En "textile", matière impermanente si il en est, on peut être "sûr" d'UNE chose: que à tel endroit, telle période, dans une fouille, il y a eu tel machin.
Le "machin" pose généralement des tas de questions...Ce n'est jamais QUE ce qui reste (suivant conditions de sol, etc.). SI c'est la fouille d'une tombe, il faut aussi se poser des tas de questions: la mort, l'inhumation est un phénomène sociologique (dont la coutume), religieux, politique dans certains cas (tombes de haut rang), psychologique tant de la part de la personne inhumée que de ceux qui l'enterrent.
A ce sujet, je "n'invente" rien: pas mal de gens se sont penché sur ce sujet...
Idem quant aux représentations, avant tout artistiques. Cela ne veut pas dire que l'art mène à n'importe quoi (quoique, des fois...) mais ce n'est PAS un catalogue genre "3 helvètes" non plus.
XIIIème: je ne connais pas d'inventaires notariés (je ne connais pas tout!), mais même là, pour des périodes plus tardives, il y a des notaires minutieux et des moins minutieux. Ces inventaires peuvent être "partiels". Je m'explique: l'inventaire est-il ce qui reste après les donations faites par le défunt? A t-on dissimulé une partie au notaire afin de soustraire des choses? (rien de neuf...)
, etc..
Phénomène de "mode": la "mode" est finalement assez récente et ne démarre en tant que telle que mi-XIVème, ne concerne en réalité QUE ceux qui en ont les moyens (beaucoup de moyens): pas de magazine, de "marques" qui lance et impose cette mode comme un dictat.
On a pas non plus des magasins avec de longues tringles présentant le même "modèle" tiré à ??? exemplaires décliné en différentes tailles.
Il n'y a pas encore si longtemps, porter dans une assemblée exactement quasi la "même robe" qu'une autre relevait de la faute de goût totale.
Ceci existe encore dans certains milieux, d'ailleurs!
Il faut aussi retenir que au MA le textile est un gros budget, même chez les "riches". Par conséquent on taillera l'habit en se débrouillant pour avoir un minimum de pertes.
Les lés de tissus sont d'une largeur déterminée suivant le textile (provenance, matière, etc.) => on achètera PILE le métrage nécessaire, on utilise les lisières (preuves archéo) et on coupera l'habit de façon "radine" en fonction du format de la personne, ce qui amène à certaines variantes dans la coupe, même si la "ligne générale" sera +/- respectée.
Un certain standing (ou standing certain), pour le XIIIème, va jouer sur les ampleurs (qui consomment plus de tissu => marque de richesse), par contre il suffit de voir les fouilles de Las Huelgas pour se rendre compte que, même très riche, on "économise": on ne tient pas compte des "raccords" des motifs du tissu (qui occasionne des pertes de tissu).
J'avoue rester très perplexe face à certains dictats coulés dans le marbre qui quelquefois circulent, qui surgissent sans que cela ne soit nuancé. Le coup du "lin qui n'est pas teint parce que les couleurs ne sont pas flach" me laisse perplexe. Idem cette nouveauté qui semble surgir que au XIIIème, la 2ème couche ne serait pas teinte si c'est du lin (admettons si on est dans des statuts pas très fortunés).
Quant au "XIIIème" démuni de décoration "parce que St Louis...", j'avoue que cela me fait beaucoup rire!
Je reconnais tout de même que je suis plus de l'école anglo-saxonne, niveau recherche textile, que "franco-française", les anglo-saxons étant nettement plus avancés en la matière que l'Hexagone.
Quant aux chercheurs de l'Hexagone (et francophones, il y a des belges aussi), Mmes Piponnier, Cardon, Blanc, pour ne citer que ces grandes dames, elles sont nettement plus "prudentes" dans leurs affirmations que ce qui circule sur certains fora ou revues.
Je garantis aussi que ces chercheurs et chercheuses textiles vont eux-aussi régulièrement de surprises en surprises.
Alors, OUI, effectivement le textile est chose complexe. OUI, on est jamais "certain". OUI j'évite de faire certaines affirmations (quoique, des fois en "matière" j'affirme certaines choses qui bousculent pas mal: j'avoue que c'est plus "mon truc").
OUI, ce qui était "vrai" hier ne le sera plus demain....
En textile, on travaille avec des faisceaux de probabilités congruentes et différentes disciplines qui se complètent.
Les "textileux"
même si ils sont "spécialistes" d'une période/lieu se penchent sur "l'avant", l'après et l'autour. Idem, si ils prennent en compte les représentations (miniatures, tableaux, sculptures), ils restent d'une prudence de sioux.
Il faut retenir que le "textile" en général est à la fois les plus traditionnel et le plus intemporel ET le plus novateur, porteur de nouvelles technologies (TOUTES les révolutions industrielles ont commencé par le textile, y compris au MA)
Il a aussi "sa logique"...même si les phénomènes de "modes" ne semblent pas toujours l'avoir, la coquetterie encore moins!
Donc, non, cela n'autorise pas NON PLUS à faire et dire n'importe quoi!
Ta deuxième couche est couleur écrue, ce qui est une couleur comme une autre. Quant aux "dictats" qui circulent quelque fois en reconstitution: on serait en Chine période Mao (et la Chine, en général est un cas spécifique, au demeurant), je ne dis pas,, mais on est en Europe et au MA.
Effectivement, je n'apporte que rarement une "réponse toute faire", simple et "rassurante": je n'en ai pas parce que le textile et la "mode", c'est nettement plus subtil.