Techniques de tissage et de teinture au MA

29 Déc 2010, 09:43

Juste pour ceux qui tombent sur des textes latins médiévaux et qui veulent un peu comprendre , la toile de laine est a cette époque le sagum ou encore saium, saia, saya, assaia, essaia , (donc saia c'est pas de la soie) et c'est souvent de la laine peignée. Pour tisser on emploie un fil que l'on nomme filum ou filetum ou filacia lana ou encore lana ad filandum; on utilisera un fil de chaine dit stamen ou tela et un fil de trame : trama, on obtiendra alors un pannus.
Très tôt on va tisser en losange en utilisant un fil de chaine long peigné et un fil de trame court lainé et on obtiendra du sargium ou pannus de worstede ou vocatus sargium ou tout simplement serge ( en 1105 déja)
Ensuite on fera subir au pannus un foulage dit à cette époque fullatio ou fullonia ou fullature avec de la terra fullonis ( terre à foulon ) qui est un silicate d'allumine aqueux et des marteaux de bois puis de fer, dans des moulins dit molendinum ad fullandum ou fullonis.
Il y a beaucoup de textes latins qui parlent des tissus mais assez peu d'illustrations.

29 Déc 2010, 16:02

Parmi les non foulés on connait assez bien la bure qui est souvent ( mais pas toujours ) associée aux robes des ordres religieux avec sa réputation de rugosité justement parce qu'elle n'est pas foulée. Et puis on n'oubliera pas tous ces anciens tissus de chanvre, ou de mélange chanvre laine avant de trouver les mélanges chanvres coton, on les appelait toile de chande, plein, repoil, chavouit, droguet, poulangeon, barrage, barracan, et autres tissus anciens dans lesquels on mettait à la maison les poils de tous les animaux en possédant, chèvre bien sûr, mais aussi lapin, et autres plantes ligneuses comme l'ortie ou le chardon, et le lin bien entendu dont le rouissage à l'eau est connu depuis l'antiquité comme celui du chanvre pour son odeur si " agréable".
Encore beaucoup de travail de recherche et d'expérimentation en perspective....

30 Déc 2010, 20:54

Parmis les expériences à faire sans de grandes connaissances en chimie actuelle, il y a un bon livre pour s'amuser à la teinture: le " nouveau manuel du teinturier " par Armand Denis Vergnaud, " nouveau " datant de 1837, il teint la laine, la soie , le coton, le lin le chanvre, et explique tout du dégraissage au mordant, aux produits de teinture etc. Pour ceux qui veulent tenter le coup , pourquoi pas faire sa propre couleur ?
Comme c'est plus sous droit d'auteur on peut télécharger
http://books.google.fr/books?id=NGIfSbCb-HYC&printsec=frontcover&dq=manuel+du+teinturier&source=bl&ots=Cfd-4EKcDn&sig=QV-WFIn4zqz2BPcjlFH1Mq1omYo&hl=fr&ei=T-AcTc-qKcOBOt_ixOgI&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CB4Q6AEwAQ#v=onepage&q&f=false
Bon amusement.

31 Déc 2010, 10:54

Et je rajouterai, celà tache...
Ouahhh le nouveau avatar , t'es certaine que c'est toi ? Bisous et bonne année 2011

01 Jan 2011, 16:25

Tu exagères toujours , j'adore........ ceci dit fait attention à l'utilisation des mordants dans la teinture celà te donne un joli sourire.
Bon pour rester dans le sujet, j'ai expérimenté la teinture à la cochenille, efficace , mais bien que celà vienne du nouveau monde j'aimerai savoir si il y a des traces d'utilisation du kermes dans nos pays européen au moyen âge ou avant.

01 Jan 2011, 19:59

yrwanel a dit :Yep! très chouette, avec le mérite que c'est avant l'invention des colorants de synthèse!

Il faut "trier" pour le MA les plantes qu'il n'y avait pas (celles du nouveau monde).

