Le malheur du gueux fait les grandes armées....
Tout comme Gauvain le Blanc, j'avais environ 16 ans en l'an de disgrâce 1430, lorsque les troupes orangistes ont pillé mon village près d'Anthon, dans le bas Dauphiné. Quelques semaines plus tard, une troupe est venue pour les chasser au nom du roi. Soit. Peu m'importe qu'un roi réclame les cendres de ma maison et mon bétail égorgé. Il y a eu bataille, et nous les manants avons pu donner libre cours à notre courroux en poursuivant et en achevant orangistes et savoyards dans les marais.
Ayant tout perdu, j'ai suivi cette troupe et mon chef, Don Rodrigo de Villandrando, et son lieutenant Don Juan de Salazar, parmi Spaniols, Français, Scots et même Anglois. Voici 30 ans que je campagne pour le roi Charles et son fils Louis. J'ai troqué la première ligne pour la belle solde d'arbalétrier. Il reste toujours assez de butin lorsque les merdeux se sont fait estourbir ou qu'ils râlent dans la poussière. C'est ce qu'on appelle l'expérience...
Je rôde en Dauphiné durant mes loisirs, mais au sud de Grenoble, dans le Trièves. Mes errances me conduisent à Paris en semaine.
La saison de la chasse approche et il paraît qu'un Sanglier est baugé aux Saillants, près de chez moi. Il paraît même qu'il aurait des frères. Il faut que j'aille voir ça, l'épieu à la main, bien sûr.