bordures de vêtements ou encore des ceintures luxueuses" (S. Jolivet: S'habiller au MA", p 86)
Là, nous sommes dans la description de produits de luxe à luxe plus qu'ébouriffant, gros enjeux économique, d'une grande ville, Paris en l'occurence.
(comme d'habitude, on ne sait pas grand chose des moins fortunés...)
Si vous voyez les mention "tissu" dans un texte de l'époque, vous saurez que c'est un "galon" (tissé de différentes techniques, brodé...) :mrgreen:

Lorsque dans les textes, vous verrez le mot "toile", cela désigne les textiles en matière végétale (lin, chanvre, coton, vi, vi au XIIIème déjà) "permettant de réaliser des vêtements de dessous et de dessus" (Sophie Jolivet, p. 83).

Je suis au regret de dire que j'ai plus tendance à prendre en compte les études de Mme Jolivet, historienne spécialisée en textile, idem feu Mme Piponnier ou Mme Odile Blanc (sans parler de l'école anglo-saxonne). :mrgreen:

Emerys de Loverval
artisan/mercenaire
 
Messages: 32
Inscrit le: 12 Août 2013, 12:43

Message14 Août 2013, 18:00

Yrwanel, un tout grand merci pour cette réponse très développée qui me donnera certainement matière à réflexion! A te lire, je prends conscience du gouffre qu'est mon ignorance du domaine de la couture et des textiles! ^^Heureusement que j'ai ma compagne pour m'assister en couture et compenser mon ignorance!

Edit: En parlant textile, quelqu'un saurait-il me dire quel tissu serait le plus approprié pour un surcot armorié /cotte d'armes? De la laine à nouveau?

yrwanel
duc
 
Messages: 3738
Inscrit le: 25 Nov 2010, 01:00

Message14 Août 2013, 19:58

Mais de rien!

Je sais que certain(e)s se fichent de ma tête quand je dis que le "textile c'est simple.. en 60 000 volumes". :mrgreen:
Histoire d'aggraver le truc: preuves archéologiques à l'appui: 30% des draps (de laine...) comportaient de la chèvre. :wink:

(des fois, dans les textiles "super lambda", on retrouve du poil d'un peu de tout)

Cotte d'armes?
Va faire un tour dans "costumes" et dans "matière textile" (et dont patchwork), je sais que j'ai mis des trucs plus "militaires".
Si c'est le soldat de base qui porte les armes de son employeur, 90% de chance que sa cotte soit en fonction de son "grade" auprès du seigneur => la "toile" n'est pas exclue. :wink:
(NB: au XIIIème, on rembourrait les gambisons avec du.. coton: oublions, quelquefois que le coton n'était pas forcément une matière TRES couteuse ET, comme totue fibre, le "travail" de la fibre ET la teinture utilisée feront le prix, donc le statut).
Coton au XIIIème n'est pas une matière "super précieuse" (la fine lingerie en coton est plus tardive.. enfin: dans l'immédiat et sous toute réserve de "trouvailles qui..").

Qu'est-ce qui me fait dire que la matière de la cotte va dépendre du grade? les comptes de dépenses des super-grands, qui achètent et fournissent le textile (cousu ou pas) à la maisonnée suivant le statut de "l'employé". (cela fait partie de la rémunération).
Si l'intendant (ou l'ambassadeur) sera richement vêtu (il représente aussi le statut du seigneur ou du marchand banquier), le dernier des marmitons aura du textiles "lambda" de base de base.

Le seigneur: effectivement sera (en principe) plus "richement" vêtu.. en fonction, cependant de son budget (faire un tour dans les "lois somptuaires.. cela donne des idées, ce qui ne veut pas dire qu'elles furent vraiment respectées). :wink:

Laine effectivement.. il en existe de très belles pièces en soie dont celles des fouilles de Las Huelgas (les armoiries sont tissées, sur commande, et en soie...). :hein124:
De mémoire, une cotte d'arme en soie de la maison d'Anjou: patchwork+ intarsia + broderie.
Kay Staniland "les brodeurs au MA", p 33: reste d'une cotte d'arme de Guillaume de Fortz, comte d'Aumale (+ 1260) recyclée en aumônière après usure: technique d'appliqué (mais l'auteur n'a pas spécifié la matière utilisée.. GRRR!)
Autre piste, valable pour chanvre, lin, la soie aussi: peindre le motif d’armoiries, entre autres au pochoir!

