Je vous informe de la sortie de mon second livre, publié chez Colonna édition, en novembre prochain. Si l'histoire se déroule en 2150, avec une technologie assez proche de notre niveau technique actuel, l'ambiance et l'organisation sociale proposées dans ce livre s'inspirent en partie du moyen-âge (tripartition fonctionnelle indo-européenne par exemple)
Quatrième de couverture : Paris, 7 mai 2134. Un groupe fuit dans les entrailles d'un Paris en ruines. Les hurlements se rapprochent, la mort les talonne.
Le monde tel que nous le connaissons a été balayé en seulement quelques mois. Les hommes, divisés, n'ont alors pas su faire face au péril qui les menaçait. Si les rescapés ont appris à s'organiser et à survivre dans un monde nouveau, le traumatisme de cette année 2020 appartient désormais à la mémoire collective de toute l'humanité. Il tourmente les esprits, chaque nuit, quand revient l'interminable litanie des cauchemars.
Deux jeunes adultes cristallisent tous les espoirs. Presque des enfants. Jérémie n'est qu'un adolescent et Esther une tête brûlée, déchirée par des passions extrêmes. Mèneront-ils les peuples libres sur le chemin de la paix ? Ou conduiront-ils les derniers survivants au chaos et à la mort ?

Couverture provisoire (manque le sigle de l'éditeur, le prix de vente, l'isbn, etc...)
Et, en cadeau, les premières lignes :
7 Mai 2134. Les ruines de la ville découpaient leurs sombres silhouettes sous la maigre clarté de la lune. Les immeubles éventrés, aux toits depuis bien longtemps effondrés, dressaient en chicots putréfiés leurs derniers pans de murs. La dame de fer gisait sur le sol, brisée. Son squelette rouillé finissait de pourrir, victime du crachin gris qui le fouettait sans discontinuer, trois cents jours par an. Les poutrelles absurdes ne témoignaient plus de rien. Nul ne se rappelait qu'autrefois, ici, une flèche portait l'arrogance des hommes loin vers les nuages. Un temps où tout semblait permis; quand les dieux eux-mêmes, défiés par les sciences et les techniques, foulés au pied par les plus folles illusions, ne semblaient n'être plus que des marionnettes de chiffon agitées dans le silence des églises. Des fantasmes vénérés par des femmes, des enfants et des vieillards perdus. Des rêves désespérés...
Ce jour-là, exceptionnellement, les nuages avaient déserté le sombre théâtre du ciel nocturne. La lune seule ceignait encore autour de son ventre rond, triste coquette, une écharpe en lambeaux de brumes. Les étoiles brillaient à nouveau; elles racontaient sur la scène noire mille et une fables négligées depuis bien longtemps par les hommes. Pour la première fois depuis des décennies un taureau immobile sillonnait l'empyrée, lancé à la poursuite d'une fille ravissante, belle comme le jour. L'histoire s'invitait à nouveau dans le firmament. Fonçant droit sur l'étoile polaire, une comète égratignait le ciel d'une longue traînée en poussières d'argent. Son sillage écorchait l'ombre semée d'astres pâles.
Sous terre, dans les entrailles de la ville morte, un groupe progressait avec peine au milieu des décombres. Une poignée de pauvres hères aux vêtements déchirés, femmes et hommes. Aucun enfant. Une fille aux cheveux bouclés ouvrait la marche, tenant son bras brisé contre sa poitrine; sa cuisse saignait. Elle avançait droit devant elle, d'une démarche erratique, fixant l'inconnu qui la précédait. Chaque pas lui arrachait un cri de douleur. Mais il la rapprochait aussi de la Cité, l'éloignait de la mort. Elle en était persuadée, elle s'accrochait à cette fausse espérance pour ne pas perdre la tête. Un couple tentait vainement de ne pas se laisser distancer par le groupe. L'homme soutenait avec tendresse une jeune femme. Deux militaires brandissaient des armes de gros calibre. Ils se retournaient régulièrement, fouillaient de leurs canons l'obscurité. Leurs yeux fous roulaient dans leurs orbites. Avec de grands gestes impatients, ils ordonnaient aux deux retardataires de presser le pas. Si l'aîné, qui n'avait pas vingt ans, réussissait encore à conserver un semblant de calme, son camarade ne parvenait plus à dissimuler sa terreur.
Salomé s'essoufflait, elle ne suivait plus le rythme imposé par les deux soldats. Son ventre la faisait atrocement souffrir. Les premières contractions avaient commencé une poignée de minutes avant l'attaque et le terme était imminent. Elle inspira profondément, espérant ainsi limiter la douleur et retarder le travail. Elle avançait en somnambule, butait parfois sur une pierre et manquait de choir sur le sol. Seul Jehan l'empêchait de tomber, la rattrapant avant chaque chute, de justesse. Si elle trébuchait et se foulait une cheville, son salut ne pourrait venir que de la capsule de cyanure qu'elle serrait dans sa main. Elle n'avait plus la force de lire les noms qui s'égrenaient sur les quais abandonnés. Haussman, Lafayette, Drouot, les pancartes rongées par les ans affichaient les noms de fantômes. Ils avaient été depuis bien longtemps chassés de la mémoire des hommes.
Elle était encore en état de choc. Elle revivait, en spectatrice, les actes du drame qui se jouait contre elle. Son esprit ne parvenait pas à comprendre la rupture soudaine, brutale, inacceptable, qui l'avait précipitée de l'allégresse à l'horreur la plus indicible. Moins d'une heure auparavant, la future mère était encore allongée sur son lit et serrait la main de Jehan. Leur enfant, ce petit bout de vie qui témoignerait au monde, par sa présence, de l'amour qu'elle lui portait, devait enfin naître après neuf longs mois de joies et d'attentes. Salomé, épuisée, s'appuya contre la paroi en faïence fêlée d'une ancienne station de métro. Elle ferma les yeux quelques secondes et se retrouva par magie loin d'ici, à nouveau dans la petite chambre aux murs blancs. La douleur s'estompa rapidement; épuisée et heureuse, elle se revit contempler en silence le visage de son époux, savoura ce bonheur inventé par son imagination, dérobé à une tragique réalité.
- Elles arrivent ! Bougez-vous, on doit rejoindre la Cité !
La voix forte de Seddik anéantit son rêve. L'image de la petite chambre fut brisée en mille éclats, pauvre miroir aux alouettes jeté au sol, fracassé sur le béton humide. Elle revécut en une fraction de seconde, comme si un film en accéléré déroulait sa folle bande sur la toile de sa mémoire, les évènements qui la conduisirent ici, qui l'arrachèrent à son refuge pour venir la perdre dans des couloirs sombres et poussiéreux, encombrés par les détritus. Parfois se détachait au loin, porté par les voûtes et les corridors, le hurlement de terreur d'un réfugié blessé, abandonné lors de la fuite. Lui répondait invariablement, en écho sinistre, le cri de triomphe d'une chimère. Un frisson de terreur parcourait alors le petit groupe des fuyards. Salomé, titubante, cessa brusquement d'avancer. Elle se campa solidement sur ses deux jambes et, les mains sur les hanches, apostropha Jehan. Elle aurait voulu employer un ton déterminé mais ses lèvres ne laissèrent s'échapper qu'un filet de voix ténu, implorant.
- J'en ai marre !
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