Réplique dague XIIIe s

Montrez-nous ce que vous avez réalisé dans le domaine médiéval
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Guillaume de Pensac
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Message19 Juil 2013, 18:44

Après avoir posté une série de dagues des collections du Musée Vivant Denon, je me suis lancé dans la reconstitution de la dague ci-dessous.

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Catherine Michel, dessinatrice au Musée, a bien voulu me donner tous les dessins qu’elle avait réalisés sur cette pièce de fouille. J’ai repris, au pied à coulisse, sur la dague exposée dans la vitrine, toutes les cotes nécessaires à la réalisation de la réplique.

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Je dois vous avouer que je ne suis ni coutelier, ni forgeron, même si j’ai déjà réalisé une dizaine de répliques d’épées. Alors soyez indulgent !

Pour la lame j’ai utilisé de l’acier mangano siliceux 45S7 et pour le pommeau du bronze à forte teneur en zinc (laiton).
Les rivets de la pièce de fouille sont en plaques de laiton enroulées pour former un tube de 7mm de diamètre. Pour la réplique j’ai opté pour des rivets en laiton en tube diamètre 7, du commerce.
J’ai fait recuire la lame avec un refroidissement lent pour pouvoir percer dans la « plate semelle » les 3 tous au diamètre de 7. La lame a été à nouveau chauffée et trempée simplement à l’air.
Ce qui m’a pris le plus de temps, c’est la fabrication de la garde et du pommeau que j’ai du extraire d’un bloc de bronze.
Si la garde a pu être réalisée à part, pour le pommeau, j’ai dégrossi une ébauche que j’ai percé de part en part afin de confectionner la lumière destinée à recevoir le bout de la plate semelle.
L’ajustage de la soie avec la mortaise ( le trou) devait être parfaitement ajusté pour que la soie ne débouche que de deux à trois millimètres. Ce bout de soie a été recuit pour pouvoir être écrasé dans le but de fixer ultérieurement et définitivement le pommeau.
Le manche est réalisé par deux plaques de buis. Pour maintenir l’ensemble les tubes sont enfoncés dans les tous des plaques et de la plate semelle (soie).
Le sertissage est réalisé en écartant les embouts de tubes, qui dépassent de 2 mm des deux cotés.

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Il ne me reste plus qu’à fignoler la rainure de la lame et à graver le chien ? sur le pommeau.
Il est à remarquer que le centre de gravité de la dague se trouve être positionné au niveau de la garde.
Pourquoi ? Comme je suis loin d’être un spécialiste en maniement des armes blanches je ne peux répondre à la question. Qui peut me donner une réponse ?

Philippe de Montisvico
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Message19 Juil 2013, 20:32

Aucune indulgence....
Du joli travail !

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Matugenus
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Message20 Juil 2013, 08:26

Superbe. Et tellement rare comme reproduction. Merci pour le partage.
Je ne suis pas gros, je suis juste petit pour mon poids...

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Guillaume de Pensac
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Message20 Juil 2013, 17:48

Il semblerait que ce type de pommeau armorié, en bronze, ne soit pas unique. En 2009 un internaute avait publié sur un forum de discussion réservé aux passionnés de détecteurs de métaux, un pommeau en bronze de 65 g, long de 53 cm et large de 34 cm.

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Sur une face du pommeau est représenté, semble-t-il, une buse et l’autre face est représentée une fleur de Lys.

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la Criante
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Message22 Juil 2013, 10:53

Guillaume de Pensac a écrit:Sur une face du pommeau est représenté, semble-t-il, une buse

Je pense qu'il s'agit d'une aigle (féminin en héraldique) :wink: .
http://img25.xooimage.com/files/c/7/c/la-criante_new3_bandeau-b6a163.jpg Sus à l'Anglois, foutre Dieu !

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Guillaume de Pensac
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Message25 Juil 2013, 17:34

Quelques pommeaux losangiques armoriés, en bronze.

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Message25 Juil 2013, 18:36

Ah ! un grand merci :D . Cela me plait énormément :content-29: .
http://img25.xooimage.com/files/c/7/c/la-criante_new3_bandeau-b6a163.jpg Sus à l'Anglois, foutre Dieu !

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Giovanni del Rossiglione
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Message25 Juil 2013, 20:29

Je suis vraiment fasciné par ce travail de recherche et de réalisation. Bravo !

Si je résume bien, cette dague bouscule pas mal d'idées reçues sur la fabrication des armes du XIIIe, car le montage en plate semelle n'est courant qu'à la toute fin du XIIIe mais surtout au XIVe. Donc, si, il n'y a pas d'erreur, c'est quelque chose de très intéressant, car le fait que la soie soit matée sur le pommeau donne une impression d'une soie tendue.
Quant à la garde en bronze est semble-t-il une indication que la dague est une arme de civil car plus délicate, mais ce n'est qu'une supposition, bien sûr.
Les rivets aussi sont originaux, car c'est une technique que l'on retrouve qu'au XVIIIe. A moins que les rivets ne soient là que pour la décoration. Dans ce cas comment la fusée est-elle fixée ?

Tout ceci m'intrigue, si tu pouvais éclairer la lanterne ?

Quant à l'équilibre d'un couteau ou d'une dague, cela ne sert à rien, cela fait partie des légendes urbaines. Les meilleurs couteaux à lancé, sont ceux qui ont le manche plus lourd que la lame. J'en sais quelque chose, pendant mes années d'armée chez les paras, notre passe-temps était le lacé de couteaux, et les meilleurs étaient : la dague des commandos anglais avec la poignée en métal, la Fairbains B2 WW2 et le "KABAR" américain. En ce qui concerne les couteaux de chasse, il est plus recommandé d'avoir un couteau avec une lame large et lourde car son utilisation est plus "forestière" avec des travaux de coupes plus brutaux.
Pour cette dague, ce n'est qu'un hasard.

