Suite... Kalima est en forme!
Fin XIIème / XIIIème, relations entre l'Asie Mineure et Chypre, sous le règne de Guy de Lusignan :
"Aussi , malgré les révolutions qu'elle éprouva , l'Asie Mineure fut toujours, au moyen âge, un des pays les plus avantageux pour les marchands d'Europe, qui vinrent y chercher
les soies, les laines et le chanvre de la Bithynie , de la Méonie, de la Lycaonie et du Pont ;
les cotons que l'on récoltait alors dans la Bithynie , la Carie, la Lycie, la Lycaonie et la Cilicie ; la garance, le kermès, les noix de galle et autres matières tinctoriales, le laudanum, la cire, les fruits et les raisins secs, la gomme adragante dont Satalie était un des principaux marchés, les cuirs et les maroquins des pays de Konieh, de Kai- sarieh ou Gésarée de Cappadoce et de Kastamouni, les fourrures et les
poils de chèvre d'Angora , dans la Galatie , les aluns des montagnes voisines de Trébizonde, ceux d'Alto Logo (en Lydie), de Cottai, ou Kutayeh l'ancien Colyœum , et de Tokia ou Foya, l'ancienne Phocée, près de Smyrně; aluns recherchés pour la teinture des draps, par les fabricants d'Europe qui n'avaient pas encore ceux d'Italie , et dont l'exploitation fut affermée quelque temps, à Fokia môme, à des industriels génois ; les savons de Broussa et de Satalie,
les étoffes de soie, les toiles de coton, les tapis aux couleurs vives , que l'on fabriquait, au moyen âge comme aujourd'hui, à Konieh , Broussa, Kara-Hissar, Pergame, Sébaste, etc, ; les épiceries, les étoffes, les pierres précieuses et autres productions que les caravanes apportaient d'abord à Bagdad et à Tauris , et qui de là se disséminaient dans les ports du littoral , fréquentés par les navires latins."
"Au sud de l'empire d'Iconium se trouvait une contrée moins favorisée par la nature [...] et dont le sol , quoique fertile, ne fournit guère à l'exportation, durant le moyen âge, que du vin , des raisins secs, quelques grains et
du coton ; ce dernier produit , toutefois , d'excellente qualité (4) : c'était la Petite -Arménie, l'ancienne Cilicie"
Extraits de
de Mas-Latrie Louis. Des relations politiques et commerciales de l'Asie Mineure avec l'île de Chypre, sous le règne des princes de la maison de Lusignan (premier article).. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1845, tome 6. pp. 301-330.
doi : 10.3406/bec.1845.451833
url :
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 6_1_451833XIIIème:Inventaire d'un navire de commerce sicilien en 1294
C'étaient, en fait de marchandises, des cuirs de bœufs, de chameaux, des peaux de renards, de chacals peut-être, d'hyènes et de chats sauvages,
des toiles gommées, dites bougrans, empilées sur des pièces de coton teint, des serges et des béguines rouges, dont la couleur tranchait sur les feutres noirs pour chapeaux ou sur les grosses étoffes arabes appelées burde, rayées noir et jaune.
NB : le reste de la lecture est très intéressant pour les amateurs de fringues. On lit notamment que le capitaine était fort coquet, vêtu de soie.
Ce point va figurer dans "costume".
Extrait de
de La Roncière Charles. Un inventaire de bord en 1294 et les origines de la navigation hauturière.. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1897, tome 58. pp. 394-409.
doi : 10.3406/bec.1897.447901
url :
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 8_1_447901Un texte très accessible en français sur "Les réseaux maritimes de Venise à la fin du Moyen Age" :
http://mahan.wonkwang.ac.kr/medsociety/ ... rks/03.htmLes sources sont mentionnées de façon détaillée et il y a de nombreuses et instructives références à tout le commerce du coton.
On notera en passant une petite remarque :
"La coque qui a été introduite en Méditerranée à la fin du XIIIe siècle, représente le navire rond utilisé le plus souvent pour le transport des marchandises comme le coton, tandis que la galée, navire long, transportait les produits de luxe comme les épices, la soie, etc,"
Donc au XIIIème, au moins pour Venise, le coton n'est pas une marchandise de luxe ; ça confirme d'autres éléments : on a des tissus de coton pour les gens modestes, voire limite pauvres dans l'Italie du XIIIème.
XIVème, Avignon: du coton pour emballer des "viretons" (des carraux d'arbalète, semble-t-il) au XIVème
"Les viretons paraissent provenir d'Italie et sont importés en grosses quantités. Ils valaient 5 florins le mille.
