18 Juin 2009, 15:08
Le De Revolutionibus orbium coelestium
La première édition du De Revolutionibus orbium coelestium paraît donc à Nuremberg en 1543, année de la mort de Copernic. Le livre ne fut pas un succès de librairie. Il n’y eut en effet que quatre réimpressions en quatre cents ans. L’ouvrage est très difficile à lire, ce qui explique sans doute en partie cet échec.
Le De Revolutionibus se divise en six livres. Le premier contient un plan général de la théorie et deux chapitres sur la trigonométrie des sphères. Le troisième concerne les mouvements de la Terre ; le quatrième les mouvements de la Lune ; le cinquième et le sixième ceux des planètes. On peut résumer ainsi les principes fondamentaux de l’ouvrage : « L’univers occupe un espace fini, borné par la sphère des étoiles fixes. Au centre, se trouve le Soleil. La sphère du Soleil et celle des étoiles fixes sont immobiles. Autour du Soleil tournent les planètes Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter et Saturne, dans cet ordre. La Lune tourne autour de la Terre. La révolution diurne apparente du firmament est due à la rotation de la Terre sur son axe. Le mouvement annuel apparent du Soleil sur l’écliptique est dû à la révolution annuelle de la Terre sur son orbite. Les arrêts et reculs des planètes sont dus à la même raison. Les irrégularités des saisons ont pour cause « les librations » (oscillations) de l’axe terrestre ».
Pour Copernic, la terre a donc un mouvement triple : la rotation diurne, la révolution sur son orbe et la libration. Par ailleurs, il y a deux points fixes : le soleil et les étoiles fixes. En plaçant le Soleil au centre du monde en vertu de sa dignité, Copernic bouleverse entièrement la hiérarchie des lieux du cosmos médiéval et antique, dans lequel la place centrale n’est aucunement la plus honorable, mais au contraire la plus indigne.
La controverse
La publication par Copernic, en 1543, du De Revolutionibus orbium coelestium a ouvert une brèche dans le système aristotélo-ptoléméen. Mais cela ne suffisait pas pour qu’il soit légitimement adopté par tous
Fin du XVIe – début du XVIIe siècle
La publication par Copernic, en 1543, du De Revolutionibus orbium coelestium a ouvert une brèche dans le système aristotélo-ptoléméen. Cela ne suffisait pas pour qu’il soit légitimement adopté par tous.
L’intérêt pratique de l’astronomie résidait en effet essentiellement dans l’établissement de tables calendaires précises, fondées sur le mouvement des astres : or, les tables fondées sur la théorie copernicienne ne présentaient pas à cet égard plus de précision que celles qui étaient obtenues à partir de l’Almageste. Le De Revolutionibus était en outre difficile à comprendre, à exploiter dans la pratique et la réalité du mouvement de la terre sur elle-même et autour du soleil demeurait presque unanimement rejetée comme absurde du point de vue physique.
Aussi la vision géocentriste restait très largement majoritaire au XVIe siècle. C’est uniquement en tant qu’hypothèse mathématique, destinée à sauver les phénomènes, que l’héliocentrisme était le plus souvent considéré comme pertinent. Seuls quelques savants débattent de cette nouvelle vision du monde, défendent ou réfutent les idées coperniciennes. Parmi eux Tycho Brahé.
Le compromis géohéliocentriste de Tycho Brahé
Tycho Brahe (1546-1601) a été l’un des plus grands observateurs de son époque. Il produit son premier résultat en astronomie lorsque, dans la soirée du 11 novembre 1572, il remarque une étoile plus brillante que Vénus au nord-ouest de Cassiopée, à un endroit où la veille il n’y avait aucun astre. Cet évènement astronomique d’importance amène Tycho à publier au début de l’année 1573, le célèbre De Nova Stelladans lequel il montre que l’étoile est plus éloignée que ne le prétendent les savants dans la mesure où elle ne présente pas de parallaxe
Tycho affirme qu’il ne peut pas s’agir d’une comète mais d’une étoile appartenant à la huitième sphère, celle des étoiles fixes. Cette interprétation contredit un axiome fondamental de la science aristotélicienne qui assure que le monde supralunaire n’est soumis à aucun changement.
Pourtant, même si Tycho semble s’opposer à certains aspects de la philosophie des Anciens (bien qu’en 1572 il voie dans cet événement davantage « un miracle » que le cours ordinaire de la nature), il n’adhère pas pour autant à la théorie héliocentrique.
Ses arguments contre le système copernicien seront notamment d’ordre observationnel. Si le déplacement annuel des étoiles fixes est de l’ordre de 1’ d’arc, alors celles-ci sont si éloignées qu’il existe un vaste espace rempli de rien, entre les planètes externes et le firmament, ce qu’il trouve absurde parce que dépourvu de finalité. Par ailleurs, si le diamètre apparent des étoiles fixes est de l’ordre de 1’ d’arc, c’est à dire aussi grand que leur déplacement annuel, cela signifie que lesdites étoiles sont aussi grandes que l’orbite de la Terre autour du Soleil, ce qui lui semble impossible.
En 1588, Tycho Brahe publie le De Mundi Aetherei Recentioribus Phaenomenis, liber secundus dans lequel il expose une étude de la comète de 1577 et propose, en réaction contre le système copernicien, son système géohéliocentrique, dans laquelle la Terre est encore immobile, centre de l’orbite du soleil. Le Soleil est le centre des orbites des autres planètes. Les orbites de Venus et de Saturne sont plus petites que celle du Soleil. L’orbite de Mars coupe celle du Soleil. En 1588, Tycho Brahe n’attache plus les planètes à des sphères solides.
Tycho Brahe était un personnage haut en couleur qui n’hésitait pas à railler et à se moquer de ses adversaires, et notamment les partisans de Copernic, Giordano Bruno et Michel Maeslin. Ainsi, dans une lettre datée du 17 août 1588 et adressée à Christoph Rothmann, Tycho Brahe dénonce les idées d’un certain « Jordan le Nul » (Jordanus Nullanus) sur la question de la matière du Ciel. En réalité, il s’agit d’un jeu de mots désignant Giordano Bruno (1548-1600) et Nola, sa ville natale (Jordanus Nollanus). Dans cette même lettre, Brahe traite par la dérision les travaux de Michel Maestlin (1550-1631) sur les éphémérides.
(Source : cite.sciences)
--Message edité par Godomer de Crest le 2009-06-18 17:13:53--