26 Fév 2014, 15:33
Et bien en effet, je constate (comme souvent) que les critiques ne sont pas toujours bonnes à faire,
même (et surtout) si elles partent d'une bonne intention et se veulent positives.
Ceci dit, je ne pense pas que ce soit la maîtrise de vos épées qui soient optimales,
mais bien la maîtrise de l'action, c'est-à-dire le réglage du combat.
La maîtrise de l'arme, ça c'est une autre histoire...
Mais, puisque vous avez eu la bienséance de me présenter votre parcours,
je me permets donc, pour que l'on fasse plus ample connaissance, de vous résumer le mien.
On me connait souvent mieux sous le nom du Seigneur de guerre.
Comme tous les gens qui s'investissent, j'ai mon lot de fans et de détracteurs,
mais aujourd'hui, je n'ai plus rien à prouver dans le monde médiéval...
J'ai débuté l'escrime (sportive) à l'âge de 7 ans et j'ai passé mon brevet d'enseignant d'escrime pour ouvrir une salle d'armes.
J'ai commencé le combat médiéval en 1980 à une époque où il n'y avait même pas une seule fête médiévale en France.
Depuis, je n'ai jamais cessé ni de pratiquer mon art ni même de l'enseigner depuis plus 35 ans puisque c'est devenu mon métier.
J'ai formé des combattants par centaines et j'assure désormais la formation des instructeurs.
j'ai réglé et produit des centaines de combats, de saynètes et de spectacles médiévaux,
dont la très connue "présentation des armes ou harnois", reprise par de nombreuses compagnies.
Enfin j'ai rédigé un ouvrage de référence intitulé "le combat médiéval",
qui permet l'apprentissage du combat de taille depuis ses bases.
Aujourd'hui, entre les animations, les stages, les conférences, etc.,
je travaille sur la création d'un grand parc médiéval (parc d'immersion), le projet Graal's,
(dont vous avez peut-être (ou pas) entendu parler) qui reconstituera un fief au XIIIème siècle.
Ceci dit, je ne dénigre pas la qualité technique du combat en tant que telle,
mais je regrette simplement sa vitesse d'exécution, partant du principe qu'un combat réglé
est plutôt destiné à être vu par le public que par des médiévistes, combattants de surcroît.
Je pense qu'un combat réglé, doit procurer des émotions au public: crainte, étonnement, rire, etc.
et malheureusement je n'ai pas trouvé cela dans le votre.
Il ne faut donc pas vous offusquer de mes remarques, bien au contraire,
j'ai regardé votre combat avec un œil de professionnel et je trouve que vous avez des qualités évidentes,
(hormis la modestie) qui ne demandent qu'à s'affirmer avec le temps et avec un bon instructeur.
Enfin pour conclure j'ajouterais que la référence aux ouvrages historiques,
n'est pas un argument ni pour la qualité des combats ni pour la maîtrise des armes.
En effet, ces ouvrages étaient rédigés par des "maistre d'armes " et destinés à des combattants aguerris
qui avaient derrière eux un long apprentissage du maniement des armes (en général depuis l'âge de 14 ans).
On pourraient comparer les techniques qui sont présentées, à ce que l'on appellera plus tard des "bottes",
au même titre que "la botte de Nevers" ou "le coup de Jarnac" par exemple.
C'est un peu comme si, en équitation, on apprenait à faire du saut d'obstacle sans jamais avoir appris à monter à cheval.
De ce fait bon nombre de combattants actuels n'ont aucune technique de base,
(très peu pratiquent l'esquive par exemple) mais font usage de brutalité,
en frappant de toutes leur force pour palier au manque de technique qui,
lorsque elle est maitrisée, permet de placer un coup sans risquer de "navrer" son adversaire.
En conséquence, pour beaucoup de combattants qui pratiquent depuis une dizaine d'année,
(cf. le béhourd) la violence prime, là où la technique fait défaut...
Mais ceci ne concerne pas les combats réglés, cela va de soi.
Chevaleresquement vostre.
"Ce qui vient de bras vaillants s'en va par mauvais servant"
Diction du XIIème siècle.