Beaucoup de médiéviste essaient, tant bien que mal, de se donner une image de ce qu’était un milite pendant la croisade contre les albigeois. La plupart d’entre eux abhorrent à la taille une épée qui n’est pas vraiment une arme. Cette « épée » est rangé dans un fourreau attaché à un baudrier qui, dans le meilleur des cas, est d’inspiration germanique.
Mais que penser de la bouterolle de cuir qui orne le bas de ces fourreaux ?
La fonction principale de la bouterolle était de protéger des chocs et du ragage la partie basse du fourreau. Pour ce faire, le métal a semblé être le matériau le plus adapté à résister aux aspérités abrasives.
Dès l’Âge du Bronze Moyen, nos anciens ont utilisé des bouterolles en bronze. Puis elles ont été fabriquées en fer au Moyen Âge.
Si nos musées sont bien pourvus en bouterolles de bronze, très peu de bouterolles de fer sont parvenues jusqu’à nous.
Néanmoins, le Musée historique et archéologique de Montségur détient les restes d’une bouterolle de fer retrouvée lors des fouilles du site de Montségur.
Il est fort probable que cette bouterolle soit, au plus tard, des années 1243 (prise du pog). D’ailleurs, elle est de même facture que celles qu’on peut voir dans les miniatures de la bible de Maciéjowski.
Restes d’une bouterolle. Musée de Montségur.

Bouterolles. Bible de Maciéjowski.
ESSAI DE RESTITUTION :
Pour cela j’ai pris en compte les dimensions du reste de la bouterolle de Montségur et les exemples donnés par la bible de Maciéjowski.
Une lame d’épée (première moitié du XIIIe siècle) du Musée Vivant Denon m’a permis de déterminer quelle aurait pu être la forme et les dimensions de la pointe du fourreau.

1- Réalisation d’une matrice ou forme, en fer, correspondant aux dimensions de la pointe du fourreau.

2- Mise en forme d’une tôle sur la matrice.

3- Découpe des ouvertures, façonnage du décor supérieur, puis soudures des tôles sur l’arrière de la bouterolle.

4- Mise en forme au marteau et à la forge de l’arrondi qui termine la bouterolle.

5- Ponçage et lustrage de la bouterolle.
Cette bouterolle, une fois terminée, m’a semblée un peu lourde par ses formes par rapport à la pièce originale. Un amincissement des largeurs de tôle m’a rapproché de ce que pouvait être une bouterolle de fourreau à la fin de la première moitié du XIIIe siècle.
Quelles sont vos remarques ?