[thème]"petits statuts": broderie or not broderie?

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yrwanel
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Message27 Fév 2013, 19:34

Malko, je ne sais pas trop ce que tu recherches à jouer "l'avocat du diable" dans ce cas.. soit un "détail textile" qui sans doute perturbe un rien certains acquis coulés dans le marbre de la reconstitution. :wink:

Il est vrai (aussi) que bouleverser certains acquis met en lumière que pas mal de monde n'est déjà pas doué pour tenir une aiguille à coudre, on n'ose imaginer si ces mêmes personnes devraient, pour être "histo" se mettre à broder. :mrgreen:

Si on revient au sujet de base de ce fil, soit broderie et "petits statuts", je rappelle la "légende urbaine" qui a la vie très dure en reconstitution, soit la "décoration" des vêtements, qui serait UNIQUEMENT chasse gardée du clergé (pas la majorité de la population, ni de l'ensemble du clergé: moines et moniales ont fait voeux de pauvreté...). :wink:
OU ces "garnitures" ne seraient (ainsi que la soie...) QUE "chasse gardée" des riches à TRES TRES riches, et encore.. QUE la noblesse.

Et encore.. "pas trop de décos".. surtout au XIIIème! (partout en Europe, en plus...) :wink:

Il se fait que, Malko, je rappelle le fil sur les lois somptuaires, les interdits (très descriptifs) font un relevé de ce qui est interdit...et que EN PLUS, ces interdits sont répétés en ritournelle!
Faut-il croire que, en réalité, leur respect était assez...peu suivi?

Dans les textes (il faut le lire, les trouver aussi), on a ainsi des descriptions d'habillement assez stupéfiantes, dont les habits "chics" des bourgeois, des représentants de guilde, etc. Des "notables", certes...mais certainement pas du tout "dépourvus de décos et matières précieuses", loin de là!


Là, j'avoue me régaler avec Chaucer... :mrgreen:
"Oui, mais c'est anglais".. parce que le continent était sobre? (et que, accessoirement, la moitié de la France était anglaise à l'époque...)
Il existe des descriptifs vénitiens, plein XIIIème assez hallucinants. "Oui mais c'est Venise, c'est .. particulier".
Admettons.
Florence, Gènes n'étaient pas en reste (oui, mais c'est particulier aux italiens..)
Ben voyons.
Et les look interdits (à moultes reprises) à Montpellier?
aaah.. "particularisme" (encore?) que, en plus, à cette période c'était aragonais...Donc.. toute l'Espagne devient, en déco, "particulière"..

Certaines descriptions de "Joyeuses entrées" dans les Flandres (territoire MA) et Brabant, Hainaut ( territoire MA, pas pauvre.. Phlippa a été mariée au Roi d'Angleterre: on ne lui a pas refilé une smicarde) laissent aussi pantois devant les descriptifs des vêtements des notables => bourgeoisie moyenne.
Encore un "particularisme"?

Là, le "territoire du pas orné-pas brodé sauf statuts plus que spéciaux" se rétrécit comme peau de chagrin.
QUI devient, du coup, "particulier"? :D

Petit soucis annexe: les guildes de brodeurs (métier masculin comme féminin) se structurent au XIIIème, le siècle de la "non décoration et chasse gardée". Pour une structuration de guilde (Londres, Paris, etc.), il faut qu'il y aie un enjeu économique important, un label de qualité, des débouchés autant "sur place" que à l'exportation, soit un poil plus loin que la ville productrice.
Question 1: QUI achetait, commandait ces produits?
Question 2: QUI et COMMENT apprenait-on le métier qui permettait de fournir une main d'oeuvre pour réaliser les broderies?
(l'entrée en guilde ou dans un atelier réclame un MINIMUM de savoir-faire de qualité...)
=> sur quoi, comment apprenait-on à broder?

NB: SI on est un minimum capable de coudre, on est (aussi) capable de réaliser déjà une "bête broderie" soit un point plus décoratif que la simple couture...
Pas oublier que le MA est basé sur un travail essentiellement MANUEL et que la notion de "rendement" n'est pas DU TOUT la même que aujourd'hui...

