Le jeu de table étant la base pour les autres, je les ai classé par ordre chronologique
Le Jeu de TOUTE - TABLE : Jeu de hasars raisonné XIII ème

Jeu de table, os, XIIème siècle - Unité d'archéologie de Saint Denis : inv 1837436

Livre des Jeu dés et table d'Alphonse X le Sage 1283
F77V
RÈGLE
Le toute-table se joue sur un tablier de trictrac.
Chacun des deux joueurs dispose de quinze dames placées au départ dans les quatre parties du tablier selon les positions indiquées sur le dia¬gramme.
Le tablier est orienté de la façon classique (petit jan à l'ouest quand le tablier est orienté nord-sud).
Les deux dames sur les flèches les plus à l'ouest sont les dames de tête, elles indiquent le départ du parcours.
Les joueurs utilisent deux dés, dont les indications servent à faire avancer les dames selon les règles classiques : en décomposant les points pour faire avancer deux dames ou en les additionnant pour en faire avancer une seule. Les doublets sont joués doublement.
Une première phase du jeu consiste pour les joueurs à faire parvenir toutes leurs dames dans le petit jan. La deuxième phase commence quand toutes les dames sont dans cet endroit en effectuant leur sortie par un nombre juste - en décomposant les chiffres portés sur les dés et en choisissant les dames convenables.
Une flèche peut porter autant de darnes de la même couleur que l'on veut.
Quand la dame d'un joueur parvient sur une flèche où se trouve une dame adverse, cette dernière est battue, c'est-à-dire sortie du jeu.
Il est possible de battre en passant et éventuellement de sortir ainsi deux dames d'un même coup, si les deux points des dés ont fait rencontrer des dames adverses isolées. La dame devra être réintroduite.
Un joueur ne peut jouer à l'intérieur du jeu s'il a une ou plusieurs dames battues en attente, il doit les rentrer d'abord.
Cette rentrée a lieu quand l'arrivée se fait sur une flèche vide, sur une flèche comportant une ou plusieurs dames de la même couleur, ou sur une flèche portant une dame adverse isolée, auquel cas elle est battue à son tour et sortie.
Le premier joueur à sortir toutes ses pièces est gagnant.
OBSERVATIONS
Le toute-table est l'ancêtre direct du backgammon, avec une disposition inverse des dames au départ et la réunion de toutes les dames dans le petit jan avant de les faire sortir.
Le perfectionnement du backgammon intervient dans le décompte des points.
Le jeu est présent dans le manuscrit d' Alphonse X le Sage (Todas tablas) F77V. La disposition des dames au départ est la même que celle du nard, ce qui peut expliquer l'ancienneté du jeu.
Lebrun présente le jeu sous le titre «Jeu de Gammon ou Toutes-Tables » .Il emploie égaie¬ment le nom de backgammon.
LE JEU DE JACQUET : Jeu de hasard raisonné Espagne ou France début du XVIème

RÈGLE
Dans le jacquet, les deux joueurs placent toutes leurs pièces sur une seule flèche, dans leur coin gauche (autrefois, elles étaient dans le coin gauche de l'adversaire). Sur le mode classique, le déplacement des pièces suit le jet des dés: deux pièces en fonction des points des deux dés, éventuellement une pièce en deux temps selon les deux points. À chaque fois, les arrivées doivent être marquées sur des cases libres de pièces adverses. Un doublet permet de jouer quatre fois le point. Les pièces des deux joueurs se déplacent dans le même sens - contraire à celui des aiguilles d'une montre.
La particularité du jacquet réside dans l'obligation pour chaque joueur d'amener en premier lieu une de ses pièces dans le dernier quart du tableau. Cette pièce, le «postillon », se pose sur l'extrémité des flèches. Une fois le postillon arrivé là, le joueur pourra faire progresser les autres pièces. Il doit toutes les conduire dans le dernier quart avant d'envisager leur sortie. Celles-ci n'exigent pas un jet de dés avec le nombre de points juste. Quand les points dépassent, il est possible d'utiliser le reste pour faire progresser d'autres pièces vers la sortie. Le gagnant est le premier qui a fait sortir toutes ses pièces.
OBSERVATIONS
Comme cela se produit souvent, le nom du jeu pose problème. Jacqueline Picoche, dans son Dictionnaire étymologique, le fait dériver de l'anglais jockey parce qu'il est mené par un « postillon» ; mais Murray se demande si le jeu ne serait pas du même type que le jacina mentionné par Cardan - jeu pratiqué, il est vrai, avec trois dés. Ce grand érudit ne tranche pas entre une origine espagnole ou française.
Avec sa pièce privilégiée, le postillon, le jacquet aurait-il à voir avec une forme ancienne du nard, dont la série des pièces aurait comporté un roi ? Quoi qu'il en soit, dans la lignée du trictrac, deux jeux s'épanouissent au XIXC siècle: le gammon, qui devient rapidement le backgammon, en Angleterre, et le jacquet en France. En 1827, Lebrun présente le jeu qui est encore ignoré par d'autres académies (Van Tenac et Bonneveine, première édition en 1865). Il faut attendre la fin du siècle pour voir le jacquet faire partie du patrimoine français. Le jacquet prélente une évolution du revertier. Il faut la croire riche de séduction car elle connaîtra une belle audience pendant plus d'un siècle, avant que le backgammon, de retour des États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, le détrône.
LE JEU DE BACKGAMMON : jeu de hasard raisonné, Angleterre XVIIème siècle

