La serrurerie

infos et discussions sur les sciences et techniques développées au moyen-âge
test
Avatar de l’utilisateur
Giovanni del Rossiglione
Modérateur
 
Messages: 3052
Inscrit le: 11 Mars 2008, 01:00
Localisation: Méru

Message12 Juil 2009, 07:49

Cela fait quelque temps déjà que je travaille sur l'historique de la serrurerie. Métier qui me tient particulièrement à cœur, et ceci pour plusieurs raisons, la première est que c’est ma première formation, c’est le métier tout premier métier que j’ai appris. La seconde est que j’ai toujours étais intrigué par les métiers qui découlent de celui-là.
Si nous regardons avec plus d’attention les métiers du fer, nous avons le febure ancêtre du forgeron qui par la force des choses va se deviser au gré des spécialités en maréchal-ferrant, en armurier et en serrurier ; Tous trois sont et reste des forgerons car leur travail découle naturellement de la forge. Mais si le maréchal-ferrant est resté le maréchal-ferrant, l’armurier, lui, a pris plusieurs chemins au gré des besoins et de l’évolution historique. De l’armurerie on passe à l’haubergier, au heaulmier, et plus tard au batteur d’armures. C’est vrai que ceci est un raccourci. Puis nous arrivons au métier de serrurier.
La serrurerie de l’antiquité a la fin du XIe siècle environ était responsable de tous les travaux touchant le fer, à part bien sur ceux relevant des métier cité ci-dessus. Pour mémoire : le serrurier faisait pratiquement tous les ustensiles ménager en métal, tel que les chaudron, les crémaillères, les couteaux, les chenets les grilles et autres. Les ferrures de porte, les grilles de défense, les renforts de herses. Ainsi que tous les outils, de ceux utilisés par les barbiers à ceux utilisés par l’agriculteur. Sans oublier bien sûr leur chef-d’œuvre, je veux parler de la serrure, qui du simple verrou à la serrure à bosse la plus sophistiquée reste une œuvre d’art à part entière.

Au XIIe siècle les choses changent peu, mais à la fin de ce siècle on voit apparaître déjà les premières scissions. Je veux parler de l’apparition de plus en plus marqué des taillandiers qui se spécialisent dans la fabrication de tout ce qui est outillage de coupe, tel que la faux, la hache. Puis viennent les autres outils tel que les socs de charrues, les fers de pelles, les pics, etc. Les couteliers suivent et les Greiffiers se font une spécialité de tout ce qui est ferrures de porte et grilles de protection.  

Dans son livre des métiers, Etienne Boileau recense dans les métiers du fer :
Les ferrons, les févres, les maréchaux, les veilliers, les greiffiers, les heaulmiers, les grossiers, le couteliers et enfin le serruriers.

Les serruriers comme les autres métiers sont regroupés en corporation, quand certains sont en confrérie. On emploie généralement d'une manière indifférente les mots corporation et confrérie. C'est une erreur, car le premier terme s'applique à l'organisation civile de ces groupes d'artisans (on pourait comparer cela avec une mutuelle syndicale), tandis que le second concerne des laïques dont l'association est fondée sur des principes religieux.

On retrouve trace d'une réunion d'ouvriers travaillant le fer au IXe siècle : le plan de l'abbaye de Saint-Gall marque l'emplacement des ateliers destinés aux forgerons.
À Saint-Riquier, les serruriers habitaient la ville qui s'était formée autour de l'abbaye, montrant ainsi dans quelle liberté ils se sentaient envers les abbés.

Organisation de la corporation des serruriers parisiens. Statuts et règlements des serruriers, établis à la mie siècle (XIIIe) par Étienne Boileau.

Au temps de Saint Louis, 101 métiers divers furent réglementés. Les serruriers furent divisés en deux groupes (déjà !):

1 — Les serruriers proprement dits, ou serruriers du bâtiment.
2 — Les serruriers boîtiers, ou fabricants de serrures destinées à la fermeture des coffres et des meubles.


1.   Peut être serrurier à Paris qui veut, pourvu qu'il ait acheté le métier du roi. Ce sont les maîtres maréchaux de sa forge à qui le roi l'a donné pour le temps qu'il lui plaira, qui vendent ce métier à l'un plus, à l'autre moins, jusqu'à 5 sous, somme qu'ils ne peuvent dépasser et en payant de plus, auxdits maîtres maréchaux, 1 denier chaque année, pendant l'octave de la Pentecôte.

