scribe, peintre et enlumineur: études sur ustensiles, etc...

infos et discussions sur les sciences et techniques développées au moyen-âge
test
Avatar de l’utilisateur
Dame Chlodyne
bourgeois/chevalier
 
Messages: 149
Inscrit le: 06 Sep 2012, 17:44
Localisation: Lyon-Bron

Message04 Déc 2012, 16:42

Bonjour,

J'ai le plaisir de vous annoncer la publication de mon article : Le Broyeur de couleurs. Le peintre et son apprenti, dans le magazine Histoire et images médiévales (HIM) numéro 47, décembre janvier 2012-2013, pp.34-38 actuellement en kiosque chez tous vos revendeurs habituels.

Je serai ravie d'avoir votre avis sur mes petites réflexions concernant les couleurs médiévales.

Bonne lecture
Dame Chlodyne, peintre d'imageries médiévales
http://claudinebrunon.com
http://arhpee.typepad.com/enluminure
Groupe enluminure/calligraphie : https://www.facebook.com/groups/1425864087660078/

yrwanel
duc
 
Messages: 3738
Inscrit le: 25 Nov 2010, 01:00

Message04 Déc 2012, 18:10

Bravo!

:content-29:

Avatar de l’utilisateur
Dame Chlodyne
bourgeois/chevalier
 
Messages: 149
Inscrit le: 06 Sep 2012, 17:44
Localisation: Lyon-Bron

Message07 Jan 2013, 17:56

Des couleurs pour l'apprenti

Je vous livre une réflexion que j'ai en ce moment. Je suis plongée dans les livres de recettes de couleurs pour mon livre : 'Le Vaisselier du peintre. Les contenants des couleurs. Et j'en suis au chapitre sur les récipients de conservation des couleurs. En recherchant le verbe conserver dans les formules, j'ai constaté que l'auteur du manuscrit s'adressait parfois au lecteur qui fabriquait les couleurs. Je suppose qu'il s'agit d'un élève car le peintre avait des apprentis. Ils apprenaient à fabriquer les couleurs et à les broyer. Lorsqu'un apprenti faisait des pigments et des couleurs pour le maître, il pouvait en conserver certaines pour son usage personnel. C'est ce que nous apprennent ces textes.
Ces couleurs sont entre autres celles de recettes pour la purification du lapis lazuli, pour une encre faite avec du noir de fumée, pour du vert-de-gris conservé dans un cornet de bronze avec un peu de safran, pour la laque rouge de kermès, pour une couleur rose, pour l'azur de tournesol ou folium (fait avec la Chrozophora tinctoria).
Dame Chlodyne, peintre d'imageries médiévales
http://claudinebrunon.com
http://arhpee.typepad.com/enluminure
Groupe enluminure/calligraphie : https://www.facebook.com/groups/1425864087660078/

yrwanel
duc
 
Messages: 3738
Inscrit le: 25 Nov 2010, 01:00

Message07 Jan 2013, 21:14

Intéressant!

mais serait- ce pour l'usage personnel de l'apprenti uniquement?
(ce qui est probable... certains apprentis, plus tardifs, ont commencé à faire leurs oeuvres personnelles pendant leur apprentissage chez un maître...)
Où était-ce aussi pour travailler sur les oeuvres du maître?

Je reconnais que c'est une "vision" plus fin XVème si pas XVIème...

Avatar de l’utilisateur
Dame Chlodyne
bourgeois/chevalier
 
Messages: 149
Inscrit le: 06 Sep 2012, 17:44
Localisation: Lyon-Bron

Message07 Jan 2013, 22:49

Bonsoir,

Tu soulèves une question à laquelle je n'avais pas penser. Merci !

A la réflexion, il se peut bien qu'il s'agisse d'un usage pour l'œuvre du maître plutôt que d'un usage pour ses propres œuvres. Mais je partais du principe que les couleurs et les pigments étaient faits en quantité suffisante pour tout l'atelier. D'où une distinction entre fabrication de couleurs pour le groupe de peintres de l'atelier (s'il y a plusieurs personnes)'et fabrication de couleurs pour celui qui fabrique, comme une sorte de récompense.
Je pensais même que ces couleurs réservées à un usage personnel, pouvait l'être dans le cadre de la présentation du chef d'œuvre peint pour accéder en maîtrise et s'installer à son compte.