Merci, et encore bravo §
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Garac
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Message25 Juil 2013, 22:16

Si je résume bien, cette dague bouscule pas mal d'idées reçues sur la fabrication des armes du XIIIe, car le montage en plate semelle n'est courant qu'à la toute fin du XIIIe mais surtout au XIVe


Il y a des couteaux montés à plate semelle dans le mobilier de la motte de Niozelles(04) ,datée fin Xe-début XIe. Mais je ne sais pas si ils apparaissent dans la publication "grand public" de cette fouille :indecis:
« Je ne fais pas partie d’une élite mais d’un territoire trop peu exploré et à la portée de tous«

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Giovanni del Rossiglione
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Message26 Juil 2013, 16:53

Intéressant ça ! si tu pouvais m'en dire plus, je suis preneur. :content-29:
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Guillaume de Pensac
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Message29 Juil 2013, 09:57

Messire Giovanni ! Les dagues à pommeaux losangiques armoriés semblent provenir d'une production limitée à la Provence ou au Vaucluse ( une demi-douzaines de dagues du même type et une dizaine de pommeaux de bronze).
Plusieurs pommeaux losangiques armoriés ont été trouvés dans des niveaux archéologiques bien datés du site médiéval de Rougiers, en Provence. Les dessins ont souvent une ressemblance avec les armoiries des grands seigneurs du midi. Certains pommeaux étaient émaillés.
D'ailleurs, le griffon gravé sur le pommeau de la dague des collections du Musée de Chalon-sur-Saône (celle que j'ai reconstituée) se retouve gravé à l'identique sur un pommeau retouvé au château de Rougiers.
Ces dagues armoriées sont étalées sur une période relativement courte située approximativement entre 1270 et 1320.
On peut avancer l'hypothèse que ces dagues étaient des présents, personnalisés, offerts aux grand seigneurs du sud. Comme le dit , justement, Messire Giovanni, "Quant à la garde en bronze est semble-t-il une indication que la dague est une arme de civil car plus délicate". En effet nous pensons que ces dagues ne sont pas des armes de guerre. Armes utiles mais surtout ostentatoires, elles se devaient d'être montrées à tous et c'est pourquoi il est fort probable qu'elles étaient attachées à la taille de ces grands seigneurs..

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Bon ! les lames sont un peu rouillées, Il faut dire qu'elles ont près de 800 ans.

J'ai fabriqué un fourreau pour cette dague. Mais j'aimerais bien essayer de reconstituer la pièce qui permettait l'attache de ce fourreau avec la ceinture. Etait-ce un baudrier de dague ? Si oui, comment était-il constitué ?

Pierre Roger de Cabaret
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Message29 Juil 2013, 19:24

Giovanni del Rossiglione a écrit:Si je résume bien, cette dague bouscule pas mal d'idées reçues sur la fabrication des armes du XIIIe, car le montage en plate semelle n'est courant qu'à la toute fin du XIIIe mais surtout au XIVe. Donc, si, il n'y a pas d'erreur, c'est quelque chose de très intéressant, car le fait que la soie soit matée sur le pommeau donne une impression d'une soie tendue.


Effectivement Tripat. D'ailleurs une personne qui fait de très belles choses et pousse loin son travail de repro s'est penchée sur la question là => http://www.coutellerie-nuage.com/reproduction-medievale/dague_aloha.html :content-29:
Perseverare diabolicum.

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Giovanni del Rossiglione
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Message29 Juil 2013, 20:11

Merci pour ce complément d'information qui me rassure sur mes déductions, c'est vraiment très instructif. :content-29:
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Guillaume de Pensac
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Message30 Juil 2013, 11:27

Messire Giovanni. Le Musée Denon possède une trentaine de dagues médiévales que je suis en train d'étudier. Une bonne moitié de ces dagues sont montés à plates semelles et certaines sont étalées sur tout le XIVe siècle.
Le travail de reconstitution consiste dans un premier temps à relever sur la pièce de fouille toutes les cotes avec un maximun de précision. Or quand on ne peut pas avoir accès à la pièce de fouille, la reconstitution ne sera que de l'"à peu près".
La pièce présentée par Messire de Cabaret et très esthétique et de bonne facture. Malheureusement, ce n'est pas une copie fidèle de la pièce de fouille.
D'ailleurs, par le passé, mon ami Gaël Fabre a été confronté à ce problème pour les épées du Musée V. Denon qu'il avait reconstituées. Aujourd'hui le problème est partiellement réglé. Je lui ai fourni toutes les cotes de ces épées avec une précision du dixième de millimètre.
On peut supposer qu'un travail "poussé" de reconstitution d'une dague ou d'une épée, ne sera pas facturé au client au même prix qu'une arme de bas de gamme.

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Giovanni del Rossiglione
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Message30 Juil 2013, 21:10

Parfois je regrette de ne pas avoir suivi une autre voie.....Non, en fin de compte, ma vie en vaut bien une autre, et des plus merdique !
Mais revenons à nos dagues.
Je suis bien d'accord, la recherche devrait se payer, c'est pour cela, malheureusement, qu'il circule trop de n'importe quoi, c'est si facile et moins cher de faire de l'a peu près. Mais soyons justes, ma dague m'a coutée le prix de dix dagues du commerce, et je comprends que tout un chacun ne puisse se l'offrir.
En attendant, j'espère que tu vas nous régaler d'autres trouvailles.
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