Niveau "avancées" éventuelles, nous n'avons, comme sources que:
- les représentations...sculptures, pierres tombales, manuscrits, peintures (99% religieuses...). Pierres tombales: des fois faire attention: le caveau ne va pas nécessairement dater du moment de la mort. Sculptures: faire gaffe aux "historismes"... guerres, révolution et autres ont amener à des restaurations (bien avant Viollet le Duc, du reste), pas forcément à l'identique. Des fois certains manuscrits sont des "photocopies" d'ouvrages plus anciens (le boulot des.. copistes!).
Re-rappel: on a affaire à des "courants artistiques" qui n'a jamais prétendu représenter la super-vraie réalité. Il y a des
"codes", exactement comme pour les BD: le public, pas forcément lettré, doit pouvoir repérer immédiatement les personnages illustrés. La Vierge (parmi d'autres femmes), Ste Anne, Jésus, St Machin ou St Brol, le Riche, le pauvre, le Roi, etc. le tout étant évolutif au fil du temps (Judas est devenu roux, par ex.).
Couleurs: certaines ont fini, aussi, par être codifiées la Vierge est devenue "bleue" au fil du MA (XIX et XXème: couleurs layette dépressive rosâtre et bleuâtre...)

, St Joseph a fini par trouvé sa place en rouge, ce qui ne veut pas dire que, du coup, in ze vie quotidienne, du coup, toute les filles vierges se retrouvaient en bleu ou que personne ne portait de bleu "paske réservé à la Vierge"!
Dans certains cas, certains "centres de production de manuscrits" se caractérisaient par leur style (qui permet d'identifier une production de Cambridge de celles d'Oxford, par ex. ou, plus tardif: les Frères du Limbourg) et/OU par leurs choix de couleurs (vert et rouge pour Mont St Michel): rien à voir avec la "réalité"!
Le choix des couleurs va AUSSI être dicté par le commanditaire...Avoir un manuscrit est "objet de prestige", si on a des sous, on va le montrer.. et hop, les ors, le parchemin teint à la pourpre, le bleu lapis lazuli, et cela "s'étale".
Formes: Ne pas oublier que 99% de cette "production" est dans les mains des clercs, que l'Eglise veille...Déjà Charlemagne a édicté des lois somptuaires (voir le fil à ce sujet dans le forum). Plus que régulièrement l'Eglise va avoir son lot de "très vite offusqués" qui vont couiner copieusement "parce que les tuniques sont trop courtes", parce que trop longues, parce que trop ample, trop "colle au corps", les chaussures sont trop pointues,les becs de canards trop épatés,etc, etc, etc...
Ce ne seront guère ces "abominables excès de fashion victimes" qui vont figurer sur les pages ou les églises!
Par contre.... potasser les interdits des Lois somptuaires est riche enseignement de... ce qui se faisait! (sinon on n'interdit pas)
- on a des textes.....
* les testaments....ou inventaire après décès (il y en a une série sur ce forum). NB: comme maintenant, il y avait des notaires minutieux, d'autres moins, etc.
Inventaires après décès: pas oublier que l'Eglise se fait payer...(le salut d'une âme n'a pas de prix) et le textile représente "un budget" qui échappe des fois à l'inventaire post décès. Des fois le vocabulaire, clairs pour le temps, nous est peu descriptif: courtepointe (ok)en QUOI?), molletonnée (ah.. mais la matière?), "rayée" (euh.. le tissu est rayé ou bandes de tissu assemblées?)
* comptes de dépense: c'est de la compta, intéressante, mais laisse, des fois, sur notre faim. Drap de X, notion évidente pour la compta de l'époque. Là: matière? (drap, c'est au moins de la laine...) densité? foulée? couleur éventuelle? destinée à qui dans la Maison? pour en faire quoi? Un exemple: Mahaut d'Artois était fan du rose...ses comptes de dépense regorgent d’achat de textiles roses, certains pour elle, ou comme doublure, ou pour son personnel qui, suivant sa fonction, ne se retrouvait pas avec des qualités de textiles identiques et très certainement des qualités de teintures, donc des roses différents. Des fois, des mentions de "drap de Y" (couleur? rose ou?)
S'y ajoute un vocabulaire textile qui nous vaut, actuellement quelques arrachages de cheveux quant à savoir ce que c'est exactement...
Et là.... "achat de x toise de drap de Y à destination de confection de.....mettons "houppelande": forme de la houppelande? longueur? à tuyau? à la façon de? (compte de Bourgogne, des fois on a ces indications...)
Bilan SI, je précise: SI il y a des amorces de "crevés" pour le XIVème: sous quelle dénomination, à cette époque? c'est la colle (il y en a un paquet d'autres, de colles, en vocabulaires textiles!)
Peut-être aller potasser les ouvrages d'Odile Blanc qui s'est penchée sur l'apparition du corps de mode à partir de la bataille de Crécy, ou la mode au temps du Prince Noir...mais les dessous, en principe, restent encore discrèts et "dessous" ou à peine dévoilés, songent à se montrer sous un laçage un rien échancré, mais non font en rien penser à ces ébouriffants crevés nettement plus tardifs.
Quant à égayer cette houppelande bleu nuit.....c'est plus subtil.
Elle peut, par sa sobriété, souligner les dessous, en tissus plus riches et chamarrés (pourpoints, chausses, ceintures): on commence à avoir des objets textiles dont le simple coût de la matière, le prix de la teinture, suffit à elles-mêmes à monter son statut. Elle pourrait être brodée, pas dans son entièreté mais sur les bords..broderie et/ou passementerie (orfroi si on est très riche...). Il y a la piste assez peu exploitée des "sequins" ou bezants, bref les "strass et paillettes" de l'époque, des fois réalisés en matière noble: or, argent (voir le sujet bezant)
Bleu nuit = couleur "saturée" (voir les échantillons des archives Datini), donc une couleur "riche" qui, à elle-seule, souligne son statut aussi...
