Peut-on supposer que tous les châteaux n'avaient pas des tailles "à la Versailles" (avec 60 000 larbins et un nombre pas possible de courtisans)?
Larbins, domestiques et assimilés: on sait, par des comptes de dépense (Mahaut d'Artois, Blanche de Castille, St Louis et sa femme, l'enterrement du roi de France organisé par le Roi René, etc..) que, uniquement niveau "tissu" et qualité des tissus, existait une hiérarchie du textile au niveau des divers domestiques et maisonnée.
Le dernier des marmitons gâte-sauce ne bénéficiait pas du même tissu, donc de la même qualité "tissu" et teinture même si la "maison" portait une couleur précise, que le grand chambellan, majordome, "second" (ou seconde) du seigneur. Il y a une très solide marge entre un "petit tissu tout venant" teint "basique" en, par ex. garance de base et un drap à l'écarlate de provenance X prestigieuse et teint au kermés recette de la mort qui tue.
C'est bien sûr à nuancer.. plus la maison a un "train" à tenir, meilleur (ou moins pire) sera le tissu.
La cour de France n'a pas le même "statut social" que un petit hobereau de fin fond province, qui a un petit domaine et de petits revenus.
Ceci, la qualité du textile et de la teinture, va également intervenir au sein de la famille seigneuriale et des chevaliers.
Là, on n'est que dans la "qualité"!
Autre facteur: les "décos" éventuelles, qui seront aussi fonction du "tous les jours", la chasse, autres activités de ces gens + les évènements (mariage, fêtes carillonnées);
Quant à la "mode", c'est plus subtil:
- rappel: le phénomène de mode démarre après Coucy et n'atteint pas tout le monde de la même manière ni en même temps.
- Faut aussi avoir les moyens, et on sait aussi (comptes de dépense), que même les Grands faisaient "refaire" et/ou rafistoler leurs vêtements, quitte à faire des "remises au goût du jour".
=> on peut estimer que la classe type "seigneur" et assimilé était plus "au goût du jour" que la valetaille toute tendance confondue.
- le textile et les vêtements font objet de donation, du vivant (quand défraîchi) ou après décès. Il y a rivalité féroce entre la guilde/métier/corporation des tailleurs (merciers, assimilés suivant les villes) et celle des fripiers quant au "stade" où le vêtement devient "fripe". => notion "mode/fashion victim" définira (aussi) un "statut".
Ceci représente des "marqueurs sociaux" indéniables que on peut appréhender, mais sans en connaître toutes les subtilités non-écrites (donc pas simple à "reproduire" en reconstitution!)
Ajoutons que dans une communauté, en principe "tout le monde se connait", niveau seigneuries, ce n'est pas si grand et les chevaliers attachés à une seigneurie sont connus en son sein, et plus que probable, dans les voisines et celles avec qui il y a relations.
Il y a le comportement aussi qui v faire la différence entre le marmiton et le chevalier et/ou le seigneur.
Attention aussi: tout chevalier n'est pas attaché à une seigneurie, loin de là, n'est pas "fortuné" non plus!
Combien de fils cadets surnuméraires, chevaliers, furent envoyés sur les routes à trouver employeur (autre seigneur..), à tenter de faire fortune au travers de bon mariage, tournois, aventures diverses (croisades ou autres): certains petits Hauteville partis de Normandie du foyer familial pas très riche (même seigneur!) et ont plutôt bien réussi en Sicile! Tous n'ont pas eu cette bonne fortune.
En échange, avec le développement des villes, certains marchands étaient plus fortunés que pas mal de seigneurs...
Un assez joli exemple: Jacques Coeur "milliardaire" au moment où le roi de France était SDF... (bon,les lois somptuaires, moultes fois répétées, ont tenté, des fois assez vainement, d'installer des critères de marqueurs autorisés ou non suivant statut)
Welcome dans le joli monde subtil des textiles, vêtements, apparences!