Quatre balles arrivées de Florence, en septembre 1368, en contiennent 8,500, ainsi que 500 flèches 2. Vers la même époque, quatre caisses contiennent 12,000 viretons non soudés (?) « no saldati »,' de Gênes,
à 6 livres 15 sous génois le mille. Ils sont emballés dans du coton qui a coûté 3 sous 4 deniers la livre."extrait de
Brun Robert. Notes sur le commerce des armes à Avignon au XIVe siècle. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1951, tome 109. pp. 209-231.
doi : 10.3406/bec.1951.449441
url :
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 9_2_449441extrait d'un traité de 1353 entre arabes (tunisiens ?) et pisans :
L'article 4 du texte arabe dispose que les Pisans payeront 10% comme droit unique et fixe sur leurs importations. Et l'article 29, rattaché implicitement au précédent, déclare que
les Pisans, vendant du coton, du lin ou toute autre marchandise évaluée au poids, n'auront à donner aux douaniers ou aux drogmans, ni gratifications, ni prélèvements en nature quelconque.
de Mas-Latrie Louis. De l'authenticité et de la fidélité des rédactions chrétiennes des traités conclus entre les Arabes et les chrétiens au Moyen Âge.. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1867, tome 28. pp. 425-454.
doi : 10.3406/bec.1867.446194
url :
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 8_1_446194Pour les personnes qui avaient encore un doute, il apparait que le marché du coton aux XIIIème et XIVème est un marché très vaste, à cheval entre les pays, voire les continents, entre les religionx aussi, et "pilotés" par les Italiens (au sens large). On est sans aucun doute sur un marché de gros volumes, avec des échanges sur des très grandes distances, bien loin de la légende des productions locales au MA et là, c'est d'autant plus intéressant qu'on est manifestement sur un marché de masse, avec des choses d'un usage courant et de peu de valeur (au moins en Italie).
Le soucis, dans les études des courants marchands est que les chercheurs s'attachent et focalisent sur "l'or, la soie, les épices", alors que en réalité, 90% du commerce sont essentiellement des "choses courantes", de masse, sans pas forcément chères si ce n'est que la marge bénéficiaire se récupère sue la "masse" vendue. (Rien de bien neuf sous le soleil...)
XIIIème- XIVème:Fagniez Gustave. Essai sur l'organisation de l'industrie à Paris aux XIIIe et XIVe siècles [troisième article].. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1874, tome 35. pp. 478-542.
doi : 10.3406/bec.1874.446573
url :
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 5_1_446573Travail en chambre. — [...] En outre, le travail en chambre, qui répugnait tellement à l'esprit méfiant de la législation industrielle, n'était pas cependant interdit dans tous les métiers. Ainsi les lormiers faisaient coudre leurs harnais hors de chez eux 2.
Les chapeliers de coton employaient aussi des ouvriers en chambre l . Les merciers donnaient leur soie à des ouvrières qui la filaient et la travaillaient à domicile
NB: très intéressant que les "chapeaux" étaient aussi fait de coton!
XVème:utilisation de coton pour préparer le cadavre du Duc de Berry avant ses obsèques (juin 1416) :
"Herbiers et chirurgiens [...] emplissent le corps d'une composition dans laquelle entrent douze livres de farine de fèves, une livre d'oliban, une livre de « mierre » fin, une livre d'encens fin, une livre de mastic fin, une livre d'amome, une livre de « militilles», une livre de bol d'Arménie, une livre de sang-dragon, une livre de noix de cyprès, plusieurs herbes odorantes, une demi-once de vif argent , une quarte d'eau de rose, une livre de camphre, deux livres de musc, deux livres de colophane, deux livres de poix noire et
douze livres de coton"
extrait de
Lehoux Françoise. Mort et funérailles du duc de Berri (juin 1416). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1956, tome 114. pp. 76-96.
doi : 10.3406/bec.1956.449538
url :
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 4_1_449538extrait de l'inventaire de Charles VI, 1422 :
- Item, une coustepointe de boucassin 5 rayée de soye blanche, de quatre aulnes de long et iij aulnes iij quartiers de lé, doublé de toille blanche ; prisé
— Item, une petite coustepointe de boucassin blanc, à deux compaz ou millieu et à rosettes, contenant xj quartiers de long ou environ.
[...]
5. Le boucassin était une étoffe de coton ou de lin, entre le treillis et le bou- gran, servant ordinairement de doublure. (Voy. Diet, de Trévoux.)
Guiffrey Jules. Inventaire des tapisseries du roi Charles VI vendues par les Anglais en 1422 [premier article].. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1887, tome 48. pp. 59-110.
doi : 10.3406/bec.1887.447479
url :
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 8_1_447479Extrait de l'inventaire des biens de Charlotte de Savoie, reine de France, 1483
"ung coffre grant, à fest, ferré de fer blanc, fermant à clef, ouquel a esté trouvé
une pièce de toille de coton contenant dix aulnes, extimée à xxv s. t. laulne par la Mascherelle."
Tuetey Alexandre. Inventaire des biens de Charlotte de Savoie (suite et fin).. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1865, tome 26. pp. 423-442.
doi : 10.3406/bec.1865.461997
url :
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 6_1_461997NB : il y a tout plein de textiles et la 1ère partie est là : url :
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 6_1_446003