2.   Nul serrurier ne peut vendre à Paris serrure neuve, si elle n'est garnie de toutes ses gardes, car elle serait défectueuse.

3.   Nul serrurier ne peut faire de clef de serrure, si cette serrure n'est devant lui, dans son atelier.

4.   Nul serrurier ne peut travailler qu'à la lumière du jour aux objets qui appartiennent au métier de serrurerie, car la lumière avec laquelle on s'éclaire la nuit n'est pas suffisante pour faire œuvre délicate, comme il appartient au métier de serrurerie, et l'on pourrait soupçonner l'ouvrier de faire des fausses clefs ou d'autres mauvaises œuvres du métier (C'est de là que vient l'expression du travail au noir !).

5.   Quiconque est serrurier à Paris, peut avoir autant de compagnons et d'apprentis qu'il lui plaira.
Quiconque manque ou contrevient aux règlements qui précèdent paiera 5 sous d'amende au prévôt de Paris et 4 deniers au maître des maréchaux susdit. D'où qu'elles viennent pour être vendues à Paris, les serrures mal garnies seront détruites ou brûlées (serrures en bois).

6.   Les serruriers doivent le guet et toutes les redevances que les autres bourgeois doivent au roi. Par exception, les hommes du métier qui ont dépassé l'âge des 60 ans ne doivent pas le guet, ni ceux dont la femme est en couches, pendant tout le temps qu'elle serait alitée (ce qui sous-entend que l'on vivait assez vieux au M.A.).

7.   Pour garder ce métier, sont établis par les prud'hommes du métier : Henri de Saint-Marcel et Thomas de Clairvaux, qui veilleront aux droits et redevances du roi et du métier ; ils seront quittes du guet, s'il plaît au roi et au prévôt de Paris.

8. Les serruriers ne doivent aucun impôt sur ce qu'ils vendent ou achètent, concernant leur métier (quel beau métier !).

1.   Il peut être serrurier, fabricant de serrures en cuivre pour boîtes, écrins, étuis à hanaps, tables et coffres, celui qui le veut, pourvu qu'il connaisse le métier et qu'il dise de quoi travailler.

2.   Quiconque appartient à ce métier ne peut avoir qu'un seul apprenti, qu'il ne peut prendre à moins de sept années de service avec une redevance de vingt sous, ou de huit années de service, sans exiger d'argent.

3.   Quiconque est du métier susdit ne peut ni ne doit travailler la nuit, car la lumière artificielle n'est pas suffisante pour les ouvrages du métier. Celui qui contreviendrait à cet article du règlement serait à l'amende, au profit du roi, de 5 sous parisis pour les maîtres, et de 2 sous pour les valets, toutes les fois qu'il serait surpris en contravention.

4.   Les ouvriers du métier susdit doivent quitter leur travail le samedi au dernier coup de cloche des vêpres de la paroisse où ils demeurent. Et celui qui travaillerait passé cette heure, soit maître, soit ouvrier, paierait l'amende ci-dessus fixée, toutes les fois qu'il serait pris en faute.

5.   Si l'apprenti de l'un des maîtres de ce métier s'enfuit par caprice ou bien va hors du pays, son maître est tenu de le chercher pendant une journée à ses frais. Le père de l'apprenti, ou celui qui en répond, le doit chercher une autre journée à ses frais ; et s'il ne peut le trouver, le maître doit se passer de son apprenti jusqu'à la dernière année de service qu'il devait. Si l'apprenti revient, son maître doit le reprendre et l'apprenti lui devra, en plus des conventions, tout le temps qu'il lui aura fait défaut, quel que soit le moment du retour. Si le métier déplaît à l'apprenti, il abandonnera le métier en faisant le serment de ne plus l'exercer. Il remboursera à son maître toutes les dépenses faites pour lui et le dédommagera entièrement, avant de pouvoir mettre la main à un autre métier dans la ville de Paris.

6.   Si quelqu'un du métier fait une serrure sans ressort et sans garnitures, cette serrure sera mauvaise et devra être détruite. Celui qui l'aura faite sera à l'amende de 6 sous parisis à payer au roi, chaque fois qu'il aura été reconnu en faute.

