The Day After Tomorow
( ou : Une Fable de Med Fiction )
Le jour se lève en ce Jour d’Après Demain sur le monde Médiéval…
Un néophyte, jeune idéaliste, vient de franchir la frontière de ce grand pays, et, les mirettes grandes ouvertes, étend les bras avec passion émue pour embrasser cette contrée qu’il rêvait de connaître…
Le Néophyte n’a pas de prétention spéciale… Son moteur fut un joli rêve d’enfant et il compte en vivre encore un peu, le temps de découvrir.. Peut être par la suite décidera-t-il de se laisser porter par ce petit rêve, doucement ou, peut être se mettra-t-il en marche vers une voie dont il a entendu parler par des gens très sérieux, parfois irritables et méprisants mais surtout, eux aussi, de grands passionnés !
Qui sait ? Pour l’instant il ne se pose pas la question, il est trop impatient de se plonger enfin dans ce monde Médiéval qu’il rêvait de connaître !
(ah oui c’est une histoire localisée géographiquement, du moins en gros, elle se passe dans le « sud » du royaume de France).
Revenons en à notre néophyte prêt au grand plongeon.
Ses bras ouverts et son cœur battant il attend que le grand soleil du Sud cesse de l’éblouir de son aurore afin de pouvoir contempler la contrée.. Enfin ! Le rayon qui l’aveuglait décroit, son regard embrasse le paysage..
Et il ne comprend pas.
Devant lui, une terre dévastée s’étend, qui n’est que cendres et sable, où un vent âpre souffle là où il pensait entendre de chants et des rires.
Après que le choc soit quelque peu passé il observe et tente de comprendre..
A sa gauche et à sa droite, se tiennent deux immenses bastions en ruines. Le premier semble plus ancien, sa base plus étendue, ses fortifications enfoncées semblent avoir été très très très épaisses et consolidées de nombreuses fois en diverses ceintures de murailles .. Étouffantes ? quant au second, il paraît quelque peu plus jeune, plus frais, mais… les deux ne sont plus que ruines et le néophyte finalement a du mal à les distinguer…Il constate néanmoins que le second bastion est légèrement plus petit, ses murailles sont fragiles et semblent avoir été faites à la va-vite.
Pourtant l’endroit est hérissé pratiquement partout de pointes acérées, que l’on distingue bien rodées, bien conçues et acérées…préméditées ? servant à la fois de charpente et d’armes.
En s’approchant.. Le Néophyte s’attriste de voir détruits, ces deux édifices qu’il devine avoir été prometteurs et beaux. Se penchant sur les restes de leurs enceintes il est intrigué de constater qu’elles sont faites des mêmes pierres ! Il gratte un peu les différents mortiers et Ô surprise ! Sous quelques couches de mortiers divers et variés, plus ou moins pourris et décomposés, se trouve un et même liant, aux couleurs abîmées mais néanmoins vivaces.
Décidément le néophyte ne comprend plus rien.
Il se décide à visiter les deux forteresses en ruines.
Dans les deux, il découvre les décombres d’une multitude de chapiteaux et de tentes…La plupart relativement grandes, certaines gigantesques, d’autres plus modestes. Chacune arbore une bannière aux couleurs délavées commune à un bastion et une bannière qui semble individuelle.
Dans les tentes à moitiés brûlées, le Néophyte trouve plusieurs objets divers et variés.. Certaines contiennent des épées et des arcs (en nombre !), d’autres des instruments de musique, quelques ustensiles de cuisine, des métiers à tisser…et certaines tout cela à la fois.
Que comprendre ?
Ah ! Le Néophyte vient de découvrir quelque chose d’étrange à terre…les restes d’une flèche carbonisée qui dégage une forte odeur de .. Poix ! Mais ? Le Néophyte se rend compte en navigant de bastion en bastion que les deux sont littéralement recouverts de ces restes de flèches…
Une bataille ?
Notre héros de plus en plus troublé décide de s’asseoir un moment pour tenter de rassembler ses idées.
Il s’éloigne des deux forteresse et s’installe sur ce qui semble être un énorme boulet de pierre à demi enfoncé dans le sol (?).