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Simon de Montfort
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Message28 Fév 2013, 13:59

Juste pour aller dans le sens d'Yrwanel, s'il n'y avait pas de broderie en "France" au XIII, comment expliquer les 100 000 artéfacts qui sont dans les musées et qui ont été découvert d'un peu partout en "France" et dont l'origine est, soit local ,soit importés de l'étranger, comme la broderie Copte d'Egypte et cela depuis le XIème et jusqu'au XIIIème.

Il y avait des importations et de la production locales, puisqu'il y a des preuves archéologiques, c'est qu'il y avait des utilisateurs et pas forçément uniquement dans la classe des "nobles très très riches". Maintenant, je ne puis affirmer qui les utilisaient. Mais cela me semble intéressant de penser qu'il n'y a pas qu'une vérité gravée dans le marbre, car tout n'est pas encore découvert et que la vérité, de quelques uns, sera peut-être remise en cause par de nouveaux travaux de chercheurs.

Donc ne soyons pas affirmatif et laissons une part au possible !

yrwanel
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Message28 Fév 2013, 20:14

ce qui me laisse perplexe, pour le XIIIème est que on met en avant St Louis, sanctifié pour entre autres (mettre les juifs à l'index, bouffer de l"hérétique, etc.) pour la "modestie de ses habits".

OR... les comptes de dépenses de St Louis et de sa femme Marguerite de Provence prouve que sur une très très large part de son règne, il dépensait pas mal de sous pour sa grade robe (avec une préférence pour le vert). :wink:
Son adhésion à une "mise humble" est tardive...et, les textes le confirment, n'avaient pas l'adhésion des seigneurs et entourage.
Accessoirement, que veut dire, pour un ROI une mise "humble"?
Si, en parallèle, on a sous les yeux les vêtements de Las Huelgas dont on peut constater que c'est "plutôt joli" :mrgreen: , peut-être que l'humilité royale de St Louis était de se passer de chaussures brodées à l'or et aux perles, de porter un drap de qualité inférieure au drap à l'écarlate, teinte au kermès ( "drap qualité inférieure": ce qui n'était pas à la portée du 1er venu tout de même).
Son "humble chemise" (qu'est-ce qui garantit sur facture qu'il l'a portée) est tout de même d'un lin d'assez fine qualité qui ne sent pas le serf, fin fond de cambrousse paumée. :wink:

Autre détail amusant: c'est au XIIIème que se déchainent les "lois somptuaires"...Pourquoi interdire, au XIIIème, des "choses que les gens ne portaient pas"?
(y a une logique qui m'échappe, sans doute)

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marco
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Message28 Fév 2013, 21:20

De mémoire, dans la vie de Saint Louis par Joinville, il est fait part d'une anecdote où Louis IX déclare qu'il faut s'habiller en rapport avec son statut social (il reproche à une personne de ne pas porter de vêtement correspondant à son rang). Donc le côté "humilité" est à mettre au niveau d'un statut royal.

yrwanel
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Message28 Fév 2013, 23:51

Exact!
Merci de le rappeler, Malko.
Il y a trop de personnes qui assimilent l'humilité de St Louis avec une garde-robe "dépouillée"! :mrgreen:

Le XIIIème est un siècle intéressant à plus d'un titre.
Je continue à m'étonner qu'on ne prenne pas plus en compte les échanges "Orient-Occident" aux longs cours, soit de la Chine sous dynastie Yuan (Koubilaï Khan en est le plus connu) jusque chez nous... les dynasties arabes faisant un "obstacle" que, grâce aux croisades les vénitiens ont réussi à contourner (en s'arrangeant avec les arabes). On y ajoute le coup de grâce donné à Byzance par les croisés, ce qui supprimait un "intermédiaire" dans les affaires.
Là, il faut relire Marco Polo! :mrgreen:
Il semble que plus d'un vénitien, à cette époque, n'hésitait pas à se rendre en Chine pour faire commerce.
(Gens du Moyen Age, Eileen Power, éd. de l'Université Libre de Bruxelles)

On oublie aussi très souvent les échanges avec les guildes hanséatiques. :wink:

Venise, année 1268, avènement d'un nouveau doge, salué par une procession des guildes relatée par Martin da Canal:
"D'abord les maîtres forgerons portant des guirlandes sur la tête, des bannières et des trompettes, suivis par les pelletiers vêtus de samit et de soie rouge avec des manteaux d'hermine et de vair; puis viennent les tisserands richement parés et les 10 maîtres tailleurs en blanc constellé d'étoiles rouges. Ensuite passèrent les maîtres drapiers portant des rameaux d'olivier et des couronnes d'olives sur la tête; puis les fabricants de futaines en robes de leur propre tissage ornés de fourrures, puis les fabricants de couvertures avec des guirlandes de perles dorées et des manteaux blancs ornés de fleur de lys, ...Vinrent ensuite les fabricants de tissu d'or et leurs serviteurs en tissus d'or et de pourpre, les poissonniers en robes, fourrures et guirlandes, et les maîtres barbiers....Vinrent ensuite les souffleurs de verre en rouge et fourrures de vair avec des chapeaux aux franges d'or et de riches guirlandes de perles.. les fabricants de peignes...et les orfèvres portant des guirlandes et des colliers de perles d'or et d'argent,de saphirs, d'émeraudes, de diamants, de topazes, d'hyacinthes, d'améthystes, de rubis, de jaspe et d'escarboucles. Maîtres et serviteurs étaient de même somptueusement vêtus et presque tous avaient des franges d'or à leur chapeau et des guirlandes de perles dorées...

(à peine "bling-bling", ces bourgeois.. dont on peut imaginer que ils n'ont pas dépensé un tel budget vestimentaire pour UNE seule occasion...) :mrgreen:
Peut-on supposé, dans cette description que da Canal n'a pas passé son temps à décrire les broderies (quoique certaines décorations de vêtement: brodées? tissées dans la masse?) parce que.. moins extraordinaires que d'autres détails des costumes.


Bon, revenons à nos broderies...
Nous sommes 2ème moitié du XIVème, chez Chaucer (Londres vers 1343 – 1400), dans ses contes de Canterbury.
Ici, cela ne concerne pas des "humbles" mais éclaire un peu plus sur la broderie au XIVème et chez des petits nobles:
" Il était brodé comme une prairie
Toute pleine de fleurs blanches et rouges"

Chaucer, Prologue in Canterbury Tales.
La description d'Eglantyne, moniale et abbesse d'un couvent, en voyage, est aussi assez éclairante, tant sur les moeurs un peu relâchées dans les couvents (homme et femme) que sur ce que ces personnes portaient sur elles!
Assez loin des représentations des miniatures! :mrgreen: Il se fait que un étude des minutes des archives cléricales anglaises tendent à confirmer que Chaucer n’exagérait pas... :wink:

Bon, on va aller explorer la dame de Bath... :wink:

yrwanel
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Message02 Mars 2013, 23:18

Les lois somptuaires.. ou "comment que les gens s'en souciaient peu" (mode très poli) au travers de Chaucer: :mrgreen:
http://www.geocities.ws/dyanearden/chaucer.htm

Lien mis par Hermelinde sur GMA

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Mortis
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Message23 Avr 2013, 09:33

Pour juste parler de la broderie et de comment y venir, je trouve que la réponse est simple car je l'ai moi-même expérimenté. Dans la couture de base, il y a déjà la possibilité de trouver beaucoup de sophistication même pour l'époque dont on parle. Les gens ne sont et n'étaient pas non plus aussi bennés que ce qu'on cherche à nous faire croire. Donc du coup, on fini par se dire "et si je faisais des points comme ça, qu'est- ce que ça ferait?" et c'est le début de la création de motifs. C'est de la curiosité qui nous pousse à découvrir et créer de nouvelles choses. Cela n'a rien à voir selon moi avec l'instruction (enfin pour certains), plutôt avec la logique et le fait d'être débrouillard.

Pourquoi ça a été interdit? Peut-être parce que les petits paysans avaient des vêtements plus jolis et brodés que les nobles et qu'il fallait renverser la vapeur pour éviter d'être et de se sentir dévalorisé. Actuellement c'est identique, les brodures sont davantage pour ceux qui ont les sous, tandis que le travail est souvent fait par les plus démunis.

