Hello à tous !
J'ai entendu dire que certains critiquaient mon boulot, mais en fait les questions posées ne sont que justifiées. J'avais moi même justifié ces choix et la prise de liberté lors de la précommande...
Les sujets étant :
- le positionnement des clous
- la taille des plaques qui me semble énorme.
- le peu de nombre de plaques
-Vis à vis du positionnement des clous, il apparait fréquemment sur les iconographies contemporaines à la période étudiée (fin 14ème-début 15ème) de voir des protections de tronc clairement identifiées comme étant "fabriquées à la manière" d'un brigandinage ou d'un système type cotte de plaque (wisby et autres).
J'insiste sur le fait que ça soit "fabriquées à la manière de". Parce qu'il apparait sur les iconographies plus de quatre manières différentes de représenter la brigandine. Autant que la maille sur certaines icono plus anciennes, il est difficile de connaitre avec précision la méthode de construction employée.
Je prendrais en référence particulière cette image là tirée de Froissart...
http://membres.multimania.fr/mecquignie ... 0crecy.jpg....qui nous livre pas moins que 5 schémas de montages différents, dont seulement une à trois clous en bas à droite sur un soldat de dos.
Le dossier complet sur les fouilles de wisby est intéressant à ce point de vue, en montrant que sur 20 cottes de plaques découvertes très bien conservées il n'y a pas un seul schéma général identifiable en terme d'uniformité de fabrication. Même le fer employé pour la manufacture diffère grandement. Les tailles des plaques, variations de schéma de pointage de clous et autres méthodes de construction sont alors laissées à l'intelligence des artisans chargés du travail, qui gardent jalousement leurs secrets.
De la même manière que l'armure a évolué de la cotte à la plaque complète par transitions lentes et marquées par une évolution rapide suite aux engagements de masse ayant prouvé l'inutilité ou la faiblesse de certaines protections. On fonctionne en effet par légers "à coups".
Il me semble donc juste de déterminer entre la fameuse brigandine suisse, le modèle Lyle ou celle de Leeds et les cottes de plaques type Wisby qu'il y a forcément eu des tatonnements et "essais" fructueux ou non. Pour des raisons d'efficacité et de preuves sur le champ de bataille, en terme de confort, d'ergonomie et de protection, les brigandines de ces premiers types ont fini par prévaloir sur les autres modèles. Mais ce n'est pas sans étapes successives, on ne passe décemment pas de la wisby à la type Bâle sans intermédiaires. L'évolution technique et pratique aussi rapide me semble inconcevable sans des erreurs de tirs intermédiaires.
Le modèle que j'ai constitué représente donc un entre-deux, un apriori de l'histoire qui sert d'intervalle entre la wisby et la Bâle. On conserve le positionnement des clous propres à la wisby avec une interpolation dirigée vers un modèle Bâle. Les plaques rétrécissent, on ajoute un col, une superposition plus efficace. Le travail de recherche avance sans pour autant atteindre la perfection d'une "Bâle"
A mon sens l'utilité des 3 clous se justifie, mais elle est aussi et surtout justifiée pour des raisons de "mode", les chevaliers étant les premiers à "aimer arborer bel atour sur les champs de gloire". Le modèle Bâle est effectivement une très belle représentation de ce qui constitue un "nec plus ultra" de la brigandine, aboutie, fonctionnelle, mais uniquement disponible aux grands de ce monde, riches et puissants.
Les pauvres et hommes de moins d'argents avaient pourtant accès à la brigandine, qui est par définition une armure de simple soldat. Seulement sous une forme moins aboutie, plus rustique et moins bien proportionnée. Rien à branler des "triples clous laitonnées battus d'un soleil". Le tout un chacun veut du pratique, du fonctionnel et tant pis pour la mode. La brigandine étant une armure à faible coût utilisée en priorité par les simples soldats, il y a fort à penser qu'elle était dérivée en une inombrables variété et méthodes de construction, chacun ayant son avis là dessus.
Mon modèle a effectivement le défaut de ne pas être reproduction d'une pièce de musée.
Mais il a l'avantage de représenter une diversité et une variété propre à une protection corporelle qui se déclinait sur une variété de formes et de manières uniquement restreinte par l'intérêt pratique qu'elles proposent. J'ai donc veillé à ce que les composantes fondamentales de cette protection sont respectées, et que la pièce aie une grande familiarité avec deux modèles bien distincts (cotte de plaque/brigandine) qui ont forcément été mélangées à un moment donné.
D'ailleurs j'ai bien insisté sur le fait que mon travail était une "cotte brigandée", ni une cotte de plaque ni une brigandine. Un simple tatonnement entre les deux.
En revanche et au titre du fait que ces modèles sont bien moins aboutis qu'une Bâle, je ne les vends pas à un prix correspondant à l'excellence exigée par le travail du Helmier (qui a la bonne idée d'être un précurseur en la matière).
Son travail est accessible pour un prix représentatif du travail effectué, et à la manière des artisans d'époque je fournis un travail moins abouti, moins bien pensé ou tout simplement plus simple et moins cher.
Ca serait une hérésie que tous les reconstituteurs n'aient que des "modèles types" et des reproductions de musées et ça serait faire fi de l'énorme diversité qui règne dans l'équipement de la soldatesque d'époque.
Il faut aussi des pièces pour les simples soldats, ceux qu'ont voient le moins, qui en "jettent moins", mais qui devraient être bien plus présents sur les reconstitutions.
J'ai simplement essayé avec mes connaissances de créer l'échelon généalogique qui manque entre deux courants bien identifiés.
Donc à ce titre, les questions qui ont été posées à propos du modèle sont tout à fait justifiées, et si des personnes veulent bien étayer mes recherches, essayer ou accepter de porter ce genre de machins, elles sont vraiment les bienvenues.
Sanguin