Soudain le Néophyte constate que la zone aride et dévastée dans laquelle il se tient forme une sorte de No Mans Land entre les deux édifices, et, que cette zone est jonchée des restes si déchiquetés qu’il sont à peine reconnaissables, d’une multitude de minuscules tentes, toutes avec des bannières différentes, dessinées maladroitement. Tiens ! Le Néophyte trouve à terre une tenue à moitié achevée de coudre, faite dans le même tissu à moitié synthétique que celui de sa tunique et cousue de la même manière… débutante !
Le pauvre est décidément perdu.
S’est-il trompé de monde ? Où sont les fracas de batailles joyeuses et fraternelles ? Où est la musique ? Où sont les danses ? Où sont ses rêves dans cette désolation ?
Prenant son visage entre ses mains et enfonce ses poings dans ses yeux rougis en se répétant qu’il cauchemarde et qu’il ne saurait dormir plus longtemps.
C’est alors que quelque chose de tremblant et de très léger se pose sur son épaule.
Brusquement il se retourne et aperçoit, qui le presse doucement, une silhouette décharnée dissimulée sous des lambeaux de tissus grisâtre, son visage et caché et sa voix si desséchée qu’on ne peut la dire d’un homme ou d’une femme.
Le Néophyte effrayé s’enquiert de l’identité de l’apparition et icèle de lui répondre « je suis né avant-hier, j’ai connu la beauté d’Hier, j’ai pleuré Aujourd’hui, Demain m’a rendu Apatride et Après Demain voit la Fin car je suis le dernier de cette contrée. »
Notre pauvre héros ne comprend rien bien sûr…et s’empresse de demander à l’énigmatique silhouette la direction du Monde Médiéval du Sud de la France car il s’est vraisemblablement perdu.
Vous avez deviné la réponse de l’inconnu car vous êtes fins chers lecteurs.
Evidemment le Néophyte ne s’est point égaré.
La silhouette lui conte alors le mystère du destin de la Contrée.. La diversité, puis l’unité que l‘on cru bon de croire consentie de tous bien que ce ne fut pas le cas, puis de ce fait la diversité à nouveau… les idéaux… les espoirs… puis les bassesses partagées et La Guerre atroce qui fit rage entre les Deux Bastions, la mort des idéaux la mort des amitiés la mort de la passion et de la joie et la mort lente et affreuse des occupants des deux bastions, chacun ayant tenté de couper les vivres à l’autre, il n’y eu plus de vivres du tout, et tous, moururent n’ayant plus ni vivres ni terres à cultiver.
L’inconnu compta aussi la fin définitive de ce pays, par le charnier du No Mans Land, terre stérile pillée par les Deux Puissances où échouaient les Nouveaux-sans-Influences et les Anciens-Qui-Rêvaient de neutralité et où ils périrent très vite d’inanition.
Le Néophyte pleurait à chaudes larmes, comprenant que son rêve était perdu.
La Silhouette retira sa main de l’épaule du Néophyte, lui conseilla de quitter cette Contrée stérile et dévastée où aucune ressource ne subsistait, laissa au Néophyte un épais livre rebondi aux pages épaisses, fit quelques pas et disparut.
Notre héros quitta donc la contrée morte, rentra chez lui le cœur serré et consulta le livre.. Qui était un recueil d’enluminures montrant des fêtes, des rires, des batailles étincelantes où les combattants sourient en relevant les « morts », où s’étendent des kilomètres de galons chatoyants issus de doigts de fées concentrées sur leur ouvrages, où l’on voit des tablées braillantes étendards mélangés discutant à bâtons rompus, où ces gens costumés comme dans les rêves de notre Néophyte, dansent, rient, ou émergent de leurs tentes emmitouflés dans des fourrures épaisses avec un visage au regard meurtier qui crie « caféééééééé »….
Alors notre héros est un peu moins triste, il a au moins de quoi imaginer ce qu’il aurait pu vivre…
Parce que c’est la seule chose qui reste, chers lecteurs quand il n’y a plus rien pour les recréer.
Des Souvenirs.
Lila, petite brune de 11 ans, un été aux Baux de Provence qui décide en nettoyant les casques des chevaliers qui lui ont fait la joie incommensurable de lui confier cette tâche, que quand elle sera grande, elle sera Médiéviste.
Sous le regard tristoune de Malgwen grande rousse, un hiver à Avignon, 8 ans plus tard.