7.   Quiconque est serrurier de ce métier ne peut ni ne doit réparer une vieille serrure, soit pour un gainier, un mercier ou un fabricant de coffres, à moins qu'il ne soit sûr que cette serrure leur appartienne et est à leur usage. Celui qui le ferait, serait frappé d'une amende de 5 sous parisis à payer au roi, toutes les fois qu'il serait ainsi en faute. Et cela a été ordonné par les prud'hommes du métier, parce que les merciers, gainiers et fabricants de coffres prenaient de gros salaires pour la réparation des vieilles serrures qu'ils apportaient à réparer aux maîtres du métier, en leur payant moins de la moitié de ce qu'ils recevaient, de telle sorte que les gens du métier n'avaient pas un salaire suffisant.

8.   Si quelque homme étranger, sachant le métier susdit, vient à Paris pour travailler de ce métier, il convient qu'il prouve, devant les maîtres du métier, qu'il est capable et qu'il a travaillé sept ans ou plus, avant de mettre la main à l'ouvrage dans la ville de Paris. Et celui qui le mettrait en œuvre avant que les preuves indiquées ci-dessus aient été fournies, serait à l'amende de 5 sous parisis, toutes les fois qu'il commettrait la même faute.

9.   Les prud'hommes du métier susdit se sont accordés pour que le prévôt de Paris mette et ôte, dans leur métier, un prud'homme désigné pour garder le métier de par le roi, lequel jurera, sur les Saints Évangiles, qu'il gardera le métier bien et loyalement et qu'il fera connaître le plus tôt possible, au prévôt de Paris ou à son représentant, toutes les infractions commises contre les règlements du métier.

10.  Le prud'homme qui garde le métier doit être quitte du guet, s'il plaît au roi, pour la peine et pour le travail que lui donne la garde du métier. Les hommes du métier qui ont dépassé 60 ans ne doivent plus faire le guet.

11. Les hommes du susdit métier doivent au roi les redevances que les autres bourgeois de Paris lui doivent.


Les statuts des serruriers parisiens furent modifiés à plusieurs reprises

En 1393, le prévôt de Paris établit les serruriers en un seul corps, ordonne le chef-d’œuvre imposé pour la réception à la maîtrise.
En 1543, les statuts des serruriers furent confirmés par lettres patentes du roi François ler.
L'article VI de ce règlement punit corporellement l'ouvrier qui a fabriqué de fausses clefs. Le malheureux pouvait être pendu, et l'inscrïption « crocheteur de portes » était attachée à la potence du supplicié.

L'article XXV s'occupe des ouvertures de portes et de meubles pour lesquelles le serrurier est souvent appelé. Il faut que le serrurier opère en présence du maître ou de la maîtresse de la maison, sous peine de prison, ou même de châtiment corporel.
Des nouvelles lettres patentes furent accordées aux serruriers, en 1557, par Henri II. Elles donnent le droit aux jurés du métier de visiter les magasins des merciers qui vendaient des serrures et cela pour faire échec « aux crachotements et effondrements de maisons et de portes et au déguisement des clefs et des serrures ».

En 1579, un arrêt du Parlement, « réglant les ouvrages des serruriers et des taillandiers », donne la nomenclature des objets que chacun de ces métiers peut fabriquer. Le serrurier a « la manufacture des ouvrages de ferrures, clefs, ligatures et fermetures de maisons ».
Les gros fers y sont détaillés, puis viennent « des potences à porter fardeaux, des treillis pour les fenêtres », des ferrures de portes et croisées, «des harnois de cloches, des ferrures de coches et de chariots », etc.

Aux deux métiers appartiennent indifféremment « les ouvrages qui suivent, à savoir : les chenets, pelles, tenailles, fourches, crémaillères, broches, grilles, réchauds, fermetures de pressoirs, ustensiles de moulins, ferrures de lanternes. Ils peuvent monter des chenets de cuivre, ferrer des seaux et autres. »
On peut donc voir que les serruriers n'étaient pas seulement des faiseurs de serrures ou de grilles, mais aussi des fabricants d'outils et d'objets domestiques.
En 1580, le roi Henri III promulgua un édit tendant à la réglementation des corporations et établissant des maîtrises dans toutes les villes et bourgs de son royaume sur le modèle de celles qui étaient établies à Paris.