Emerys de Loverval
artisan/mercenaire
 
Messages: 32
Inscrit le: 12 Août 2013, 12:43

Message15 Août 2013, 12:35

Je ne manquerai pas d'aller faire un tour dans la rubrique costume en ce cas! A nouveau, je te remercie! Tes connaissances extensives dans ce domaine m'aideront certainement à doter mon fier chevalier liégeois de vêtements dignes de son statut! (Même un chevalier liégeois de petite noblesse et peu fortuné a le droit d'être fier! ^^)

Concernant la couleur des textiles, j'ai cru comprendre que nos ancêtres médiévaux aimaient à porter des tenues pour le moins colorées (j'entends par là, ils portaient des chausses dans une couleur, la cotte dans une autre, etc ; le tout étant apparié selon leurs goûts personnels). L'existence au XIIIe siècle de personnes portant des tenues assorties (à savoir, les chausses, la cotte, et autres dans une même couleur, sinon dans des teintes proches) dans les sources? Ou le port de tenue "bigarrée" (pour ainsi dire) était une norme incontournable? En fait, j'aimais bien l'idée de constituer une tenue civile à mon personnage qui corresponde à ses couleurs héraldiques: à savoir bleu (pas azur ici, mais plutôt bleu nuit ou assimilé) avec des broderies "argent" (donc blanches ou en fil argenté, si ce dernier existait à l'époque). (Mon blason serait essentiellement d'azur et d'argent)

Sinon, si le "bigarré" (faute de meilleur terme) était coutumier, je pense que ma première tenue sera constituée de chausses noires ou rouges, d'une cotte bleue, et d'un surcot rouge.

yrwanel
duc
 
Messages: 3738
Inscrit le: 25 Nov 2010, 01:00

Message15 Août 2013, 19:34

Ah cela, un "valeureux liégeois"!
Pour ta période, j'avoue totalement ignorer si la Principauté regorgeait + de richesse que les états voisins (état n'est pas le bon terme), et comment c'était réparti => à toi de faire les recherches!

Niveau représentation, tu peux aller fouiller dans les représentations plus "germaniques" (rhénanes, c'est top!, c'est à côté!), vu les contacts étroits entre la principauté de Liège et les royaumes germaniques (lesquels, historiquement aussi étaient en lien avec l'Italie..)

En autres textiles de l'époque, on a futaine (chaine en coton, trame en lin) et tiretaine (chaine en "fil" soit OU coton OU lin, et trame en laine) => autres textiles pouvant être utilisés et teints (on a des traces archéologiques..) entre autres comme cotte d'arme.
Futaine en doublure: très possible.. ce qui "expliquerait" (une piste aussi) les représentations de vêtements doublés "en couleur".
Dans les lieux de productions, pour toi: la Suisse (ben vi!), mais aussi Cologne dont la richesse n'a pas dépendu QUE des quelques vierges accompagnant Ste Ursule devenant "10 000" (question de reliques) :mrgreen: , mais aussi une ville drapière au rayonnement étendu, dont les "textiles mixtes".

Autre textile mixte: chaine en coton trame en soie. "Spécialité syrienne" (qui en a exporté pas mal), sourcé ne fût-ce que par les textes. Autres lieux de productions (et d'exportations....) au XIIIème: la Sicile et l'Espagne.
Cela te fait des textiles qui peuvent avoir ce brillant et chatoiement de la soie avec un tombé à la fois fluide et qui a "de la tenue". :camoufle:

Couleurs: vaste débat!
Là aussi intervient le "statut": une "couleur" peut multiplier le prix d'un tissu par 10, si pas plus.
Un chanvre (qui fût blanc) frappé d'or est plus coûteux qu'une soie diaprée importée!

Le statut sera signé par la "densité" de la couleur, indice que la personne a les sous pour avoir des couleurs requérant SOIT/ET une tinctoriale chère (le kermès par ex), assorti (ou pas) d'un savoir-faire complexe. Entre "kermès" et kermès" (ou garance ou...) il peut y avoir de très solides différences qui en feront le prix. (le kermès reste cher quand même!). :wink:

Entre le "noir à l'aulne",(bleek) spécialité flandrienne exportée à gros ballot entre autres en Angleterre et le ZE noir à base d'un pied de pastel + un coup de garance + "poudre de perlimpinpin", il y a une marge (visuelle) et de coût. :mrgreen:

Bleu: le XIIIème, du moins en France, serait LE siècle où le bleu a conquis sa place dans les "grandes teintures".
Rouge: tu as les garances...
(St Louis adorait le vert...)

A savoir: les hommes ne dédaignaient pas porter du rose... :lol:

Emerys de Loverval
artisan/mercenaire
 
Messages: 32
Inscrit le: 12 Août 2013, 12:43

Message15 Août 2013, 22:02

Je prends bonne note, mais je ne compte pas du tout porter de rose! ^^ En tous cas, je viens d'en apprendre un rayon sur l'histoire du textile!

yrwanel
duc
 
Messages: 3738
Inscrit le: 25 Nov 2010, 01:00

Message15 Août 2013, 22:56

A savoir: en "reconz" tout comme énormément d'autres milieux (ou disciplines), il y a des "écoles"...

Vu que le textile, objectivement, laisse assez peu de traces, et/ou des traces dans certains contextes (qu'il faut décortiqué, ce qui n'est pas toujours gagné non plus...), on a pas mal de zones d'ombre, ce qui ne veut pas dire que "cela laisse la porte ouverte à tout et n'importe quoi" (non plus).

