Bon, j'ai la chance de bosser un peu sur les actes d'un procés de la fin du XIVeme, je vous balance donc ici, un peu en vrac, quelques éléments piochés dans ce gros document. Je ne me suis pas pris la tête sur la rédaction... désolé... mais sinon j'ai l'impression d'être encore au boulout

Prêts ? alors on y va

Procès d’Argelès.
Document de 61 folios, plus une dizaine d’intercalaires, conservé aux archives départementales des Pyrénées Orientales (Référence ADPO, 1B 170)
Actes d’un procès qui s’est tenu à Argelès au cours de l’année 1398 (de janvier à juillet). Ce procès relate plusieurs faits survenus à Argelès au cours des années 1397 et 1398. Au-delà de ces évènements, les différents témoignages orientés par les questions des juges mettent en avant des luttes de factions au sien de la communauté villageoise.
Les évènements décrits dans le procès :
1- Des affrontements impliquant le capitaine de la ville, le bailli et des villageois survenus après qu’un des villageois ait refusé d’obéir aux ordres du capitaine et se soit enfuit de la ville. 36 témoignages dont ceux du capitaine et du bailli
2- Des discordes et mésententes au moment de l’élection des nouveaux consuls.
3- Des affrontements impliquant le capitaine de la ville, le bailli et des villageois survenus pendant le bal du carnaval. 13 témoignages
Le procès se termine au mois de juillet avec la liste des personnes punis et les peines qui leur sont infligées.
Armes citées dans le procés : (en italique, le nom tel que je l'ai lu ... avec des erreurs possibles de ma part, entre parenthèses ma "traduction", avec des erreurs possibles, merci de me corriger ... )
Una grand daga (une grande dague)
Cortesqua (corseque, mais cette arme ne serait utilisée qu'à partir du XV/XVI°?)
pieu
cotte de maille
Brug (broigne ?)
lance courte
lance
cuirasse
espasse (épée)
dart (javelot court ou dague)
paves (pavois)
rodella (rondache ou rondelle)
taulatxo (mannequind’entraînement)
un mig escut (un écu moyen)
glavi lonch (glaive) ( Pierre Paul, qui tenait le glaive à deux mains, tente de me donner un coup à la poitrine, j’esquive le coup mais la lame me blesse au niveau de la bouche)
coltell (couteau)
basalart (bouclier)
punyals (poignards)
dagua longua (dague longue)
cervellera (cervellière)
extrait de témoignage (traduction pas forcement exacte à 100% en italique, avec les textes d'orgine entre parenthèse, suivi de mes commentaires...)... surtout des petits passages qui m'ont amusé
Mardi dernier, Amoros, qui avait été prévenu de la menace des grandes compagnies me demande de monter en haut du clocher pour sonner l’alerte et je lui répond que je suis un peu bête (que ell era feble de cap) et que je préfèrerais que le capitaine demande à quelqu’un d’autre de le faire mais que j’étais prêt à aller aux barrières, ou à monter au mur ou à porter des fagots sur le chemin de ronde.
Amoros est un chevalier, c'est le capitaine de la garnison de la ville, mention de barrières pour protèger la ville (alors qu'elle est normalement entourée de remparts à cette époque), on monte des fagots sur le chemin de ronde (si quelqu'un peut me préciser pourquoi ? Pour les enflammer et les jeter sur les assaillants ?)
Je demande à Antoine Puig de monter au clocher pour sonner l’alerte car tous les gents d’Argelès étaient dehors. Antoine me répond plusieurs fois « Par le cul de Dieu, je n’y monterai pas » ( Per lo cul de Deu ja non pujaria per el)
par le cul de dieu... j'adore, je cite ce passage juste pour ça

il n’avait pas d’arme excepté un coltell
je suis pas armé, j'ai juste un couteau

Alors, je vois, Bernard BASO, Pierre PUIGSECH, Gispert FABRE, Pierre MAURE et le battle d’Argelès, qui sortaient tous armés de la maison de Pierre maure. Bernard BASO, crie le premier « A mort, a mort le capitaine (Mura, Mura lo capita !) Et tous les autres crient en suivant. Et de fait, BASO tente de me donner un coup de lance mais GODOFREN , qui portait un bouclier ( rodella) se place devant moi et arrête le coup .
Le respect des forces de l'ordre... ça date pas d'aujourd'hui
Ce jeudi là, j’étais devant l’atelier de Puigsech quand j’entends crier, « attrape-le, attrape le, ferme les portes » et j’ai entendu dire que c’était A. Puig qui fuyait parce qu’on voulait le mettre en prison. Alors, de nombreux villageois accourent avec leurs armes en demandant ce qui se passe et une bagarre éclate devant le portail de Sainte Marie.
Après la liste des armes, là c'est confirmé, les villageois possèdent des armes... et ils se tapent entre eux avec (alors qu'ils craignent une attaque... ils sont pas plus malin qu'aujourd'hui...)
Le capitaine criait « arrête, arrête, ferme les portes ! » ( atura, atura, tanqua portals ). A ces mots, je prends deux darts et je cours vers le portail où je trouve le capitaine qui tenait Bernard Dosona par les vêtements au niveau de la poitrine. Bernard Dosona, de son coté , tenait une dagua longua, dont la lame était pointée vers le ventre du capitaine.
Deux darts... je pense donc qu'il s'agit plutot de sorte de javelots courts plutot que de longues dagues (mais je peux me planter...)
Le témoin montre au juge la rodella qui a servi à défendre le capitaine on y voit un coup de pointe qui semble avoir été fait par un galvi ou un autre objet en fer (ferrement).
LA PREUVE : regardez ! Il m'a tapé !
Le soir du carnaval Pierre Borde était en train de faire une criée à la demande du capitaine dans laquelle il était ordonné qu’aucun étranger ne porte de vraies armes (armes verdades)
Et c'est quoi les fausses armes ?
La nuit du carnaval, j’accompagnais le capitaine qui faisait un tour dans la ville quand nous voyons des gatnau étranger qui portaient des épées dans les rues.
J'ai pas retrouvé la citation, mais ces gatnau (je sais pas à quoi correspond ce terme, il peut désigner une région en Espagne, à 150 km d'Argelés) sont mentionnés plusieurs fois, ils sont décrits comme étant habillés en noir.
Le capitaine voit parmi les danseurs quelques hommes qui portaient des capes avec des fausses barbes
Bon, c'est pour carnaval... les fausses barbes... mais on apprend aprés que ce sont les gatnau, et qu'ils portent tous des épées...
La dessus, je suis renté chez moi pour mettre un casque (cervellera) sur ma tête car je ne portais rien.
L'une des nombreuses mention d'un gars qui rentre chez lui pour s'équiper, puis revenir se taper dessus avec les autres

et voila, c'est tout, peut être la suite prochainement...
--Message edité par jeahn le 2011-03-03 18:15:33--