Mais qu'en était-il vraiment ? La fabrication des couleurs pouvaient être l'oeuvre du maître qui connaissait tous les tours de mains, l'oeuvre des apprentis et aussi une provenance extérieure, comme l'achat chez les épiciers et apothicaires. Ensuite se pose la question de la division du travail au sein de l'atelier. Prend-on en considération un atelier de peintres ou d'enlumineurs par exemple ?

Le débat reste ouvert.
Dame Chlodyne, peintre d'imageries médiévales
http://claudinebrunon.com
http://arhpee.typepad.com/enluminure
Groupe enluminure/calligraphie : https://www.facebook.com/groups/1425864087660078/

yrwanel
duc
 
Messages: 3738
Inscrit le: 25 Nov 2010, 01:00

Message08 Jan 2013, 01:01

Atelier de peintre fin XVème- XVI ème, XVIIème, c'est un peu plus "dans mes cordes" (façon de parler)... vu que je suis une très grande fan des primitifs flamands... :wink:
Bilan, je ne peux parler de ce que je sais vaguement...

Bien entendu, un maître était tout à fait capable de préparer ses mélanges.
La famille Van Eyck en est un bel exemple avec leurs recherches en peinture à l'huile, la mise au point, tenue un certain temps "secrète" et jalousement gardée, de ce mélange qui a connu une très belle carrière!

Un "grand maître", qui déborde de commande et doit se consacrer au maximum à la "seule création", va prendre des apprentis qui préparent.. le support sur lequel on peint (préparation des panneaux de bois + enduit, ou toile: enduit...), mais aussi les mélanges. le patron n'a pluka saisir crayon et pinceaux.
Au passage, l'apprenti, outre la préparation des supports et des pigments, apprend (aussi) à tenir pinceaux et crayon...

Plus tardif, on a Rubens.. dont on sait qu'il avait une floppée d'apprentis. Rubens traçait le tableau, torchait le principal et laissait le reste "aux petites mains" (qui se faisaient du coup la main au passage).
Faut dire (aussi) que Rubens ne faisait pas QUE peindre et était également ambassadeur + autres bidules que c'est à se demander quand il peignait vraiment... :wink:
Certains apprentis de Rubens ont fini par percer et mener leur carrière personnelle.

Breughel: là, c'est une affaire de famille...qui n'exclut pas les apprentis, mais chaque fiston et petit-fiston ont eu leur carrière.. quitte à faire, comme d'autres, des "copies" de tableau du Pépé...
Là, c'est comme les enluminures: il existait un "original".. et il arrivait que une personne souhaite "la même chose" => copie (des fois avec quelques interprétations personnelles du copiste). :mrgreen:
Dans certains cas, il n'y a que la copie (ou une des) qui est arrivée jusque à nous...
On a le cas aussi pour les enluminures!

=> Peut-on penser que, dans certains cas, les pigments puissent être une "rémunération en nature" de l'apprenti?
Possible!

Dans tous les cas, et cela entre dans la notion "apprentissage", il faut bien que l'apprenti aie un minimum de matière première pour s'exercer.. et, à terme, devenir à son tour "maître". (ou "copiste" ou peintre moins prestigieux mais ayant quand même une certaine clientèle...).

On peut être doué en dessin, si, à l'époque, on est pas fichu de préparer son support et ses pigments, on ne va pas loin! Idem pour les autres "détails techniques"! :mrgreen:

Bosch: d'après ce que j'ai lu, il faisait "cavalier seul"...ou un domestique quelconque était préposé à faire ses mélanges préparatoires.
Là, j'avoue avoir plus dégusté et léché ses peintures que piocher tous les détails de sa vie.
N'empêche, il a eu des "disciples".... (certaines oeuvres de Breughel ont été fort inspirées de Bosch, il y a eu des disciples qui ont mené leur carrière...)

Enluminures:
- en monastère....avec sans doute une répartition du travail...les "doués" qui enluminent avec talent et originalité, les "photocopieuses humaines", et ceux qui préparent, assez minutieux pour respecter et faire les mélanges corrects et, pour certains, qui ont les qualités pour passer aux stades supérieurs. Vu le temps et la minutie que réclame un travail d'enlumineur, autant refiler les tâches de préparation à une main d'oeuvre moins "qualifiée" pour tenir plumes et pinceaux
- très possible que les enlumineurs "profanes" aient fonctionné sur le même système. (exemple les frères de Limbourg).