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Malice
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Message27 Avr 2013, 19:14

yrwanel a écrit:Une piste interpellante pour le IXème siècle:
Rappel: l'Eglise préconise le "repos dominical" ainsi que les jours saints.
Charlemagne et son fils émettent un décret, dont celui de 827.
Voici un extrait:
" De même, qu'il ne soit pas permis aux femmes de faire des travaux textiles, de couper des vêtements, ni de coudre ni de broder, ni de filer la laine, ni de battre le lin, ni de laver les vêtements en public, ni de tondre les moutons, afin que soit observé l'honneur et le repos du jour du Seigneur"


Ce "jour de repos" est préconisé à TOUT LE MONDE, peu importe la classe sociale...l'interdiction de broder vient en 3ème position dans les activités textiles.
Le tissage n'est même pas mentionné, ce qui est surprenant.
Question: si la broderie était une activité semble- t-il assez commune donc plus que probablement pratiquée par LES femmes (peu importe leur condition sociale): QUE BRODAIENT-ELLES?
Et pour qui? Uniquement le seigneur ou pour l'abbaye.. OU/ET aussi pour la famille?

Piste à suivre... :wink:


Pardon si je fais redondance à des choses déjà dites.
Mais si c'est interdit le dimanche, c'est parce que c'est autorisé les autres jours, non?
Alors pourquoi penser que c'est interdit juste pour que les gens arrêtent de le faire tout court?

Et est-ce que "broder" signifie uniquement faire de la très belle ouvrage au fil d'or dans le cadre d'un artisan ou d'une guilde? Ca couvre aussi les petits travaux simples qu'une couturière du dimanche ferait chez elle, comme ça, avec un fil tout modeste, pour s'occuper, et orner un peu son habit en fabrication, il me semble?
Comme dit Mortis, quand on coud (je suis couturière de métier) , ça vient tout seul, les fioritures. Rien que pour plaquer les surplus de couture des ourlets, on peut surpiquer avec un point de chainette, ou mieux si l'on est douée. La broderie, ce n'est pas qu'avec du fil riche, sur du tissu riche.
Toute couturière, si elle a son matériel auprès d'elle, et quelques minutes à tuer, va jouer de l'aiguille!! Je le vois tous les jours à l'atelier, stagiaires, intermittentes, titulaires, pareil pour tout le monde!
Les fameux "travaux d'aiguille" ont toujours fait partie de l'éducation des filles, jusqu'à il y a peu, avant que le prêt à porter bas de gamme et bas de prix n'inonde nos magasins, rendant les jeunettes plus enclines à faire du shoping qu'à rester enfermées pour coudre avec mémé..

« En histoire, il faut se résoudre à beaucoup ignorer. »
Anatole France

yrwanel
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Message27 Avr 2013, 21:08

Le jour de repos dominical a été mis en place, avec sagesse finalement si on lit le texte, pour que les gens se REPOSENT!
Un jour de loisir, quoi.

Bon, il semble que ce "jour de loisir" a un peu dérapé des fois.. pique-nique dans l'église ou autour, danse et musique (même les prêtres s'y mettaient), activités ludiques (le mot "sport" n'existe pas encore) dont la soule ou autres, avec leurs dérapages (les prêtres semblent s'être adonner aussi)...Mais là n'est pas le sujet. :mrgreen:

Il faut aussi retenir que, au MA, la notion de "rendement" n'est pas DU TOUT identique à celle de notre civilisation actuelle. Cette notion de "rendement" se met en place doucettement avec le "temps des marchands" (et franchement, vu mon âge, je vous jure que en 40 ans de carrière, j'ai vu la différence niveau exigences niveau rendement). A partir du XIVème, il a été de moins en moins "bon" d'être fileuse. (voir "Arachné enchaînée" de Cardon).

On continue dans le "old time", pas SI ancien?
Années 50 à 60: il y avait encore beaucoup de "couturière à façon" où les dames se rendaient pour commander robes et autres.
OK, il y avait des "modèles" (magazines, par ex) qui donnaient la tendance "mode", mais chaque dame choisissait SON tissu (couleur-etc) qui la mettrait le mieux en valeur. Idem: des petites modifications (+/- échancré, long ou court, etc, forme des boutons, de la finition).
Actu: la "mode" a décidé LES couleurs et LES modèles "tendance"... que vous soyez maigrichonne, pulpeuse, grande ou petite, jeune ou plus mûre, brune, blonde ou rousse: prière de rentrer dans le "moule" (des fois, cela pique les yeux grave, il faut être "mode" même si cela met en évidence des jambes arquées, et vous colle un teint genre "thriller"). :wink:

Chaque modèle, chaque personne était l'occasion d'une re-création...L'important était la "mode" (certes et encore: plus ou moins collée), mais SURTOUT ne pas porter la "même robe" qu'une autre!