En principe, on potasse le truc par des "faisceaux de congruences", ce que fait "l'école anglo-saxonne" ( Barber, Walton Rogers, Staniland, Owen Crockers, etc.). Et eux, souvent, se donnent la peine d'éplucher les moindres débris de fouilles, que ce soit de "riche" ou de "Toulmonde", d'en faire des monographies.

Sur le continent (hors le Grand Nord), c'est une autre aventure. On a des études mais souvent de "super textiles": les "Toulmonde", pour le Moyen Age, on oublie très souvent... :x

Bref: tous les textileux ne sont pas forcément d'accord entre eux!

Emerys de Loverval
artisan/mercenaire
 
Messages: 32
Inscrit le: 12 Août 2013, 12:43

Message20 Août 2013, 08:27

Ah, cela... les querelles entre écoles, je connais! ^^ Elles existent aussi en aïkido, encore que je n'y ai pas trop été confronté personnellement! ^^

Au fait, puisque l'on en est au rayon textile, quels textiles employer aujourd'hui pour reconstituer des textiles médiévaux comme la laine ou le lin? Parce qu'il est difficile aujourd'hui de trouver des textiles qui soient des copies "conformes" ou qui s'en rapprochent beaucoup, non? Vaut-il mieux choisir un textile plus moderne (et plus accessible /aisé à trouver) aux couleurs souhaitées? Ou est-ce mieux de rechercher un textile dont le tissage, etc soit au plus proche possible?

Edit: Il faut voir savoir que, pour moi, les différentes sortes de laine ou de lin, c'est un peu du chinois...^^

yrwanel
duc
 
Messages: 3738
Inscrit le: 25 Nov 2010, 01:00

Message20 Août 2013, 18:52

Va voir ici, si tu trouves ton bonheur..: viewtopic.php?f=20&t=5296

je te conseille de farfouiller en "matière textile".. dans certains cas il y a des illustrations (pièces archéologiques, juste que très souvent c'est du luxe à super luxe :wink: ).
Il y a un paquet de texte aussi.. qui risque peut-être de ne pas t'avancer beaucoup si tu n'es pas très "loque" :mrgreen: (mais bon, cela donne une idée du commerce du tissu aussi!).

En (très) gros, les laines "feutrées" (genre loden et assimilés) du commerce conviennent à un "certain statut", +/- type "drap à l'écarlate" (la rolls en drap de l'époque). N'achètes pas ce qu'on appelle la "laine bouillie": pas histo (si tu regardes à contre-jour, tu verras des mailles..). De plus, niveau qualité, c'est de la m****. :roll:
Couleurs: farfouilles dans "matière textile".. il y a un fil sur le"tableau de conversion" des couleurs "histo" (et plantes) et couleurs chimiques.
Evites quand même le "vrai loden" sauf pour un mantel par.: là, il est tout indiqué! (en fait c'est un tissu assez raide mais imperméable).

Sinon, tu casses ta tirelire, et tu passes commande chez Fil de l'Arz (tissage à la main...);

Niveau textile et c'est assez général, la "fibre" est UNE chose... le traitement de la fibre en est une autre et fera son prix.
Exemple: il y a une marge entre la toile de voile de bateau en lin et.. les tous fins voiles en lin presque arachnéens qui encadrent les visages des très gentes dames fortunées. :wink:
Idem pour la laine: voir les tuniques de Ste Claire et St François d'Assise (pauvres entre les pauvres), les vêtements du Groenland (et même là, il y a des différences entre le simple lambda et celui qui avait plus de moyen: les qualités sont congruentes avec celles des fouilles de Londres, en gros, et on retrouve +/- les mêmes "qualités" dans les fouilles des Pays-bas du haut MA)***, et les échantillons des archives Datini (du "cossu" à très "cossu")°°
(bilan: les "petits seigneurs" pas trop riches pas trop pauvres qui sont très fier d'avoir une chemise en lin "Ikéa".. euh.. OK, c'est du lin mais.. du lin de super pas riche du tout du tout!) :wink:


*** je te jure que oui, il y a QUAND même des subtilités...genre torsion de fil, type de mouton et/ou chèvre, etc. mais là, faut être malade, ce que je suis!). :mrgreen:

°° Datini, marchand italien commandait ses textiles dans ses différents comptoirs.. et ses "filières" remontaient jusque dans nos régions...lesquelles exportaient jusque fin fond Russie. :wink:

Respires, et "be zen"!

Emerys de Loverval
artisan/mercenaire
 
Messages: 32
Inscrit le: 12 Août 2013, 12:43

Message02 Sep 2013, 11:04

Mieux vaut l'être en effet! ^^ Et bien, il semble qu'il me restera plus qu'à écumer les magasins de textiles en Belgique pour tenter de trouver le tissu adéquat qui conviendra à mon personnage!

yrwanel
duc
 
Messages: 3738
Inscrit le: 25 Nov 2010, 01:00

Message02 Sep 2013, 20:13

Tu vis en Belgique?

(là, ce sont des "pistes" que je connais mal...) :wink:

Suivant

Retour vers COSTUMES, EQUIPEMENTS, ARMES, SOURCES

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit and 5 invités

cron