RÈGLE
Sur le diagramme des douze lignes, les quinze pions sont placés au départ selon la figure. La progression s'effectue selon l’indication de deux dés : deux pions en prenant chacun le point d'un dé ; un pion en deux sauts selon les points, à condition que chacun tombe sur une flèche libre ; les doublets sont joués quatre fois; un doublet de 3 représente 12 points.
Une flèche portant un seul pion s'appelle un «blot », celui-ci peut être capturé. Il est alors sorti du jeu et placé sur la barre centrale.
Pour le rentrer, le joueur doit faire un point convenable, c'est-à-dire un point portant le pion sur une flèche libre ou ne comportant qu'un seul pion, lequel sera sorti du jeu dans les mêmes conditions. Une flèche ne peut recevoir plus de cinq pions de la même couleur.
Dans un premier temps, le joueur doit conduire tous ses pions dans son grand jan (côté à l'est quand le tablier est orienté nord-sud), puis il les fait sortir (sur le schéma les noirs circulent dans le sens des aiguilles d'une montre et les blancs en sens inverse).
La s0rtie s'effectue par un nombre juste, en décomposant les chiffres portés sur les dés et en choisissant les dames convenables.
Si une sortie n'est pas possible, on fait avancer un pion de la flèche la plus éloignée du bord, du nombre de points considéré. Il est alors possible que cette pièce sorte, il est possible aussi que la dame avance seulement à l'intérieur du jan.
Un dé particulier, le « videau », sert il indiquer la force des enjeux ; ceux-ci peuvent en effet être multipliés par 2, 4,8, 16,32,64.
Ce petit cube est posé sur la table entre les joueurs qui peuvent l'utiliser à tout moment avant de lancer leur dé.
Si le joueur accepte le doublement, il conserve la maîtrise du videau et lui seul pourra éventuellement redoubler. A ce moment son adversaire pourra pousser l'enchère de la même manière.
Si le joueur refuse un doublement, il accepte en quelque sorte sa défaite et paie le montant indiqué sur le dé à ce moment-là.
Les gains simples sont les suivants :
- l'adversaire a sorti un ou plusieurs pions = 1 point
- l'adversaire n'a sorti aucun pion = 2 points
- l'adversaire a encore un pion capturé ou se trouvant sur une des six premières flèches = 3 points.
ORIGINE
Le backgammon se situe dans la lignée du jeu du trictrac. Il est, d'une façon plus lointaine, un descendant des douze lignes romain et du nard perse. Le nom anglais apparaît au XVIIIe siècle.
Il s'agit toujours de faire parcourir aux pièces un circuit sur la table marquée de 2 X 12 lignes ou flèches.
Ce jeu dérive directement du jeu du toute-table, «un jeu moins embarrassant que le trictrac", dit¬-t-on au XVIIIe siècle.
IL s’appelle toute-table parce que les pièces sont placées au départ sur les quatre parties du tableau. Ce placement d'origine est aujourd'hui inversé dans le backgammon.
Le principe est le même sauf que la victoire au toute¬-table revient au joueur qui sort le premier toutes ses dames - au backgammon elle s'évalue en points.
Lebrun semble être le premier en France à utiliser le terme: «Le nom de toute-tables était autre¬fois, en France, la dénomination de ce jeu, mais le titre de gammon, ou back-gammon, l'a remplacé: ce dernier nous vient des Anglais, chez lesquels ce jeu est très usité: c’est là leur trictrac, car ils ne jouent pas le nôtre. »
OBSERVATIONS
L'innovation apportée par l'utilisation du videau est à l'origine de la vogue actuelle du backgammon; celle-ci est telle depuis les années 70 que de nombreux ouvrages lui sont consacrés. Comme pour le bridge et les échecs, il existe des méthodes d'entraînement plus ou moins sophistiquées ainsi que des programmes d'ordinateurs pour y jouer; l'un d'eux a réussi à battre le champion du monde en titre en juillet 1979.
Tous les textes sont tirés du "Dictionnaires des Jeux de Société" de J.Marie LHOTE.
Par rapport à la datation des jeux, je pense que seul le jeu de Toute-Table pourrait être présentè en animation, car c'est le seul à être médiéval.
Je n'ai pas parlé du Tric-Trac car selon J. Marie LHOTE, il date du début du XVIème siècle