Avatar de l’utilisateur
Dame Chlodyne
bourgeois/chevalier
 
Messages: 149
Inscrit le: 06 Sep 2012, 17:44
Localisation: Lyon-Bron

Message08 Jan 2013, 09:25

C'est très intéressant ce que tu nous dis. Le fabricant de couleurs et autres pigments était l'apprenti et le broyeur de couleurs. Sur sa possible rétribution en couleurs, il n'y a qu'un pas a franchir. Le travail pouvait être parfois dangereux si l'on considère toutes les matières toxiques employées : plomb, mercure, arsenic, vert-de-gris, ...
La fin des recettes disent 'et conserve pour ton ouvrage -opus-'. Je reste assez indécise sur ce que pouvait être l'ouvrage d'un apprenti ou d'un compagnon. En effet, soit c'est un travail d'atelier soit c'est un travail personnel.
Le mystère reste entier mais je vais me renseigner auprès d'un historien de l'art.
Dame Chlodyne, peintre d'imageries médiévales
http://claudinebrunon.com
http://arhpee.typepad.com/enluminure
Groupe enluminure/calligraphie : https://www.facebook.com/groups/1425864087660078/

Cassetrogne
comte
 
Messages: 846
Inscrit le: 07 Nov 2008, 01:00
Localisation: Villebon/Yvette (91)

Message08 Jan 2013, 09:42

L'arpète préparant les couleurs :
Image
Timarete (with an assistant grinding pigment) in a 15th century illustration from De mulieribus claris.
Dans http://www.larsdatter.com/painter.htm
Deus adjuva! Cassetrogne, Ménestrier aux Coquillards de Villon
http://www.coquillards-de-villon.com
http://coquillards.leforum.eu

yrwanel
duc
 
Messages: 3738
Inscrit le: 25 Nov 2010, 01:00

Message08 Jan 2013, 13:34

Opus est le mot latin pour ouvrage ou œuvre. Il est utilisé dans plusieurs domaines,

Si on a, ce qui est plus que probable, le même type d'apprentissage que comme dans n'importe quelle guilde, effectivement, pour gravir les grades, l'apprenti doit pouvoir démontrer qu'il a acquis le savoir-faire dispensé, donc présenter... son "oeuvre" (ou opus).
:wink:

Quant à la toxicité des matières utilisées à l'époque, il faut nuancer un rien; il faudrait voir la durée d'exposition sur une journée (est-ce que la préparation des mélanges se faisait toute une journée, non-stop, et toute l'année), si les pigments étaient "volatils" (poussières inhalées, par ex), etc..
Produits toxiques, certes, mais intervient aussi la durée de contact avec les produits.

HS: le phénomène "cancer", connu des médecins grecs ou égyptiens, décrit comme "rare" à leur époque, a commencé à devenir un phénomène statistique vers le XVIème et en constante augmentation, avec explosion à partir du XIXème.
L'allergie, en 40 ans, est devenu également un "phénomène" avec des allergies de tout ordre, certaines "inconnues" des dermatologues et allergologues.
L'étude des maladies professionnelles date du XIXème: la société s'est retrouvée confrontée avec une explosion de ces maladies, consécutive à l'industrialisation.
Les travailleurs étaient affecté à UNE tâche les exposant en permanence et à haute dose à des produits toxiques (les usines d'allumettes et le soufre, par ex, faisaient des ravages, entre autres).
Actuellement nous sommes environnés par un ensemble de saloperies (bien chimiques de synthèse). :roll:
Cela ne veut pas dire que, au MA, tout était "sain" et sans danger non plus. :wink:

yrwanel
duc
 
Messages: 3738
Inscrit le: 25 Nov 2010, 01:00

Message12 Jan 2013, 00:38

pas tout à fait dans le Moyen Age, mais peut-être certains passages pourront t'intéresser:
http://www.rtbf.be/tv/revoir/detail_dev ... 100-000-PR