Je doute très fort que le Moyen Age fût une période " costume Mao" avant la lettre. Mao lui-même a eu un mal de chien à l'imposer tout à fait (c'était gentiment contourné, TRES discrètement, pour info...). :mrgreen:

Et oui.. quand on coud, quand on tient une aiguille, on a envie de faire "joli"! d'ajouter une "petit plus". :wink:
Et NON, il ne faut pas des matières très couteuses, des ors, soies, pierreries pour égayer, personnaliser.

OUI, il y a moyen de faire de jolis petits trucs, sans passer 4h à broder 2cm2 (en fil de soie, point fendu type opus anglicanum) :mrgreen:

Autre question: va t-on écrire un "pâté" sur la robe de demoiselle ou dame "Toulmonde" garnie d'une petite broderie machine ou d'un ruban de croquet... à côté des pavés descriptifs des fines broderies somptueuses et coûteuses réalisées sur les robes très "haute couture" de la Jet Set?

Autre question (plus sournoise...): POURQUOI voit-on en reconstitution légion de "petits seigneurs pas trop riches pas trop pauvres".. qui (allez les voir à Pontoise quand ils quittent les stand de "métal") se penchent sur les tissus et essaient de trouver des sources pour avoir l'occasion de porter de belles matières... (dont la soie...), leurs cas de consciences de savoir SI "une 'tite déco" sur leur costume serait "histo".. alors que ils en crèvent d'envie? (chassez le naturel.. il revient au galop) :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

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Message29 Avr 2013, 08:36

Malice, comment tu le dis si bien, les jeunes préfèrent faire du shopping car on les a habituées à tout avoir et c'est aussi une société de technologie et de consommation. Pour ma part, j'aime bien tripatouiller la technologie, cependant j'ai appris à vivre avec les moyens du bord, du coup les choses simples nous paraissent beaucoup plus importante que le reste.

En ce qui concerne "les petits seigneurs pas trop riches ou pas trop pauvres", ce n'est pas la richesse de la tenue qui va tout faire. Ils peuvent être très richement habillés et ressembler à des épouvantails, tandis qu'un plus pauvre n'aura que quelques fioritures et paraîtra plus riche en fonction de la manière dont il le porte et de comment il y vit dedans.

Pour répondre à la question d'une petite broderie ou d'un ouvrage digne d'une cathédrale, j'aurai tendance à dire petite broderie (peut-être dû à mon bas niveau actuel) puisque j'aime les choses simples mais agréables à l'oeil.

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Malice
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Message01 Mai 2013, 13:50

Image

J'ai trouvé cette image dans les sources du début XIIIème, sur ce forum. Par contre, il n'est pas stipulé son origine, et je ne connais pas cette image.
Mais bref, le monsieur cul par dessus tête, là, me fait me poser des questions. Ses poignets, ses manches et son encolure sont ornés de motifs certes légers, mais bien présents. Ce sont des broderies?

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Message01 Mai 2013, 17:21

3 cas de figure:
- broderies (en moyenne, on brode les bandes et on applique.. ) : -cela peut être des broderies "riches", symbolisées vu la taille de la miniature => soie, or et flonflons
- application de galons.. (la guilde des passementiers, soit les gens qui confectionnent du "ruban" existe au XIIIème)
En techniques de "ruban", il y a moyen de bien "s'amuser" de "simple" à très travaillé" (qu'on peut bien sûr broder, cailloux etc...), du tissage à carte au tissage à lames (avec des subtilités, sinon c'est pas drôle). :mrgreen:
- le motif décoratif est tissé dans le tissu employé: en tissage, cela s'appelle aussi un "galon".
Là.. c'est "à voir"... vu que on reste dans l'économie du tissu (voir les fouilles de Las Huelgas) et que on ne fait pas nécessairement "motif raccord" (c'est plus tardif.. et marque que en "raccordant" les motifs du textile on a les sous pour gaspiller).

