12 Juin 2008, 21:55
J’ai imaginé une déclaration d’amour que je pourrais faire à la femme aimée depuis longtemps, pas d’un amour de feu de paille, mais un amour profond et durable qui passe le temps et les rides, où même Jupiter le maître du temps qui aux plus belles choses se plait à faire un affront, même s’il sut rider mon front comme il sut faner vos roses, même lui ne put et ne saurait profaner le joyau d’un tel amour.
Souffrez que le plus barbare de nous tous, le plus mécréant, le plus grossier, ouvre les hostilités à la manière de :
Lettre de Don Giovanni del Rossiglione à son épouse dame Claire.
Celle-ci afin de la prévenir de son retour en ses terres après avoir participé à une croisade
Ma douce, ma mie, mon âme, ma vie
Me voici sur le chemin du retour, le chemin qui me mène vers vous, le seul chemin qui vaille la peine d’être foulé.
Je suis parti ma douce, la mort dans l’âme mais avec droiture et orgueil, j’ai répondu à l’appel du devoir, ce devoir si cruel qui nous a séparé, ce devoir qui nous à mortellement blessé, mais dont les blessures pour guérir ne connaissent qu’un onguent, le regard clair de vos yeux si doux.
J’aurais voulu être lâche et me cacher pour ne point vous quitter, mais c’est de votre regard dont j’avais le plus peur, j’avais peur d’y voir un reproche qui m’aurait tué plus sûrement qu’une lame sarrasine.
Pendant ces années de guerre, une seule peur hantait mes nuits. Mourir sans avoir pu poser une dernière foi mes lèvres sur votre peau au goût si suave, sentir votre doute avant de vous blottir et de vous abandonner sur mon épaule, espérer votre alarme quand une jouvencelle attire mon regard, voir votre sourire quand je travesti la vérité, me sentir coupable quand vous me boudez, recevoir comme un serment d’amour une simple caresse de votre main si légère sur ma joue râpeuse, caresser de mes rudes mains vos cheveux si fins.
Ma douce, ma mie, mon souffle de vie, il est des endroits en terre sainte au milieu de nulle part où coule des sources d’eau claire que l’on appelle oasis. Ces lieux sont si rares qu’ils nous les font espérer tant la soif nous torturait, mais jamais aucune oasis n’a étanchée la soif de vous revoir, cet espoir était bien plus fort que toutes les méchantes soifs qui me firent souffrir mile morts.
On m’a dit que vous n’avez point vieillie, quel est donc ce prodige ? Je vous demanderai par pitié pour mon âme de ne voir en moi que l’amour d'un jeune homme qui revient vers vous.
A bientôt à vos pieds.