Un truc (si ce n'était que un truc...) me laisse perplexe par rapport aux gens qui abordent le MA et la reconz: c'est cette vue caricaturale d'une société, effectivement tripartite, un roi et la classe des nobles (forcément mort blindés de tunes), un clergé (forcément plein de sous, sauf les moines), les ploucs fauchés de fauchés qui turbinent (crèvent la dalle, etc...) assimilés systématiquement à des serfs.
Restes des cours d'histoire scolaire? (bon, le MA est souvent balayé en une leçon et les profs font ce qu'ils peuvent)
Imaginaire archétypal sur le MA?
Les villes, datant des gaulois (et oui), puis romaines, se sont conservées pendant les périodes des grandes invasions (pas de la même façon que "avant"), ont persistés (ou pas toujours, ou d'autres se sont crées) période mérovingienne, puis carolingienne... et se développent pendant le MA, drainant, entre autres, l'explosion démographique post An Mil.
XII et XIIIème, début XIVème, c'est la période d'or du MA, avec la naissance et l'explosion de la bourgeoisie, force avec laquelle les nobles devront compter (les rois aussi, au passage...) et c'est une partie non négligeable de ce moteur du MA qu'on oublie en reconstitution!
La simple lecture du fameux "livre des métiers" démontre de façon éclatante la foultitude de boulots, d'emplois (et de débouchés pour les productions!), et ce ne sont que les "métiers"! Il existait des tas d'autres boulots ne faisant pas partie d'un "métier".
1/ Tous les nobles n'étaient pas fabuleusement riches! Il en existait un paquet de solides fauchés.... la famille Hauteville est un exemple, dont certains descendants se sont taillés une belle carrière, pas en France. Certains nobles peuvent être aussi fauchés que leurs paysans.
2/ les chevaliers n'étaient pas toujours très riches (et même souvent assez fauchés...)
3/ le roi n'était pas forcément le plus fortuné. Il ne devait son "rang" que grâce à des liens de suzerain à vassaux... lesquels pouvaient être mieux nantis. Ce sont les miens humains, pas de pognon.
Clergé:
1/ NORMALEMENT.... le clergé n'est pas sensé avoir une fortune personnelle...
2/ Oui, le haut clergé représentant l'Eglise sera richement habillé, mais ne passe pas non plus son temps avec aube etc...Ils s'habillent aussi en civil.
3/ le petit clergé: cela va dépendre....il est des paroisses plus "rentables" que d'autres.
4/ les abbayes... XIIIème: on a le courant "rejoindre l'humilité du Christ" (franciscains par ex) > < rien n'est trop beau plus le Christ.
Une hiérarchie vestimentaire s'installe quand même....l'abbé aura de meilleurs textiles que le dernier des frères convers.
"Le reste"....
Le trousseau de base d'admission en léproserie, étudié pour que ce "détail" n'entrave pas l'entrée en ces lieux montre que le plus simple des péons de base était capable de posséder un trousseau prévoyant du change! On est loin du tas de guenilles et quelques hardes.
On oublie (curieusement) que les gens adaptent leurs tenues en fonction de leur activité, qu'on soit noble, bourgeois, paysan, gens d'église!
Gros doutes que les travaux crasseux (boucher, travail à la mine, forgeron, travail paysan, ...) exigent, dans un MA sourcilleux de la propreté, que le boucher (par ex.) passe sa vie, y compris à la maison et le dimanche à l'église dans des fringues sanglantes!
Par contre (voir Sophie Jolivet): très grosses consommations de vêtements de TOILE (toile = textiles végétaux....je garantis que cela se lave et sèche plus vite que le bon drap de laine!), et pas forcément "écrus".
A toute fins utiles, et à moins que TOUS les teinturiers actuels, y compris universitaires, soient de pures andouilles incompétent(e)s: le lin se teint plus facilement que le coton!
Donc: on s'habille suivant les circonstances.... et/ou on accessoirise l'équivalent de "la petite robe noire" avec des ceintures, des aumônières, des coiffes (les grandes cornettes dans les champs par grands vents, on oublie; les grands voiles ne sont pas très sécures pour tout un tas de boulot: bonjour les accidents du travail!). On accessoirise en fonction de ses moyens (quoique réaliser une crépine de base n'est pas le diable), de sa coquetterie, du "cadeau offert" (donc les ceintures et aumônières), de son envie de flamber ses sous dans un très joli objet textile...
Exact que en fouilles, on est déjà content de trouver des traces de fibre végétale!
Exact aussi que leur état permet pas très souvent de l'identifier: lin? chanvre? coton? ortie?
Filet ou crépine en laine: il y en a une très belle, mais scandinave et pas MA (et en sprang).
Il existe aussi de superbe filets à cheveux en Egypte ancienne... pas méd'.....technique du sprang.
Pour les raffinées: crépines en fil d'argent ou or (ou les 2), brodées ET emperlouzeés...
Là-dessus, la dame noble qui chasse à courre, je doute qu'elle galope dans les taillis avec des crépines en fil de soie, or, et flonflons... (ou elle a vraiment très très beaucoup de sous!)
PS: comme actuellement, les dames étaient ou pas gâtées par la nature niveau capillaire.. Bilan: oui, les postiches existaient déjà!