En 1581, Henri III établit les Arts et Métiers en maîtrise et communauté. Il prit également soin de régler les formalités qui devaient être accomplies pour passer maître, telles que l'apprentissage et le chef-d’œuvre.

En 1650, les statuts de la Corporation des serruriers sont rétablis en 68 articles, par ordre de Louis XIV.

On y remarque :
—   La création d'une charge de syndic. Cet officier surveille les jurés et est le premier dignitaire de la Corporation.
—   La descrïption des formalités à observer pour la réception des chefs-d’œuvre.
—   La nomenclature des ouvrages que peuvent exécuter les serruriers.
—   La proscrïption des serrures en bois.
—   La défense d'entreprendre des bâtiments complets, « la clef à la main ».
—   Poussé par un esprit intolérance. Louis XIV obligea tous les marchands et artisans à être catholiques.
—   Cette attitude obligea une quantité d'artisans, souvent émérites, d'aller porter à l'étranger les secrets de notre industrie et surtout de notre art, dont le bon goût et la délicatesse étaient universellement reconnus.
—   En 1761, une ordonnance de police du 19 avril défendit à tous les marchands de répandre et de distribuer aucun billet pour annoncer la vente des objets de leur commerce, sous peine de 300 livres d'amende pour la première fois, et de fermeture de leur boutique en cas de récidive.
—   Toutes les corporations furent supprimées par l'édit du mois de février 1776. Quelques mois plus tard, le 23 août 1776, Louis XVI rétablit les communautés, mais avec de profondes modifications. Ainsi, il réunit tous les métiers qui présentaient une analogie, et nos pauvres serruriers, perdant leur autonomie, furent réunis aux taillandiers et aux maréchaux grossiers.

Les serruriers parisiens
Le titre de serrurier de la ville, faubourgs et banlieue de Paris, était fort recherché, et à juste titre, car, outre l'honneur qu'il y avait à pouvoir se qualifier de serrurier parisien, de grands avantages étaient attachés à cette qualité. Un serrurier qui avait été reçu maître à Paris pouvait s'établir dans toutes les villes du royaume. Il pouvait fabriquer, vendre et débiter en boutique ouverte tous les ouvrages dépendant de son métier. Il avait le droit de former des apprentis et marchait de pair avec les maîtres de la ville, dont il devait partager les privilèges.
En raison de la difficulté d'arriver à la maîtrise. qui était la condition essentielle pour travailler, un des abus les plus fréquents a été la location du privilège de maître. Un serrurier qui ne pouvait pas ou ne voulait pas travailler prêtait son nom et son établissement à un particulier plus ou moins étranger à la corporation, qui l'exploitait à son profit. À tout moment, on a été obligé de sévir contre des maîtres qui laissaient tenir leur boutique par des aspirants à la maîtrise.
L'arrêt du règlement du 15 mars 1723 condamna les contrevenants à avoir leur boutique fermée pendant un mois, et ceux qui récidivèrent durent être déchus de la maîtrise.
Dans l'édit d'août 1776, nous trouvons une mesure singulière pour l'époque, qui est l'admission des femmes dans la communauté d'hommes, et réciproquement. On leur interdisait seulement d'exercer aucune charge et de participer aux assemblées, excepté les veuves. Cette mesure semble s'être adressée surtout aux métiers d'horlogers ou de graveurs, qui nécessitaient plus d'adresse que de force physique.
Le même acte défendait de recevoir aucun aspirant à la maîtrise, s'il n'était âgé au moins de vingt ans et ce, sous peine de nullité des réceptions et de perte des droits payés à cet effet.


Réglementation du travail

La disposition des boutiques au Moyen Âge.