Situer le personnage de l'enluminure dans son contexte: qui est-ce? quelle oeuvre? originaire d'où? (=> région de production, courant artistique... Quelles sont les préconisations de l'Eglise: les oeuvres d'art sont.. des oeuvres de propagande!!))
Sur ces bases, pas mal de monde estime que la broderie n'intéressait QUE les personnages religieux, le clergé (vrai qu'ils sont conservateurs, donc on a les trésors d'église), et les personnages de très haut rang que y a que les nobles qui ont les sous (pas tout à fait vrai: une belle partie de nobles n'étaient pas TRES argentés et plus pauvres que pas mal de bourgeois!).
C'est dans ce contexte que paraissent les lois somptuaires.... :mrgreen:
(comique, non?)
=> Une série de personnes déclarent que, du coup, tout le monde a respecté ces fameuses lois.... (pourquoi furent-elles, dès lors, répétées et re-répétées, et même de plus en plus restrictives?)
NB: ces lois concernent les "matières de grand luxe". La broderie de laine ou de lin (plus rare): pas un mot.

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Message01 Mai 2013, 17:24

PS: si on se penche sur les lieux de production des ouvrages, et sur le critère "courant artistique" (voir aussi à qui l'ouvrage était destiné, cela peut jouer), d'aucunes, dès qu'il y a "déco" ajoutent aussi que "y a des particularismes" =>
Espagne "particulière" (pas tout à fait faux), Italie "particulière", Empire germanique (assez influencé par l'Italie) particularisme, etc, etc... :mrgreen:

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Nigelle de Maguelone
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Message30 Mai 2013, 22:37

Si on brode pour les plus grands, des merveilles dès le XIIIe s. l'apprentissage se fait forcément avec des matériaux moins nobles.
Il y a dans les réserves du musée du Puy de petites bandes d'orfroi assez étroites, qui reprennent l'iconographie traditionnelle de personnage dans une petite architecture.Nous pensons avoir a faire à des éléments brodés du XIIIe
C'est archi rare en France, et ce qui m'intéresse, c'est que ces bandes sont brodées de laine.
Oui oui, c'est pour le clergé.
Le clergé, aussi puissant soit n'était pas toujours riche et s'il pouvait peut être se payer les services d'un brodeur c'était different pour les matériaux précieux, et tous brodeurs ne maitrisaient pas toutes les techniques.
Sur les apprentissage, une bonne étude a été faite autour de l'antépendium des Augustins de Toulouse XIVe; arrive a situer les apprentis qui viennent parfois de loin (Lyon) et vont chez des brodeurs de différentes conditions, dont on connait aussi la taille de la fortune dans leur testament: des petits et des grands... comme dans tous les métiers de plus modestes en leur art et des maitres que les grands devaient s'arracher !!

hop !

yrwanel
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Message31 Mai 2013, 13:20

Merci, Nigelle, de parler des pièces qui ne sont pas forcément exposées parce que "pas prestigieuses"!

Les fonds des musées peuvent peut-être amener des indications précieuses quant aux "personnes de moindre statut". :wink:

Farfouilles....

Image
Fig. 3 Hat found in Oostrum (object nr. FM 35B-48). The hat was made from naturally white wool which was dyed a light red. The decorative stitching was made in a darker red yarn (collection Fries Museum).

Image
Fig. 5 Hat or headdress found in Dokkum (object nr. a1913/11.223D). The hat was made out of naturally brown wool which was dyed deep brown. The wool used for the decorative stitching was not dyed (collection National Museum of Antiquities Leiden).

Image
Fig 16 Hat found in Leens (object nr. GM1939/IV:13/1) (collection Groninger Museum). (Photo: J. Stoel, courtesy of Groninger Museum).
ET:
Image
Fig. 18 Decorative stitch applied to the hat from Leens.

"The hat from Oostrum was made out of what was originally white wool dyed to a pale red shade (fig. 3).[20] The fabric is of good quality (0.5-0.7 mm threads, 14 x 12 threads/cm) and the hat was sewn with great care, using the same decorative stitch as the pillbox-cap from Leens (fig. 18 & 27a). This decorative stitch was probably of a deeper red colour, making it a contrasting and attractive decoration. The hem of the hat was secured with very small running stitches that are hardly visible from the outside. The hat was heavily used and repaired in many places. These repairs seem to be the result of one action because the same technique and same type of thread were used for all the repairs. The repairs are firm but rough, although the repairer tried to use fabric of equal quality to the original."