Cela cause de la recherches des "faux".
Certains "faux" ont été effectués pour remplacer un élément, dont un des panneaux volés de "l'agneau mystique" à Gand.
Le "faux" est tellement bien fait que mêmes les experts, sur analyses, sont incapables de dire qu'il est "faux", or on sait QUI l'a réalisé et... comment!
Il a retrouvé la "recette" des Van Eyck (et voilà pourquoi j'ai pensé à toi!): peinture et pigment mélangés avec de l'oeuf. :mrgreen:
=> cette technique ne permet pas de préparer de grandes quantités...l'oeuf sèche et "coagule" assez vite => il faut préparer au fur et à mesure.
Avec ou sans aide?
On revient au débat supra. :wink:

Cela parle aussi des "copies" multiples de l'époque (dont celles dans la dynastie Breughel + contexte), les "copies" faites par des nettement moins doués déjà à l'époque.

Ok, ce n'est pas "pur méd'", mais ce genre de procédé n'a pas surgit tout seul non plus....

philippe-r
bourgeois/chevalier
 
Messages: 175
Inscrit le: 23 Nov 2012, 16:44
Localisation: Zone Oïl

Message18 Jan 2013, 23:57

Le pigment d’aérinite dans deux peintures murales romanes du Sud-Ouest de la France
http://www.cairn.info/revue-archeoscien ... age-83.htm
Francorum 440-580 base de données http://241-752.forumgratuit.fr/
Francorum 440-580 Page fb https://www.facebook.com/pages/Francoru ... 3277476941

Avatar de l’utilisateur
Dame Chlodyne
bourgeois/chevalier
 
Messages: 149
Inscrit le: 06 Sep 2012, 17:44
Localisation: Lyon-Bron

Message21 Jan 2013, 22:12

merci Philippe pour ce lien vers cet article qui me fait découvrir un pigment bleu.
Dame Chlodyne, peintre d'imageries médiévales
http://claudinebrunon.com
http://arhpee.typepad.com/enluminure
Groupe enluminure/calligraphie : https://www.facebook.com/groups/1425864087660078/

philippe-r
bourgeois/chevalier
 
Messages: 175
Inscrit le: 23 Nov 2012, 16:44
Localisation: Zone Oïl

Message23 Jan 2013, 15:56

de rien, si ça peut t'aider pour ton article.
Francorum 440-580 base de données http://241-752.forumgratuit.fr/
Francorum 440-580 Page fb https://www.facebook.com/pages/Francoru ... 3277476941

Avatar de l’utilisateur
Dame Chlodyne
bourgeois/chevalier
 
Messages: 149
Inscrit le: 06 Sep 2012, 17:44
Localisation: Lyon-Bron

Message10 Avr 2013, 14:10

Bonjour,

Je vous annonce avec grande joie, la publication d'un second article dans le magazine Histoire et Images Médiévales (N°49 avril-mai 2013). Il a pour titre "Deux Vaisseliers de peintre. Etude sur les contenants des pigments". Je pense que celà peut intéresser les membres de ce forum qui ont pour sujet de prédilection la peinture en général et l'enluminure. J'inventorie les récipients du traité de Pierre de Saint-Omer et ceux du traité vénitien le Liber Diversarum Arcium. Il est entre autre question d'oules, de mortiers et de pierres à broyer.

N'hésitez pas à me donner votre avis.
Dame Chlodyne, peintre d'imageries médiévales
http://claudinebrunon.com
http://arhpee.typepad.com/enluminure
Groupe enluminure/calligraphie : https://www.facebook.com/groups/1425864087660078/

Avatar de l’utilisateur
Dame Chlodyne
bourgeois/chevalier
 
Messages: 149
Inscrit le: 06 Sep 2012, 17:44
Localisation: Lyon-Bron

Message10 Avr 2013, 14:22

Bonjour,

Voici le lien vers un fichier pdf de mon cru. Il porte sur la fiole de verre utilisée par les scribes et les peintres médiévaux d'après l'iconographie.

http://arhpee.typepad.com/La%20Fiole%20de%20Verre.%20Outil%20professionnel%20du%20scribe%20et%20du%20peintre.pdf

Bonne Lecture !

Donnez-moi votre avis !
Dame Chlodyne, peintre d'imageries médiévales
http://claudinebrunon.com
http://arhpee.typepad.com/enluminure
Groupe enluminure/calligraphie : https://www.facebook.com/groups/1425864087660078/

Suivant

Retour vers SCIENCES ET TECHNIQUES MEDIEVALES

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit and 5 invités