La boutique du maître servait à la fois de bureau, pour recevoir ses clients, et d'atelier, pour les ouvriers. Les boutiques, se trouvant au rez-de-chaussée, étaient ouvertes du côté de la voie publique et à son niveau. Rien n'était donc plus facile pour les gardes du métier que de se rendre compte, même sans entrer, de ce qui se passait à l'intérieur.
Interdiction de travailler pendant les heures de nuit.
Au milieu du siècle, la serrurerie était considérée comme l'un des arts les plus minutieux.
Jusqu'à la fin du XVe siècle, il fut expressément défendu aux serruriers de travailler la nuit.
En dehors de toutes considérations ayant pour objet la plus ou moins grande perfection du travail, cette défense était également motivée «par le soupçon que il ne farcent fausse œuvre ou métier », car il était impossible que les jurés qui les surveillaient le jour en fassent autant la nuit.

Les jours chômés.

Dès le milieu du siècle, tout travail devait cesser le samedi, au dernier coup des vêpres, pour reprendre probablement le lundi matin au lever du soleil, et de la même façon la veille de toutes les grandes fêtes.

Le cumul des professions est généralement interdit

Il ne semble pas que les serruriers aient jamais cumulé plusieurs professions, puisque, au contraire, on avait fait deux et même trois corporations distinctes : les serruriers en laiton, les serruriers en fer, et les greffiers (pentures, ancres). Du reste, ces trois classes se sont réunies de très bonne heure sous le nom de la corporation des serruriers.
Le cumul des métiers est resté interdit pendant tout le Moyen Âge et il faut arriver à l'édit de 1776 pour trouver des mesures favorables à l'exercice simultané de plusieurs métiers.

Défense expresse de faire l'ouverture d'une porte en dehors de la présence du maître de la maison
L'ouverture d'une porte par un serrurier a toujours été considérée comme un acte très grave, qui était une véritable violation de domicile s'il s'agissait d'un immeuble, ou une atteinte au droit de propriété si c'était un meuble.
La réformation de 1543 a formulé à ce sujet une règle très sévère. Elle punit de prison, d'amende et même, au besoin, de châtiment corporel les maîtres, compagnons ou apprentis qui ont fait « ouverture de aucune serrure fermant à clef ou loquet, avec crochet ou autres ferrures... si ce n'est en la présence et par le commandement de maître et mais tresse qui voudront faire faire les ouvertures. »

Défense aux gens sans qualité d'entreprendre sur le métier

L'un des principaux devoirs des jurés était de veiller à ce que les gens sans qualité n'entreprissent pas sur le métier de serrurier.
Il était, de plus, défendu à toute personne, de quelle condition ou qualité qu'elle fût, d'avoir chez elle des gens de forge travaillant au métier de serrurier. Ils étaient pour le métier un danger perpétuel, car ils inondaient les marchés de produits défectueux, déconsidérant la communauté, qui en avait le monopole.

Restrictions apportées au commerce des marchands forains.

Les marchands forains faisaient aux serruriers une active concurrence, en apportant à Paris des ouvrages de quincaillerie fabriqués à l'étranger ou dans les provinces de France, telles que la Picardie ou le Forez, qui avaient la spécialité de produire à bon marché de menus ouvrages de serrurerie. Toutefois, pour empêcher le marché parisien d'être inondé de produits inférieurs, il fut décidé en 1392 que nul serrurier forain, de quelque partie qu'il vînt, ne pourrait vendre à Paris aucun ouvrage de serrurier avant qu'il ait été visité par les gardes du métier, pour savoir si la marchandise était bonne et loyale.
Par ce moyen, qui au fond était un système protecteur, on interdisait d'abord l'entrée à toutes les marchandises de mauvaise qualité et, de plus, les jurés ne devaient pas se priver d'user du pouvoir discrétionnaire dont ils jouissaient pour empêcher une trop grande affluence d'objets manufacturés.

Interdiction du colportage

Le colportage était absolument interdit, car il eût été trop commode d'écouler par ce moyen des produits inférieurs, dont les auteurs n'auraient pas été responsables.
Pour éviter que, sous prétexte de livraison de marchandises, on se livrât à ce commerce illicite, les maîtres devaient faire accompagner par un de leurs ouvriers ceux qui portaient les objets chez les clients. Les porteurs de l'ouvrage devaient avoir en possession un papier mentionnant l'adresse de la personne qu'ils devaient livrer.