Sinon:
- les livres de Garcia
- le monde des teintures naturelles de D. Cardon (là il y a aussi un historique, mais moins de recette précise)

Ceux qui se lancent dans les teintures naturelles doivent retenir une chose: cela PUE!
(=> cela peut faire soucis avec les voisins)

en expérimentation, fouillez là: http://casado81.skyrock.com/

BRAVO le blog c'est tout simplement genial !!
de + j'ai suivi le fil de ce poste et vraiment ça fait plaisir..!

02 Jan 2011, 19:38

La cochenille d’Europe.
La teinture rouge à la cochenille ne viendra en Europe qu’après la découverte du nouveau monde, cette « bestiole » qui vit sur le cactus n’est pas utilisé au moyen âge.
Mais nous avons un équivalent à cette époque qui est la larve et la femelle du Kermes vermilio, on l’appelle Kermès à cause de son origine orientale mais en Italie on le nomme « cremisi » et en France le « cramoisi ».
Cet animal qu’on appelait en latin le « kermes vermilium » , vermilium pour petit ver ou, vous l’aurez compris, en français vermillon, vit sur un chêne ( le quercus coccifera) sur les branches, et c’est la femelle qui donne un rouge écarlate. On réduisait en poudre les petites boules formées sous la branche, et on obtenait une poudre colorante que l’on incorporait à l’alun. C’est l’acide carminique qui est en fait le colorant de cette « bestiole » et pour obtenir un rouge plus vermillon on mettait en plus du vinaigre ou du citron.
On utilisait aussi ce colorant en peinture car sa stabilité est excellente dans de l’eau gommée ou au blanc d'oeuf.


