A mon humble avis - évidemment, totalement perso - le pire, avec Eodhel, c'est qu'elle n'a pas toujours tort... Non, le pire - pour moi, et comme tu l'as bien perçu et souligné, Drapier - serait de s'enfermer dans une tour d'ivoire (et j'efface tout qualificatif aussi désagréable que dévastateur) ; dans un bastion emmuré de toute part avec de méchantes briques, faites de vanité apeurée - fût-elle honorable par ailleurs, et d'amertume ; le pire serait de ne plus partager qu'avec des initiés - acceptés, appréciés et servis à l'aune de leur inféodation.
Je t'assure, Drapier, qu'il ne s'agit pas vraiment d'une critique personnelle envers qui que ce soit, encore moins d'une attaque
ad hominem. J'en suis bien loin et, en outre, le mécanisme que tu décris est malheureusement trop répandu - il n'affecte pas que nos communautés méds, loin de là. C'est un principe particulier, et qui me déplaît. Pour revenir à notre microcosme : sur GSM et GMA, même si certaines sections sont réservées aux membres inscrits, et non sans raison, l'essentiel de l'information est ouvert à tous. Largement assez pour concrétiser une envie, trouver des pistes, établir des contacts, etc. Passer le premier seuil, apprendre, développer, participer, franchir un second cap, grandir.
Si d'autres optent pour des postures différentes, plus élitistes, est-ce vraiment notre problème et celui d'une immense majorité ? On peut le déplorer au cas par cas, mais pour nous, GSM, GMA, et beaucoup d'autres, plus petits de taille mais animés par le même désir, nous qui tenons la porte à ceux qui veulent entrer, en quoi cela serait-il une préoccupation ? On peut vraiment le déplorer quand il s'agit de personnes qui mettraient bien mieux leurs - indiscutables - talents au service du plus grand nombre, mais les choses vont parfois ainsi... Quant aux avanies indirectes, laisse-moi esquisser un début de sourire. Je sais trop bien en quoi, au fond et dans la forme, l'historicité est sujette à caution, de part et d'autre. J'ai pris trop souvent en défaut flagrant le support dont tu parles - et j'accepte bien l'idée que l'inverse soit totalement vrai. Ce qui est navrant, c'est l'absence de dialogue et de coopération. Sans parler des animosités évidentes. Mais, encore une fois, laissons vivre chacun.
Toutefois, j'observe que :
1) le nouveau-venu, le non-initié, a bien plus à gagner en s'informant sans détour sur l'objet de sa quête, sans avoir à en apprendre sur des enfantillages - des futilités d'arrière-cour, sans vrai passé qu'il faille connaître et sans lendemain qui vaille la moindre peine d'imaginer - à moins qu'on ne cherche qu'à décourager icelui ;
2) de même, le "mieux connaisseur" n'a que faire de petites recettes assassines - sauf intérêt particulier pour l'empoisonnement, et goût du sordide ;
3) de vrais talents sont gâchés, par crainte et par colère, pour des raisons qui me paraissent absurdes - et ici je parle, entre autres,
ad hominem ;
4) les gens sont rarement sots à vie, notamment ceux qui participent au forum que tu mentionnes, mais qui aussi contribuent beaucoup ici et ailleurs. J'en profite pour les saluer amicalement, même s'ils gratouillent un peu parfois (ah, d'autant plus qu'ils gratouillent mais c'est une autre affaire...) Je les salue sans donner dans l'angélisme, non plus. Idem de leur côté, je sais bien. Mais je trouve une grande - et vitale - différence entre le désaccord argumenté, vivant, fructueux, et l'exclusion, l'absence de dialogue, sans parler de l'invective indirecte. D'ailleurs, que ce soit clair : tout ceci ne tient en rien de l'invective, même si je peux parfois manier l'ironie, ou juste porter un regard assez distant. Pour être très clair : je peux parler à Eodhel, et ce serait réciproque si elle le souhaitait. Ceci posé, elle fait les choix qu'elle veut, elle ferme son intelligence comme elle le souhaite, et c'est la vie, point. En tant qu'observateur, je revendique le droit de critiquer ces choix (surtout ne pas m'enlever ça, je peux partir très vite et ça fait très mal), mais je n'ai aucune animosité à son égard. Un sentiment de malaise, une sorte de tristesse partagée sans en avoir jamais parlé, peut-être. Je pourrais comprendre certaines de ses attitudes mais, franchement, je les déplore. Encore une fois, sans angélisme - je suis trop vieux pour avoir encore quelque illusion sur la nature humaine. Et encore assez jeune pour souhaiter l'influencer de façon honnête, quand cela s'y prête. Cela dit, je ne ressens pas de hâte particulière dans ce cas précis, et là je dois être représentatif de la plupart des médiévistes, du débutant à l'expert.
En bref, on s'en tape un peu.
Mais à ceux qui choisissent définitivement l'entre-soi, j'ai un souhait à soumettre : de grâce, que jusqu'à la période idoine, seul le latin soit de mise chez vous - il faut assumer certains choix. A première lecture, c'est une plaisanterie, mais je ne me moque pas. Ce serait un développement logique et réellement intéressant. Innovant, même. Non, sérieux. Je ne plaisante pas. Là, dans ce vrai désir d'authenticité, dans une démarche d'une totale honnêteté, je pourrais commencer à aimer cette tour d'ivoire. Si tant est qu'elle s'ouvrît au monde, comme étaient ouverts nos anciens lieux de passation du savoir. A l'origine, tout érudit est un abruti comme un autre, hormis qu'il veuille apprendre, non ?
