Bonjour à tous
En tant que participant aux mêlées (mais aussi à des tournois de lice à pied, notamment avec l'Ecole chevaleresque et Entre Bravoure et Sortilèges), je suis d'accord avec ce que pas mal de personnes ici ont dit, et je pense que les solutions théoriques avancées sont toutes très intéressantes mais vont se confronter à un même problème: les moyens de mise en place de ces solutions. Je suis particulièrement d'accord avec le point de vue d'Antoine.
Je ne suis pas dans la reconstitution depuis très longtemps (3 ou 4 ans seulement), mais j'ai participé à quasiment toutes les mêlées et tournois possibles. Et de mon modeste point de vue, le principal problème ne vient pas de l'aval (check des armes, rôle des maréchaux de lice, disparités des éléments de protection...) mais bien de l'AMONT de la mêlée. Je suis à 100% d'accord avec ce qu'a dit Antoine: c'est aux CHEFS DE TROUPES de canaliser leurs hommes. La seule solution est la
prévention.Les comportements dangereux sont liés à plusieurs facteurs:
- la présence de débutants
-la non connaissance ou le non respect du règlement
-ceux qui pensent que la mêlée est un béhourd (je respecte beaucoup le béhourd, mais chaque chose doit rester à sa place)
- Ceux qui pensent qu'ils ne craignent rien ("ouais, moi j'ai fait l'armée j'ai pas peur des bobos, ouais moi j'suis un dur à cuire, ouais moi j'ai fait de la boxe, tkt je risque rien") et qui participent donc sans l'équipement de protection approprié. Mentalité que je trouve totalement puérile.
Concernant tous ces problèmes, ce n'est pas le passage à armes en bois, la séparation des périodes phares du Moyen-Age en différentes mêlées, qui apporteront une solution; un idiot sans protection qui tape comme un sourd blessera aussi avec une épée de bois, et il blessera aussi l'adversaire même si il ne combat que des reconstituteurs de sa période...
Non, la solution ici est le travail en amont.Voyons point par point.
D'abord, pour la participation des "débutants". Je prend le cas de ma compagnie qui m'a entraîné un an avant de me faire participer à une mêlée. Et quand j'ai participé, bien sur, je portais le brassard des débutants. Or, un très grand nombre de compagnies ne s'entraine pas du tout, et considèrent comme débutants leurs membres qui n'ont jamais tenu une épée. Or la mêlée n'est PAS un entrainement, c'est l'aboutissement de celui-ci. Il faut faire clairement comprendre aux chefs de troupes qu'ils ne peuvent raisonnablement pas envoyer des gens (très souvent jeunes, parfois mineurs, et sous-équipés) dans un combat de groupe s'ils ne se sont jamais entrainés ! Bien souvent ça se fait comme ça "bon, pour ta première med, tu vas aller en mêlée, alors voila, tu tiens ton épée comme ça, ton bouclier comme ça et ne fais pas d'estoc. Allez, amuse-toi bien". Le débutant en question va donc se faire remuer, recevoir des coups, des montées d'adrénaline, et c'est là qu'il risque de perdre le contrôle et de blesser/se faire blesser.
> pour ce problème, la seule solution possible est la prévention. Il faut faire comprendre aux gens, principalement aux chefs de troupe, qu'il est totalement insensé d'envoyer au combat quelqu'un qui n'est pas entraîné (et là, gros rappel des risques encourus en cas de blessure... Peut être que c'est de ce genre de rappel qu'ont besoin certains chefs de troupe). Qu'ils comprennent qu'ils doivent entraîner leurs combattants, parfois pendant très longtemps, avant de les juger comme aptes au combat de mêlée. Et c'est là que certains diront "oui mais les jeunes ils veulent s'amuser";"oui mais ne t'en fais pas on s'est entraîné 3 fois ensemble", "oui mais s’entraîner des mois avant de combattre c'est long, ça les démotive...". Eh bien ces membres de troupes doivent réaliser que s'ils veulent la récompense (la mêlée) il faut qu'ils fournissent un effort (l'entrainement). La mêlée n'est pas un sport (pas d'esprit de compétition, du moins en principe), mais une activité sportive; et il parait évident qu'on ne se lance pas dans une activité sportive à risque sans préparation derrière. Et si ces membres refusent de s'entraîner, ou refusent de ne pas participer aux mêlées car ils ne sont pas entraînés, c'est aux chefs de troupes de prendre les mesures: est-ce que ce sont des gens dangereux et impatients que vous voulez comme combattants, pour représenter votre troupe ? Ou des gens qui veulent apprendre, s’entraîner, et mériter ensuite de s'amuser ? A partir de là, eh bien c'est un tri.... Et vous verrez que dans beaucoup de troupes, si les capitaines obligent leurs membres à suivre un "minimum" d'entrainement avant de pouvoir combattre pour de bon, il va y avoir énormément de désertion d'impatients, de gens qui ne venaient que pour se taper dessus... Bref de gens qui n'apportent pas grand chose à une troupe.
