Malko, je ne sais pas trop ce que tu recherches à jouer "l'avocat du diable" dans ce cas.. soit un "détail textile" qui sans doute perturbe un rien certains acquis coulés dans le marbre de la reconstitution.
Il est vrai (aussi) que bouleverser certains acquis met en lumière que pas mal de monde n'est déjà pas doué pour tenir une aiguille à coudre, on n'ose imaginer si ces mêmes personnes devraient, pour être "histo" se mettre à broder.
Si on revient au sujet de base de ce fil, soit broderie et "petits statuts", je rappelle la "légende urbaine" qui a la vie très dure en reconstitution, soit la "décoration" des vêtements, qui serait UNIQUEMENT chasse gardée du clergé (pas la majorité de la population, ni de l'ensemble du clergé: moines et moniales ont fait voeux de pauvreté...).
OU ces "garnitures" ne seraient (ainsi que la soie...) QUE "chasse gardée" des riches à TRES TRES riches, et encore.. QUE la noblesse.
Et encore.. "pas trop de décos".. surtout au XIIIème! (partout en Europe, en plus...)
Il se fait que, Malko, je rappelle le fil sur les lois somptuaires, les interdits (très descriptifs) font un relevé de ce qui est interdit...et que EN PLUS, ces interdits sont répétés en ritournelle!
Faut-il croire que, en réalité, leur respect était assez...peu suivi?
Dans les textes (il faut le lire, les trouver aussi), on a ainsi des descriptions d'habillement assez stupéfiantes, dont les habits "chics" des bourgeois, des représentants de guilde, etc. Des "notables", certes...mais certainement pas du tout "dépourvus de décos et matières précieuses", loin de là!
Là, j'avoue me régaler avec Chaucer...
"Oui, mais c'est anglais".. parce que le continent était sobre? (et que, accessoirement, la moitié de la France était anglaise à l'époque...)
Il existe des descriptifs vénitiens, plein XIIIème assez hallucinants. "Oui mais c'est Venise, c'est .. particulier".
Admettons.
Florence, Gènes n'étaient pas en reste (oui, mais c'est particulier aux italiens..)
Ben voyons.
Et les look interdits (à moultes reprises) à Montpellier?
aaah.. "particularisme" (encore?) que, en plus, à cette période c'était aragonais...Donc.. toute l'Espagne devient, en déco, "particulière"..
Certaines descriptions de "Joyeuses entrées" dans les Flandres (territoire MA) et Brabant, Hainaut ( territoire MA, pas pauvre.. Phlippa a été mariée au Roi d'Angleterre: on ne lui a pas refilé une smicarde) laissent aussi pantois devant les descriptifs des vêtements des notables => bourgeoisie moyenne.
Encore un "particularisme"?
Là, le "territoire du pas orné-pas brodé sauf statuts plus que spéciaux" se rétrécit comme peau de chagrin.
QUI devient, du coup, "particulier"?
Petit soucis annexe: les guildes de brodeurs (métier masculin comme féminin) se structurent au XIIIème, le siècle de la "non décoration et chasse gardée". Pour une structuration de guilde (Londres, Paris, etc.), il faut qu'il y aie un enjeu économique important, un label de qualité, des débouchés autant "sur place" que à l'exportation, soit un poil plus loin que la ville productrice.
Question 1: QUI achetait, commandait ces produits?
Question 2: QUI et COMMENT apprenait-on le métier qui permettait de fournir une main d'oeuvre pour réaliser les broderies?
(l'entrée en guilde ou dans un atelier réclame un MINIMUM de savoir-faire de qualité...)
=> sur quoi, comment apprenait-on à broder?
NB: SI on est un minimum capable de coudre, on est (aussi) capable de réaliser déjà une "bête broderie" soit un point plus décoratif que la simple couture...
Pas oublier que le MA est basé sur un travail essentiellement MANUEL et que la notion de "rendement" n'est pas DU TOUT la même que aujourd'hui...