bernarddeluxembourg comte Messages: 510 Inscrit le: 28 Oct 2010, 01:00 Localisation: Luxembourg	29 Déc 2010, 09:43 Juste pour ceux qui tombent sur des textes latins médiévaux et qui veulent un peu comprendre , la toile de laine est a cette époque le sagum ou encore saium, saia, saya, assaia, essaia , (donc saia c'est pas de la soie) et c'est souvent de la laine peignée. Pour tisser on emploie un fil que l'on nomme filum ou filetum ou filacia lana ou encore lana ad filandum; on utilisera un fil de chaine dit stamen ou tela et un fil de trame : trama, on obtiendra alors un pannus. Très tôt on va tisser en losange en utilisant un fil de chaine long peigné et un fil de trame court lainé et on obtiendra du sargium ou pannus de worstede ou vocatus sargium ou tout simplement serge ( en 1105 déja) Ensuite on fera subir au pannus un foulage dit à cette époque fullatio ou fullonia ou fullature avec de la terra fullonis ( terre à foulon ) qui est un silicate d'allumine aqueux et des marteaux de bois puis de fer, dans des moulins dit molendinum ad fullandum ou fullonis. Il y a beaucoup de textes latins qui parlent des tissus mais assez peu d'illustrations.
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bernarddeluxembourg comte Messages: 510 Inscrit le: 28 Oct 2010, 01:00 Localisation: Luxembourg	29 Déc 2010, 16:02 Parmi les non foulés on connait assez bien la bure qui est souvent ( mais pas toujours ) associée aux robes des ordres religieux avec sa réputation de rugosité justement parce qu'elle n'est pas foulée. Et puis on n'oubliera pas tous ces anciens tissus de chanvre, ou de mélange chanvre laine avant de trouver les mélanges chanvres coton, on les appelait toile de chande, plein, repoil, chavouit, droguet, poulangeon, barrage, barracan, et autres tissus anciens dans lesquels on mettait à la maison les poils de tous les animaux en possédant, chèvre bien sûr, mais aussi lapin, et autres plantes ligneuses comme l'ortie ou le chardon, et le lin bien entendu dont le rouissage à l'eau est connu depuis l'antiquité comme celui du chanvre pour son odeur si " agréable". Encore beaucoup de travail de recherche et d'expérimentation en perspective....
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bernarddeluxembourg comte Messages: 510 Inscrit le: 28 Oct 2010, 01:00 Localisation: Luxembourg	30 Déc 2010, 20:54 Parmis les expériences à faire sans de grandes connaissances en chimie actuelle, il y a un bon livre pour s'amuser à la teinture: le " nouveau manuel du teinturier " par Armand Denis Vergnaud, " nouveau " datant de 1837, il teint la laine, la soie , le coton, le lin le chanvre, et explique tout du dégraissage au mordant, aux produits de teinture etc. Pour ceux qui veulent tenter le coup , pourquoi pas faire sa propre couleur ? Comme c'est plus sous droit d'auteur on peut télécharger http://books.google.fr/books?id=NGIfSbCb-HYC&printsec=frontcover&dq=manuel+du+teinturier&source=bl&ots=Cfd-4EKcDn&sig=QV-WFIn4zqz2BPcjlFH1Mq1omYo&hl=fr&ei=T-AcTc-qKcOBOt_ixOgI&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CB4Q6AEwAQ#v=onepage&q&f=false Bon amusement.
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bernarddeluxembourg comte Messages: 510 Inscrit le: 28 Oct 2010, 01:00 Localisation: Luxembourg	31 Déc 2010, 10:54 Et je rajouterai, celà tache... Ouahhh le nouveau avatar , t'es certaine que c'est toi ? Bisous et bonne année 2011
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bernarddeluxembourg comte Messages: 510 Inscrit le: 28 Oct 2010, 01:00 Localisation: Luxembourg	01 Jan 2011, 16:25 Tu exagères toujours , j'adore........ ceci dit fait attention à l'utilisation des mordants dans la teinture celà te donne un joli sourire. Bon pour rester dans le sujet, j'ai expérimenté la teinture à la cochenille, efficace , mais bien que celà vienne du nouveau monde j'aimerai savoir si il y a des traces d'utilisation du kermes dans nos pays européen au moyen âge ou avant.
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La Trogne comte Messages: 583 Inscrit le: 04 Mai 2009, 01:00	01 Jan 2011, 19:59 yrwanel a dit :Yep! très chouette, avec le mérite que c'est avant l'invention des colorants de synthèse! Il faut "trier" pour le MA les plantes qu'il n'y avait pas (celles du nouveau monde). Sinon: - les livres de Garcia - le monde des teintures naturelles de D. Cardon (là il y a aussi un historique, mais moins de recette précise) Ceux qui se lancent dans les teintures naturelles doivent retenir une chose: cela PUE! (=> cela peut faire soucis avec les voisins) en expérimentation, fouillez là: http://casado81.skyrock.com/ BRAVO le blog c'est tout simplement genial !! de + j'ai suivi le fil de ce poste et vraiment ça fait plaisir..!
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bernarddeluxembourg comte Messages: 510 Inscrit le: 28 Oct 2010, 01:00 Localisation: Luxembourg	02 Jan 2011, 19:38 La cochenille d’Europe. La teinture rouge à la cochenille ne viendra en Europe qu’après la découverte du nouveau monde, cette « bestiole » qui vit sur le cactus n’est pas utilisé au moyen âge. Mais nous avons un équivalent à cette époque qui est la larve et la femelle du Kermes vermilio, on l’appelle Kermès à cause de son origine orientale mais en Italie on le nomme « cremisi » et en France le « cramoisi ». Cet animal qu’on appelait en latin le « kermes vermilium » , vermilium pour petit ver ou, vous l’aurez compris, en français vermillon, vit sur un chêne ( le quercus coccifera) sur les branches, et c’est la femelle qui donne un rouge écarlate. On réduisait en poudre les petites boules formées sous la branche, et on obtenait une poudre colorante que l’on incorporait à l’alun. C’est l’acide carminique qui est en fait le colorant de cette « bestiole » et pour obtenir un rouge plus vermillon on mettait en plus du vinaigre ou du citron. On utilisait aussi ce colorant en peinture car sa stabilité est excellente dans de l’eau gommée ou au blanc d'oeuf.
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