Pour la non connaissance ou le non respect du règlement... Ben là, il n'y a malheureusement rien à dire ou à faire. A part peut être spammer les chefs de toutes les troupes du sud de la France avec le dit règlement, l'envoyer dans leur boîte mail, dans leurs boites aux lettres, le placarder à la porte de chez eux, de le mettre sous les essuie-glaces de leurs voitures
Jusqu'à ce qu'ils comprennent que c'est indispensable et une condition obligatoire pour participer aux mêlées. Les chefs de troupe doivent être en mesure de faire apprendre ce règlement à leurs membres. Et si les chefs ne sont pas capables de faire apprendre un règlement de quelques pages, qui a pour vocation la sécurité, à leurs membres, eh bien, ils devraient peut être se demander s'ils sont bien à leur place en tant que capitaine et autorité d'une compagnie...
Pour les combattants qui y vont trop fort, ou se comportent comme en béhourd... Là aussi, c'est de la prévention qu'il faut. Dans les mêlées spectacles, il y a de grands costauds bâtis comme des armoires à glaces, mais il y a aussi des jeunes de 18 ans, des femmes, des personnes assez âgées... Et des équipements disparates. Il faut mettre dans la caboche des plus virulents qu'ils risquent de blesser des gens plus "fragiles" qu'eux, et que leur démonstration de force brute en mêlée n'impressionne personne, et au contraire les fait passer pour des brutes sans cerveau. Le chef de troupe doit bien faire comprendre à ses membres qu'ils ne sont pas là pour blesser autrui. Et si ces dits membres n'entendent pas raison, alors il faut que leur capitaine les réoriente sur une pratique qui leur correspond: le béhourd. Et là, les gros malins qui bourrinent en mêlée, ils vont se faire rouler dessus par des vrais costauds qui en veulent, et vont comprendre ce que ressentaient ceux sur qui ils se défoulaient en mêlée. Et probablement tirer des leçons de l'expérience. Dans tous les cas, un capitaine doit pouvoir juger si ses combattants sont sérieux, prudents, ont de bons réflexes, et savent maîtriser leur force. C'est indispensable.
Pour les "durs à cuire" qui pensent qu'ils n'ont pas besoin de telle protection, que des gants de cuir non rembourré suffisent, qu'un camail suffit parce qu'ils ont la tête dure... Bref, qui se prennent pour Conan le barbare, et bien là, il n'y a rien à dire... On est en droit de se demander s'ils ont bien toutes leurs capacité mentales. Et là aussi, c'est au capitaine d'intervenir et de les empêcher de participer s'il juge qu'ils ne sont pas assez protégés. Le chef de troupe (président) est le responsable de sa troupe; si un de ses membres fait une connerie, c'est lui qui morfle... Alors laisser combattre un bourrin, sans protections appropriées et sans entrainement, c'est juste suicidaire pour la troupe entière. A lui de voir, est-ce qu'il veut faire plaisir à son pote, ou est-ce qu'il veut se montrer ferme et empêcher un membre de combattre afin de ne pas mettre en danger l'avenir de sa troupe (et la sécurité des gens) ?
Voila, pour résumer, le maître mot est prévention, et cela passe par les chefs de compagnie uniquement. Je sais qu'il est parfois difficile de refuser à un bon copain de participer parce qu'il n'a pas un équipement adéquat, qu'il est difficile d'empêcher le jeune nouveau qui ne s'est jamais entraîné de participer, qu'il est difficile d'expliquer à quelqu'un que c'est un gros bourrin sans le vexer... Le chef de troupe se sentira parfois coupable, aura l'impression d'être vu comme le "méchant" de l'histoire, mais au fond de lui, il saura qu'il a fait le bon choix, même s'il a été difficile, et il ne regrettera pas ce choix. Et puis ça fait partie des attributions, des devoirs d'un chef, que de parfois déplaire à certains de ses membres pour la sécurité de tous.
Mais reste un gros problème... Quels sont les moyens possibles de cette prévention ???!!!
Eh ben je n'en sais rien
Peut être qu'un rappel ( plus ou moins bref) à la réunion des capitaines de ces points importants (débutants, bourrins, équipement inapproprié) ainsi que du règlement de mêlée et des
risques encourus par les chefs de troupes (le bâton, s'il n'y a que ça pour les motiver à intervenir au sein de leurs propres troupes...) fonctionnerait... Je n'en sais rien. Mais le fait est que c'est la responsabilisation des chefs de compagnie qui entraînera une responsabilisation de tous les combattants, et donc une évolution progressive vers des mêlées plus sures... Si les chefs comprennent l'importance de l'entrainement, de la tempérance, du respect des règles (des valeurs très chevaleresques au final), leurs combattants seront débarrassés des mauvais éléments, et les mêlées n'en seront que beaucoup plus sécurisées.
Une fois réglés ces problèmes en amont, on peut ensuite se pencher sur l'aval... Check des armes, séparation des différentes époques, etc
Voila mon humble avis, et désolé pour le très long pâté de texte