Les jurés

Attributions générales des jurés

Les jurés étaient des officiers placés à la tête de la corporation. Chargés de la police du métier, ils devaient veiller à l'observation des règlements, éviter l'emploi pour la fabrication de procédés dangereux ou défectueux. Ils réglaient les rapports entre les patrons et les ouvriers.
Ils s'occupaient aussi des apprentis, dont ils surveillaient l'entrée en apprentissage et les changements de maîtres.
Les jurés devaient, en outre, indiquer à l'aspirant son chef-d’œuvre, l'assister dans les formalités de la réception, décider si le chef- d'œuvre présenté par l'aspirant prouvait une connaissance suffisante du métier. Enfin, ils étaient présents au moment de la prestation de serment devant le procureur du roi.

Dernier "enfant" de la serrurerie est l'horlogerie, en toute logique car seuls les serruriers connaissaient la "mécanique", et quand les clepsydres furent remplacées petit à petit par des engins mécanisés, ce sont naturellement les serruriers qui par leur savoir sur de la petite mécanique grâce en autre à leur création de plus en plus sophistiquée de serrure de précision, ont pu naturellement prendre le relais.

Vous vous doutez bien que ceci représent un condensé de mes recherches, car la totalité représente une soixantaine de feuillets.
Pour finir je suis en train de recopier tout ceci (que ce condensé) à la manière et dans le style du codex de Manesse, pour présenter ceci au public lors des prestations.

Merci de votre attention !

Voici une partie du travail.

http://img382.imageshack.us/img382/8593/sanstitrenumrisation01k.jpg    http://img200.imageshack.us/img200/3517/sanstitrenumrisation02.jpg

--Message edité par giovanni del rossiglione le 2009-07-13 07:00:52--
 Par Pari Refertur.
Mourir est vraiment un manque de savoir vivre.

Avatar de l’utilisateur
La Trogne
comte
 
Messages: 583
Inscrit le: 04 Mai 2009, 01:00

Message12 Juil 2009, 19:31

super intéressant cette restitution d'autant que la corporation tion n'est pas des plus connues. Bravo !
http://nsa25.casimages.com/img/2011/04/24/110424075222975943.jpg

Avatar de l’utilisateur
Giovanni del Rossiglione
Modérateur
 
Messages: 3052
Inscrit le: 11 Mars 2008, 01:00
Localisation: Méru

Message13 Juil 2009, 06:13

Et pourtant une des plus puissantes, mais comme le métier était sensible, il se devait d'être très discret.
Même si un maître serrurier "marchait de pair avec les maîtres de la ville, dont il devait partager les privilèges" et avait l'autorisation de porter l'épée sans pour cela être noble, il se devait aussi à une grande réserve, car détenteur de beaucoup de secrets.
C'est un peu pour cela que le métier est mal connu.
 Par Pari Refertur.
Mourir est vraiment un manque de savoir vivre.

Avatar de l’utilisateur
GeraultdArmagnac
baron
 
Messages: 316
Inscrit le: 26 Fév 2009, 01:00
Localisation: VIENNE 38

Message05 Août 2009, 01:10

Bravo. C'est très interessant. Et ton travail de calligraphie et d'enluminures, remarquable !
Tu as tiré tes sources de textes d'origine ou de sources d'auteurs ?
--------------------------------------
Capitaine de la Compagnie des Porte-Peste, 1382
http://porte-peste-1382.jimdo.com/

Avatar de l’utilisateur
Giovanni del Rossiglione
Modérateur
 
Messages: 3052
Inscrit le: 11 Mars 2008, 01:00
Localisation: Méru

Message08 Août 2009, 17:55

Merci de ton intérêt.
Jamais de source d'auteur, car je m'en méfis. Pour la simple et bonne raison qu’un auteur fut-il le plus méticuleux, le plus honnête, le mieux documenté, si, il ne se contente pas de reproduire les textes il fera automatiquement une interprétation, c’est normal, c’est dans l’ordre des choses. Moi-même j’ai été contraint d’interpréter, même si je l’ai très peu fait, on ne peut faire autrement pour rendre un texte lisible.
Il m’est arrivé souvent de prendre une partie du texte quand j’en avais vérifié l’exactitude et c’était plus facile avec Boileau ou bien la partie plus récente où ce n’est que des comptes rendus de textes de loi.
Il est bien entendu que je n’ai pas fini, il me reste pas mal de chose à vérifier, c’est pour cela que je ne présente qu’un condensé, sans plus.

