Ce qui suit et un MASTER 1.
La période médiévale
L'astronomie dans l'occident chrétien
Du Ve à la fin du XIVe siècle de notre ère, l'astronomie telle qu'elle se
présente en Europe, est réputée n'avoir pour seul enjeu que la conservation et
la transmission de l'héritage ptoléméen. L'illustration éclatante de cette
représentation unilatérale du monde, faite d'un d'une correction permanente
des outils issus de l'Almageste, se trouve dans la diffusion du manuel écrit
par Johannes de Sacrobosco. Né en 1195 et décédé à Paris en 1256, il fut
l'auteur d'un Traité de la Sphère qui devint, jusqu'au XVIe siècle, le
vademecum de tout enseignement relatif au système du monde. Les quatre
parties de cet ouvrage présentent respectivement :
L'apport arabe
L'astronomie arabe, dont les tables et relevés d'observation (en particulier les
tables d'Ulugh Beg, XVe siècle) sont très largement traduits, connes et
discutées entre le XIIe et la fin du XVIIe siècle en Europe, à l'égal de celles
de Brahé et de Képler, est à l'origine constituée par plusieurs influences, pas
toujours distinctes : l'astrologie de Sumer, les Grecs archaïques, la période
alexandrine, l'astronomie indienne et syriaque. L'activité dominante des
astronomes arabes tient d'une part dans la conservation, la traduction puis la
critique de l'héritage grec, puis dans l'accumulation d'observations et d'outils
théoriques destinés essentiellement, après l'avènement de l'Islam, à maîtriser
la chronologie des événements qui rythment la vie du croyant
- détermination de la position de la pierre sacrée, la qibla, c'est-à-dire :
déduction, au moyen du calcul des hauteurs des corps célestes une
coordonnée précise en latitude et en longitude à partir de celle que
l'on occupe
- calcul de l'apparition du premier quartier de la nouvelle lunaison
- connaître l'heure de l'appel à la prière.
Mais cette caractéristique de l'astronomie arabe post-islamique ne la
distingue en rien de l'astronomie propre au Moyen-Age chrétien. L'ambition
essentielle de l'observation astronomique, en occident comme dans le monde arabe, tient moins, à cette époque dans la construction de systèmes
astronomiques alternatifs à ceux du géocentrisme ptolémaïque, que dans le
désir de domestiquer les relations de temps et d'espace. Alors que se
développe conjointement la cartographie, l'astronomie s'emploie à donner à
l'espace terrestre des repères stables, mathématiquement déterminés. A la
tradition populaire des Anwa ' , qui court jusqu'au Xe siècle de notre ère,
succède celle d'un véritable développement de ce qu'il est convenu d'appeler
"astronomie" dans le monde arabe. En 773 apparaît la première traduction,
due à al ! Fazari , d'une source issue de l'astronomie indienne : le livre de
Sindhind. Mais c'est l'astronomie grecque qui, avec l'ensemble des textes
issus de la pensée grecque classique, est le plus souvent présente dans les
bibliothèques arabes peu avant que al-Battani (858-925) puis al-Biruni (973-
1050) et al-Zarqali (1029-1100) ne donnent à l'astronomie arable leur
principales tables astronomiques de référence. L'Almageste (al-Majisti) ainsi
que le Livre des hypothèses (Kitab al-Manshurat) de Ptolémée, diffusés sans
cesse après les premières traductions de al-Hajjaj Ibn Mattar puis Ishaq Ibn
Hunayn à la fin du VIIIe siècle, convertissent l'inspiration indienne, encore
très présente avant le Xe siècle, en une solide entreprise de transmission puis
de critique du géocentrisme grec.
S'il faut attendre la Renaissance pour voir en Occident se développer des
critiques du ptolémaïsme, avant même que ne soient publiées les thèses de
Copernic, l'astronomie arabe présente la particularité d'avoir critiqué
beaucoup plus tôt le système géocentrique. Ces critiques sont de deux ordres:
philosophiques ou métaphysique d'une part, astronomiques d'autre part.Dans
le second groupe, Ibn-Qurra apporte dès le IXe siècle une première
rectification de l'Almageste, qui prend en compte le phénomène de
précession, particulièrement décisif pour résoudre les problèmes liés au
calendrier religieux. C'est en Espagne, au même moment, que les critiques
les plus vives se font entendre : Ibn Bajja et Jabir Ibn Aflah, plus connu sous
le nom de Geber dans la tradition chrétienne, veulent revenir, par-delà
Ptolémée, à la pureté originelle du système aristotélicien. Maïmonide, au
Levant, se situe dans le même courant de réforme. C'est avec al-Biruni puis
Avicenne (Ibn Sina), au XIIe siècle, que l'on trouve les premières mentions,
sans doute assez largement répandues, d'une critique de l'immobilité de la Terre. Sans doute, al-Biruni condamnera ultérieurement le mouvement de la
Terre, mais il n'en demeure pas moins que l'évocation libre de cette question,
et sa résolution au moyen d'arguments tirés soit de la tradition (al-Biruni
s'inspire ici de l'astronome indien Aryabhata qui vécut au VIe siècle), soit
d'hypothèses physiques adéquates, sont autant de réflexions dont aucun
équivalent n'existe dans l'astronomie des médiévaux chrétiens.
L'astronomie arabe n'a pas seulement contribué à l'établissement de tables ou
d'équations planétaires puissantes, elle a aussi marqué profondément
l'histoire des techniques par la construction d'instruments de précision dont
l'Occident a directement bénéficié : observatoires (Maragha, XIIIe siècle,
Samarcande, XVe siècle puis Istambul, XVIe siècle), sphères améliorées par
rapport à celles de la période alexandrine, astrolabes plans ou sphériques,
quarts de cercle destinés à calculer les mesures de direction par les méthodes
des sinus. Une grande synthèse de cette production instrumentale est écrite
au XIIIe siècle par Hassan al-Murrakushi, au Caire.