Image
Fig. 19 Cap found in Rasquert (object nr. GM1928/VIII:1) (collection Groninger Museum). (Photo: M. de Leeuw, courtesy of Groninger Museum).
The cap from Rasquert (fig. 19) is made out of a fine diamond twill (17 x 9 threads/cm).[21] The crown and peak are attached with decorative stitches in s-twisted red yarn (fig. 27d). The seam was sewn with simple whipstitches and a decorative effect was obtained by drawing two threads through these whipstitches (Zimmerman 2009).


Image (modèle féminin!)
Fig. 20 Reconstruction of how the headdress from Dokkum might have been worn (object nr. a1913/11.223D) (collection National Museum of Antiquities Leiden).
The headdress from Dokkum is made out of a rectangular piece of cloth with two side panels (fig. 5) woven in a diamond twill (14 x 11 threads/cm). The sewing was carried out with great care. Seam allowances were first secured with either blanket stitches or raised chain stitches. The seams were afterwards sewn using the same decorative stitch as in the hats from Leens and

Oostrum
. Dye analyses have shown that the headdress was dyed a deep brown whereas the sewing thread was probably not dyed. This decorative band would have contrasted with the fabric, like in the Oostrum hat described above. It is not altogether clear how the headdress was worn. It would be similar to those from Early Medieval Dublin and York (Wincott Heckett 2003, Walton 1989) if the decorative stitches faced front (fig. 20) (Brandenburgh in prep.).


Needlework (couture-travail à l'aiguille)

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Fig. 27 Decorative stitches. A. Raised plait stitch present on the hat from Oostrum, the pillbox cap from Leens and the headdress from Dokkum.B. Heavy chain stitch, present on a textile from Leens (object nr. GM1927/VI.2/1).C. Plait stitch used to secure the seam allowance on the inside of the headdress from Dokkum.D. Decorative stitch present on the cap from Rasquert (after Zimmerman in press).

Most seams and hems show rather coarse sewing. The most popular stitch used by far is the whipstitch, which was often applied in big stitches more than 1 cm apart. Often sewing occurred using a 2zS plied yarn of 1 to 2 mm thickness or double threads, creating a strong join. Some of the textiles show more subtle needlework, as described above. In those cases thin sewing threads and smaller stitches were used. Several decorative stitches have been observed (fig. 27). An example of a heavy chain stitch (fig. 27b) was present on a fine diamond twill from Leens (20 x 15 threads/cm). [26] Two fabrics showed lines of running stitches that seem to have been decorative as well as functional.[27] The hats from Oostrum and Leens, as well as the headdress and garment from Dokkum and the garment from Middelburg, were especially carefully sewn. Both the inside and outside of the hats were sewn using decorative stitches (fig. 27c). Moreover, the use of the same type of decorative stitching (fig. 27a) on the outside of the hats in a contrasting coloured yarn gives the impression of standardisation in making these hats. Somewhat simpler versions of this stitch have also been observed on a pillow cover from the ship burial of Sutton Hoo (Mound 1) in Suffolk, in York and presumably also on a cushion from the tenth-century princely burial at Bjerringhøy (Mammen) in Denmark (Crowfoot 1983; Walton Rogers 2007, 101; Coatsworth 2005, 6). All these embroidered textiles may be considered as being of Anglo-Saxon origin (Coatsworth 2005, 24). The use of decorative stitching is self-evidently more than simply functional and may have been an indicator of wealth or status. The Dutch garments sewn using this technique were clearly of a superior status, as opposed to the majority of the textiles, and were therefore probably valued for their colour, decoration and craftsmanship.

voir: Early medieval textile remains from settlements in the Netherlands. An evaluation of textile production

Chrystel R. Brandenburgh
http://dpc.uba.uva.nl/jalc/02/nr01/a02

période: Early Medieval textiles (400-1000 AD) in the Netherlands
OK cela s'arrête à l'an Mil, OK ou peut parler d'un "particularisme" (mais qui est confronté à des fouilles ango-saxonnes...)

On aimerait assez (aussi) que en France, les fouilles textiles des "humbles" fassent l'objet d'études aussi poussées et objet de monographie. :wink:

OK: ce ne sont QUE "des points décoratifs" (contrastés => soucis d'enjolivement d'une pièce textile...) très loin des ors, orfrois et flonflons de super luxe, mais démontrant (quand même) un "soucis de coquetterie" des moins argentés. :mrgreen:

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