J'oubliais !! les enluminures ne sont pas de moi bien sûr, je n'ai fais que les reproduire, par contre les lettrines sont de moi, et ce n'est pas la même qualité aussi.

--Message edité par giovanni del rossiglione le 2009-08-08 19:24:07--
 Par Pari Refertur.
Mourir est vraiment un manque de savoir vivre.

Avatar de l’utilisateur
Che Khan
baron
 
Messages: 224
Inscrit le: 05 Juin 2009, 01:00

Message22 Août 2009, 08:51

Yo

Merci,  Giovanni del Rossiglione, voila un sujet tout à fait intéressant et qui montre un Moyen Age sous des aspects trop peu connus.

Bien à toi.
Che Khan, l'Archer mongol des Francs Compaings.

Mon site :L'Ordoo du Corbeau Rouge

Scythes, Huns, Türks, Mongols, Peuples Cavaliers d'Asie centrale.

Ma période : 1350 / 1370

Avatar de l’utilisateur
Giovanni del Rossiglione
Modérateur
 
Messages: 3052
Inscrit le: 11 Mars 2008, 01:00
Localisation: Méru

Message22 Août 2009, 17:00

Merci !
Cela nous donne aussi une image d'une société assez bien structurée, et qui en cela balaie l'idée qu'a cette époque c'était un peu le foutoir, et qu'à part les chevaliers, rien n'existait.
 Par Pari Refertur.
Mourir est vraiment un manque de savoir vivre.

Avatar de l’utilisateur
Che Khan
baron
 
Messages: 224
Inscrit le: 05 Juin 2009, 01:00

Message23 Août 2009, 11:13

Giovanni del Rossiglione a dit :Merci !
Cela nous donne aussi une image d'une société assez bien structurée, et qui en cela balaie l'idée qu'a cette époque c'était un peu le foutoir, et qu'à part les chevaliers, rien n'existait.  



Tout à fait ce que je pense, mais n'osait dire !!!!
Che Khan, l'Archer mongol des Francs Compaings.

Mon site :L'Ordoo du Corbeau Rouge

Scythes, Huns, Türks, Mongols, Peuples Cavaliers d'Asie centrale.

Ma période : 1350 / 1370

Avatar de l’utilisateur
manchega
duc
 
Messages: 4112
Inscrit le: 12 Fév 2008, 01:00
Localisation: SAIN BEL

Message13 Oct 2009, 10:25

je suis d'accord avec toi messire Giovanni.
les artisans étaient très bien organisés et pour certains puissants

Avatar de l’utilisateur
Sicard de Puyvert
bourgeois/chevalier
 
Messages: 86
Inscrit le: 20 Mars 2010, 01:00
Localisation: avignon

Message03 Mai 2010, 19:35

mais lesquels étaint les plus puissant?? les corpo ou les confréries.
car en tant que compagnon du devoir je m'interroge vraiment.
je ne suis pas issu d'un metier du metal mais cette question m'interesse
http://gravureotto.unblog.fr

Plutôt mourir que trahir

Avatar de l’utilisateur
Giovanni del Rossiglione
Modérateur
 
Messages: 3052
Inscrit le: 11 Mars 2008, 01:00
Localisation: Méru

Message15 Mai 2010, 11:03

Excuse moi du retard de la réponse, je n'avais pas fais attention qu'il y avait un nouveau message.

On ne peut pas répondre en disant cette corporation est puissante que celà mais moins que celle-ci.
Chaque corporation était importante dans sa partie, tel que les tailleurs de pierre très soutenue par l'église (devines pourquoi ?), les forgerons très prisés par la noblesse (là aussi, devines pourquoi ?
Mais les serruriers avaient "l'avantage" d'être haïs par tous, ou tout au moins très surveillés, par la noblesse qui les suspectait de connaître trop de secrets, pas les bourgeois qui tremblaient pour leur fortune, les gens modestes qui jalousaient leur position. Mais tous savaient bien qu'ils ne pouvaient s'en passer........Position des plus inconfortables s'il en est, il fallait donc bien des compensations, non ?  
 Par Pari Refertur.
Mourir est vraiment un manque de savoir vivre.


Retour vers SCIENCES ET TECHNIQUES MEDIEVALES

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité